Du fléau des abus sexuels à l’urgence migratoire en Europe, du prochain synode sur la famille à l’objection de conscience, en passant par la paix en Colombie, son désir de visiter la Chine, le rôle des femmes dans l’Église, le pape François a répondu aux journalistes sur le vol de retour de Philadelphie vers Rome, pendant quelque 50 minutes.
Voici notre traduction du texte publié par Radio Vatican.
« J’ai été surpris par la chaleur de la population », dit le pape : « J’ai été frappé par la bonté, l’accueil » pendant les cérémonies religieuses et aussi « par la piété, la religiosité », on « voyait les personnes prier et cela m’a beaucoup frappé ».
Le pape a aussi fait observer qu’il n’y avait eu aucune « provocation » : pour lui, le défi de l’Église aux États-Unis est d’accompagner « le peuple dans la joie et dans les moments durs, de difficulté, quand le travail manque, quand la maladie est là », d’être « proche des personnes, proche du peuple des États-Unis », « pas une Église détachée du peuple, non. Proche, proche. Et c’est un défi que l’Église des États-Unis a bien compris ».
Voici la première réponse, sur les abus sexuels : nous avons publié l’allocution du pape devant des victimes et sa réflexion partagée avec les évêques et cardinaux présents à Philadelphie 2015.
Les abus sexuels sont un « sacrilège », ne plus jamais les couvrir.
Le pape François a répondu à une question sur les abus sexuels perpétrés par des membres du clergé. Il a mis l’accent sur la « grande tribulation » qui a frappé l’épiscopat américain auquel il s’est adressé à Washington. Beaucoup d’entre eux, a-t-il précisé, « ont souffert » de cette « chose horrible », « des hommes d’Église, de prière, de véritables pasteurs ». Par conséquent, il redit avec des mots sans équivoque combien ces abus sont graves, « un sacrilège ». Quand « un prêtre commet un abus, déclare-t-il, c’est très grave, parce que la vocation du prêtre est de faire grandir cet enfant » vers « l’amour de Dieu, vers la maturité affective, vers le bien » et, au lieu de faire cela, il le détruit.
« C’est pour cette raison que c’est quasiment un sacrilège. Et lui, il a trahi sa vocation, l’appel du Seigneur. C’est pourquoi l’Église, en ce moment, est ferme sur ceci : il ne faut pas le couvrir, ceux qui ont couvert ces choses sont coupables ! Et certains évêques ont couvert cela ! C’est quelque chose de terrible. Et les paroles de réconfort ne consistent pas à dire : "Mais, garde le silence, ce n’est rien !" Non, non, non ! C’est arrivé, mais : "Cela a dû être terrible et j’imagine que vous avez beaucoup pleuré" : c’est dans ce sens qu’il faut parler. Et aujourd’hui, j’ai été dur. »
Comprendre ceux qui ne parviennent pas à pardonner les abus
Le pape François parle aussi du pardon dans ces situations dramatiques. En ce qui concerne les prêtres qui ne demandent pas pardon pour leurs crimes, le pape souligne que si « un prêtre est fermé au pardon, il ne le reçoit pas parce qu’il a fermé la porte à clé de l’intérieur, et tout ce qui reste à faire, c’est de prier pour que le Seigneur ouvre cette porte ». « Je les comprends, affirme-t-il, je prie pour eux et je ne les juge pas. Je ne les juge pas, je prie pour eux ». Une fois, confie-t-il, j’ai rencontré plusieurs personnes et une dame m’a dit : « Quand ma mère a appris qu’on avait abusé de moi, elle a blasphémé contre Dieu, elle a perdu la foi et elle est morte athée. » « Je comprends cette femme, ajoute le pape, je la comprends. Et Dieu qui est meilleur que moi la comprend. »
Avec une traduction de Constance Roques