Entre le 15 septembre 2002 et le 15 septembre 2003, le Comité a été saisi 50 fois, et 10 demandes proviennent de l'équipe de chirurgie digestive de Cochin souvent confrontée à la question du don d'organe de son vivant. Par exemple, dans le cas d'un père ou d'une mère qui veut donner une partie de son foie à son enfant malade, le Centre vérifie que le consentement des donneurs est bien "libre" de toute contrainte extérieure.
Des 40 autres demandes, 2/3 viennent du corps médical et 1/3 des patients. Une dizaine de demandes concerne la fin de vie. Les autres portent sur des sujets plus divers comme l'assistance médicale à la procréation, les stratégies thérapeutiques ou l'accès aux tests génétiques.
Aux Etats-Unis, les hôpitaux font appel depuis une trentaine d'années à des "éthiciens", une profession qui est née au moment des civil right (droits des malades). Depuis 1992, une loi fédérale oblige la création de comités d'éthique dans tous les hôpitaux. Jusqu'à maintenant, ils étaient surtout interrogés sur des questions de fin de vie. Aujourd'hui, de plus en plus fréquemment, ils sont confrontés aux problèmes posés par les diagnostics génétiques prénataux. Comme le cas de ce couple de sourds qui demande l'usage de ces diagnostics pour s'assurer que leur enfant est sourd car dans le cas contraire il déciderait d'avorter.
A la question "le médecin a-t-il besoin d'une aide à la décision", deux médecins répondent :
- Le Dr Dominique Chauveau, néphrologue à l'hôpital Necker, montre que le médecin, en particulier dans sa spécialité, doit faire face à de nombreux choix. Par exemple, "veut-on privilégier des techniques coûteuses destinées à un petit nombre de patients jeunes ? ou des techniques moins coûteuses pour un plus grand nombre de personnes âgées ?". Face à de tels cas, le Dr Chauveau estime que "les équipes médicales ont tout intérêt à s'ouvrir à d'autres connaisseurs de l'homme".
- Le Pr André Lienhart, chef de service d'anesthésie de l'hôpital Saint Antoine, s'inquiète de la place que pourrait prendre ces "éthiciens de garde" dans un cadre où le recours à l'assistance extérieure deviendrait systématique au détriment de la réflexion que doit mener chacun (médecins et patients) sur ces questions. "Si le médecin a besoin de ne pas être seul dans sa réflexion, il y a un moment où il doit assumer sa responsabilité". Il favoriserait plutôt des lieux de discussion sur des problèmes que chacun est amené à rencontrer comme le fait l'espace éthique de l'AP-HP afin d'homogénéiser les pratiques tout en élaborant une réflexion qui bénéficie à tous.
Source: La Croix (Marianne Gomez) 18/11/03
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Nov 18, 2003 00:00