Lors du consistoire consacré au Moyen-Orient ce 20 octobre 2014 au Vatican, le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin a donné un compte-rendu de la réunion des nonces apostoliques au Moyen-Orient qui a eu lieu au début du mois (2-4 octobre).

Il a d'abord fait d'état d'une situation « inacceptable », induite notamment par les extrémistes de 'l’État islamique' en Irak et en Syrie, « qui ont contraint des centaines de milliers de personnes à fuir de leurs maisons et à chercher refuge ailleurs dans des conditions de précarité, soumises à des souffrances physiques et morales ».

Ces conflits régionaux, a-t-il fait observer « constituent l'une des plus sérieuses menaces à la stabilité internationale ». Pour le Saint-Siège, « une solution politique, juste et durable, au conflit israélo-palestinien » contribuerait à « la paix et la stabilité de la région ».

Les participants ont aussi évoqué le rôle de l'Iran dans la résolution de la crise syrienne et irakienne, ainsi que la situation du Liban, qui ressent lourdement ces conflits, en accueillant un million et demi de réfugiés.

Faire déposer les armes

Dans ce contexte, a plaidé le cardinal, la communauté internationale « doit garantir le droit des réfugiés à retourner et à vivre dans la dignité et la sécurité dans leur pays et leur environnement ».

Elle est appelée à « prévenir de nouveaux génocides », à « assister les réfugiés » en impliquant les États de la région, et à oeuvrer pour « faire déposer les armes » et « dialoguer ».

« Il ne s'agit pas de protéger l'une ou l'autre communauté religieuse ou l'un ou l'autre groupe ethnique, mais de porter secours à des personnes qui font partie de l'unique famille humaine et dont les droits fondamentaux sont systématiquement violés », a-t-il précisé.

Quant au choix des moyens, s'il est « licite d'arrêter l'agresseur injuste », cela doit se faire « dans le respect du droit international ». Et « la résolution du problème ne peut être confiée à la seule force militaire ».

La communauté internationale est appelée à « affronter les causes du conflit », entre autres « l’idéologie fondamentaliste et l'encouragement au terrorisme nourri par la politique, le commerce illégal de pétrole, la fourniture d'armes et de technologie, le trafic d'armes ».

Les moyens de l’Église

L’Église quant à elle montre sa proximité « par tous les moyens possibles », dans la prière et dans les actions humanitaires concrètes – par l'intermédiaire de Caritas et autres agences caritatives – mais aussi dans « l'encouragement au dialogue et à la réconciliation », a souligné le cardinal.

En outre, elle éclaire « la vocation particulière des chrétiens au Moyen-Orient » : « être un levain, offrir une contribution irremplaçable dans leurs sociétés respectives, vers la modernité, la démocratie, l'état de droit et le pluralisme ».

Il s'agit en effet de stopper l'exode des chrétiens : « Nous ne pouvons nous résigner à penser le Moyen-Orient sans les chrétiens, qui jouent un rôle fondamental comme artisans de paix, de réconciliation et de développement. »

Au lieu d'encourager l'émigration en accordant des visas aux chrétiens persécutés, l’Église invite à les aider à « trouver des conditions de vie, de sécurité, de travail, d'avenir dans la région », a expliqué le cardinal.

Elle cherche par ailleurs à « favoriser le dialogue interreligieux, qui constitue un antidote contre le fondamentalisme », en dénonçant clairement « l'instrumentalisation de la religion pour justifier la violence ».

Enfin, l’Église tente de faire mûrir les consciences sur un « problème de fond » représenté par « le nœud inextricable entre religion et politique, c'est-à-dire le manque de séparation entre religion et État, entre domaine religieux et domaine civil » au Moyen-Orient, « ce qui rend difficile la vie des minorités non musulmanes ».

Le cardinal a conclu en exhortant les chrétiens à « ne pas oublier que tout dépend de Dieu et de sa grâce, mais à agir comme si tout dépendait de nous, de notre prière et de notre solidarité ».