Dans l’Eglise, pas de jalousie qui tienne, car celui qui « aime », n’est pas « absolument dépourvu » des charismes des autres, déclare le P. Cantalamessa : « La charité transforme le charisme de l’un en charisme pour tous ».
Le P. Raniero Cantalamessa, ofmcap., prédicateur de la Maison pontificale, a prononcé sa deuxième prédication de carême, ce vendredi 21 mars 2014, dans la chapelle Redemptoris Mater du Vatican.
Poursuivant ses méditations sur le thème "Sur les épaules de géants - Les grandes vérités de notre foi contemplées avec les Pères de l'Eglise Latine", il s’est penché sur l’ecclésiologie de saint Augustin et son éclairage aujourd’hui pour la vie concrète des croyants.
Dans la vision d’Augustin, l’unité de l’Eglise a des conséquences telles, que les chrétiens n’ont « plus de raison de [se] regarder avec envie et jalousie les uns les autres », a-t-il fait observer.
En effet, « ce que je n’ai pas et que les autres ont, est aussi à moi » : « Dans le corps humain, seul l’œil a le privilège de la vue. Mais est-ce pour lui seul qu’il voit ? N’est-ce pas tout le corps qui en bénéficie ? Seule la main agit, mais est-ce pour elle seule qu’elle agit ? Si une pierre s’apprête à frapper l’œil, la main reste-t-elle immobile, se disant que de toute façon le coup n’est pas dirigé contre elle ? La même chose arrive au corps du Christ : ce que chaque membre est et fait, il est et le fait pour tous ! »
Celui qui « aime », n’est pas « absolument dépourvu » des charismes des autres, a poursuivi le P. Cantalamessa, citant Augustin : « Si tu tiens par le cœur à l’ensemble de l’Eglise, tu partages avec ceux qui les possèdent les dons de l’Esprit de Dieu. Ne sois point envieux : tout ce que je possède t’appartient. Je ne veux moi-même nourrir aucun sentiment de jalousie, car ce que tu possèdes est à moi ».
Ainsi, le baptisé est appelé à « aimer l’Eglise, ou la communauté à laquelle [il] appartient » et, « dans l’union, tous les charismes [lui] appartiennent, pas seulement quelques-uns ». Et il peut affirmer, comme saint Augustin : « Bien sûr que je parle toutes les langues ! Car j’appartiens à ce corps, l’Eglise, qui parle toutes les langues et dans toutes les langues annonce les grandes œuvres de Dieu. »
Mieux encore, a ajouté le P. Cantalamessa : « Si tu aimes l’unité plus que je ne l’aime moi, le charisme que je possède t’appartient plus qu’à moi. Supposons que j’aie le charisme d’évangéliser ; je peux m’en réjouir ou m’en vanter, mais alors je deviens "une cymbale retentissante" (1 Co 13,1); mon charisme « ne me sert à rien », alors qu’à celui qui écoute, il lui sert toujours, malgré mon péché ».
« La charité multiplie vraiment les charismes ; elle transforme le charisme de l’un en charisme pour tous », a-t-il souligné, estimant que quand les chrétiens « appliqueront cette vérité » non seulement « aux relations à l’intérieur » de leur Eglise, mais également « aux liens qui unissent une Eglise chrétienne à une autre », ce jour-là « l’unité des chrétiens sera pratiquement un fait accompli ».