CITE DU VATICAN, Jeudi 3 mai 2001 (ZENIT.org) – Une « déclaration conjointe » entre catholiques et orthodoxes devrait être signée, et ensuite lue à Athènes, lors de la cérémonie qui se déroulera demain, 4 mai, à partir de 18 h 30, heure locale (17 h 30, heure de Rome) à l´Aréopage. C´est, avec la demande de pardon que le pape présentera, le moment le plus important de ce « pèlerinage jubilaire » de Jean-Paul II sur les pas de Saint Paul. L´événement sera salué par le chant de l´Alléluia de Haendel.
Et l´icône de l´Apôtre Paul présidera solennellement à l´événement. L´Aréopage (Mont d´Arès), qui tire son nom du dieu de la guerre dans la mythologie grecque, « Arès », deviendra ainsi le symbole de la paix entre chrétiens, après les divisions datant de 1054 (schisme) et de 1204 (IVe croisade, prise de Constantinople par les croisés, division de la Grèce en 4 royaumes). Dans l´antique Cité, situé sur une colline rocheuse, l´Aréopage était le siège du tribunal – qui avait aussi des compétences politiques -. Mais c´est surtout le lieu « paulinien » par excellence à Athènes, puisque l´Apôtre des Nations y tint on fameux discours (Actes des Apôtres, ch. 17, vv. 16-33). Jean-Paul II y voit un témoignage décisif de la rencontre de l´Evangile avec les cultures, la philosophie, la rencontre de la Foi et de la Raison.
La cérémonie se déroulera sur ce promontoire rocheux où pourront accéder une centaine de participants. Le lieu dépend de la juridiction de l´Eglise orthodoxe grecque. L´archevêque d´Athènes, Primat de Grèce, Christodoulos, fera exposer là une précieuse icône représentant l´Apôtre saint Paul. Certaines personnalités civiles et politiques seront présentes à la cérémonie, ainsi que des membres du Corps diplomatique. Le document a été préparé par des experts des deux Eglises. Le pape le signera auparavant, lors de sa visite au patriarcat orthodoxe, (13 h 30, soit 12 h 30 à Rome).
La cérémonie de l´Aréopage se déroulera en six moments:
-Accueil du pape par l´archevêque Christodoulos
-Exécution d´un morceau de musique classique
-Vénération de l´icône de saint Paul
-Lecture des Actes des Apôtres en grec et en anglais (Ac 17, 22-34)
-Lecture de la Déclaration conjointe
-Chant final de l´Alléluia de Haendel
Les échos de la presse insistant, comme le soulignait hier à Radio Vatican l´archevêque catholique d´Athènes, Mgr Nikolaos Foscolos, sur les franges les plus « fondamentalistes » du monde orthodoxe, ne laissaient pas entrevoir la possibilité d´une telle avancée.
Si la venue du pape a en effet rencontré certaines résistances dans le clergé et chez les moines orthodoxes, elle semble cependant être accueillie plus favorablement dans l´opinion publique. Un marchand de légumes, interrogé par la télévision italienne, au pied du Mont Athos, disait pour sa part être heureux de la venue du pape: « Si les Chrétiens s´unissaient, ce serait vraiment bien », ajoutait-il.
C´est le 7 mars dernier que la venue du pape recevait l´accord du saint synode grec à l´unanimité. Cette décision avait été préparée après des déclarations favorables de l´archevêque Christodoulos Christos Paraskevaïdis. Rappelons aussi que le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier s´est dit favorable à cette visite de Jean-Paul II.
Lors de sa visite au patriarcat orthodoxe, le pape sera donc accueilli par l´archevêque Christodoulos et aura une rencontre privée avec lui, avant la présentation de leurs collaborateurs respectifs, et le traditionnel échange de dons, qui sera suivi d´un discours de l´archevêque et d´un discours du pape. Tous deux signeront ensuite la « déclaration conjointe » qui sera lue plus tard solennellement à l´Aréopage.
L´archevêque orthodoxe est né en 1939. Il a fait ses vœux monastiques en 1961, et a reçu l´ordination sacerdotale en 1965. Il a été consacré évêque en 1974, est devenu archevêque de Dimitrias (1974-1998) et a été responsable des Relations œcuméniques de l´Eglise orthodoxe grecque (1985-1998). Il a été élu archevêque le 28 avril 1998.
Or, la préparation du pèlerinage du pape laissait difficilement entrevoir une issue aussi positive, également en raison du refus de la part des autorités orthodoxes de recevoir dans la suite du pape S.B.Ignace Moussa I Daoud, Préfet de la congrégation romaine pour les Eglises orientales catholiques, que le pape a créé cardinal lors du dernier consistoire, le 21 février. Le motif de ce refus? Le cardinal Daoud, Syrien, est un catholique oriental, c´est-à-dire de l´Eglise gréco-catholique, attachée à Rome.
En revanche le cardinal Daoud sera le bienvenu en Syrie, non seulement parce qu´il est Syrien, mais parce qu´en Syrie, les relations entre chrétiens catholiques et orthodoxes ne comportent pas ces exclusions: les relations entre chrétiens seront en effet la principale caractéristique de l´étape syrienne de ce pèlerinage sur les pas de saint Paul, à Damas, comme le pape le soulignait lui-même hier lors de l´audience générale.
Le cardinal Daoud est né à Homs en 1930, il a été ordonné prêtre en 1954 avant de poursuivre des études de Droit canon à Rome, au Latran. Il est devenu évêque du Caire puis archevêque de Homs. Elu patriarche par le saint synode catholique d´Antioche le 13 octobre 1998 et a reçu du pape la « ecclesiastica communio » le 20 octobre suivant. Le pape Jean-Paul II l´a nommé Préfet de la congrégation pour les Eglises orientales catholiques le 25 novembre 2000.