ROME, Vendredi 3 septembre 2010 (ZENIT.org) - Des villages chrétiens et hindous ont été inondés intentionnellement, déplore l'agence vaticane Fides dont les révélations sont aujourd'hui confirmées.

C'est un phénomène qui ajoute de la souffrance et de la frustration à la tragédie des inondations: les villages pauvres, dont beaucoup habités par des citoyens chrétiens et hindous, sont inondés intentionnellement. Le flux des inondations est en effet dévié artificiellement par des digues et des barrières érigées pour sauver les terres de notables et de grands propriétaires. La dénonciation, lancée par l'Agence Fides il y a deux jours (cf. Fides 31/8/2010) trouve aujourd'hui de nouvelles confirmations dans d'autres épisodes que les ONG engagées sur le terrain continuent à signaler à Fides, ainsi que dans les remontrances exprimées par des intellectuels et diplomates au Pakistan. Comme le rapportent les grands réseaux de l'information internationale, Abdullah Hussain Haroon, Ambassadeur du Pakistan aux Nations-Unies, a confirmé à la BBC qu'« il y a des preuves que les propriétaires terriens ont fait construire des barrières » et que les eaux sont déviées vers les villages sans défense d'agriculteurs pauvres. Le diplomate a demandé une enquête officielle du gouvernement sur ce qui s'est passé.

L'Agence Fides - après la triste expérience des villages chrétiens de Khokharabad, près de Multan (15 morts et 377 évacués) - a réuni les témoignages dramatiques des réfugiés de quatre villages dans la province du Sindh : il s'agit de Mirpur Bathoro, Jati, Dharo et Laiqpur, habités par les minorités chrétiennes et hindoues. Les villages se trouvent près de la petite ville de Sajawal, une région dense en population dans le district de Thatta, à 80 km de Karachi, fortement touchée par les inondations de ces derniers jours. Les citoyens de ces villages ont reçu un avis des autorités civiles locales leur demandant de déménager de toute urgence dans d'autres régions environnantes, à cause de l'arrivée des eaux, qui ont coulé avec abondance et violence : les maisons des villages et les champs limitrophes ont été détruits, et plus de 2.800 familles, chrétiennes et hindoues, sont restées sans maisons ni terres, dans la misère. Les eaux sont arrivées à cause de la déviation artificielle construite pour sauver les terrains agricoles appartenant à de puissants propriétaires terriens, qui ont influencé - et selon certains corrompu - les fonctionnaires locaux pour dévier le cours des eaux et sauver leurs terres.

Le chef du village de Jati a déclaré : « Encore une fois la force des puissants écrase les pauvres. Nous chrétiens et hindous, dans cette région du Sindh, nous sommes traités comme des bêtes, nous ne recevons aucune considération de la part du gouvernement ». Un autre habitant du village a dit : « Nous sommes plus de 2.800 familles sans nourriture, sans eau, sans maison. Nous sommes désespérés ». Un autre cas parvenu à l'attention de Fides est celui de la région de Jacobabad, toujours dans le Sindh : les environs de la ville ont été inondés suite à des opérations de déviation de l'eau, qui ont sauvé la ville de Shikarpur. Les habitants des villages de la zone ont vivement protesté contre les autorités suite à ces opérations.