Ce lundi 26 août, le Saint Père François a reçu en audience les participants au Chapitre Général de la Congrégation des Oblats de Saint Joseph (Joséphites d’Asti de saint Joseph Marello). Voici le discours du pape aux participants dans son intégralité, traduit par Zenit.
Chers frères, bonjour !
Je vous souhaite la bienvenue au moment où vous concluez votre 18e Chapitre général. Je salue le P. Jan Pelczarski, réélu – il a bien fait, n’est-ce pas ? Ils vous ont réélu ! Je salue les conseillers, vous tous ici présents et toute la famille de Joseph Marello : religieuses, laïcs et jeunes, toute une famille : Je vous salue tous. Il y a là quelques religieuses représentant des femmes et des laïcs.
Comme vous le savez, ma famille aussi est originaire d’Asti. Nous avons des racines communes dans cette terre du Piémont, qui a vu naître votre fondateur, saint Joseph Marello. C’est une belle terre, avec du bon vin… ah, une belle terre.
Pour guider les travaux de votre Chapitre, vous avez choisi la phrase de saint Paul à Timothée : « Je te rappelle de raviver le don de Dieu qui est en toi » (2 Tm 1,6). Ce sont des paroles exigeantes, par lesquelles vous vous reconnaissez bénéficiaires d’un don – la sainteté du Fondateur, le charisme et l’histoire de votre Congrégation – et vous vous engagez à assumer les responsabilités qui en découlent : sauvegarder et faire fructifier les talents reçus en les mettant – vous et les talents – au service de vos frères.
Et ces deux attitudes – gratitude et responsabilité – rappellent bien la figure de saint Joseph, gardien de la Sainte Famille, qui est le modèle, l’inspirateur et l’intercesseur de votre Congrégation.
Je voudrais donc souligner trois dimensions de l’existence de Joseph de Nazareth, qui me semblent importantes aussi pour votre vie religieuse et pour le service que vous accomplissez dans l’Église : la discrétion, la paternité et l’attention aux plus petits.
Tout d’abord, la discrétion. Saint Joseph Marello a synthétisé cette valeur avec la devise : « Soyez chartreux à l’intérieur et apôtres à l’extérieur » – c’est beau, je ne le savais pas. Quand je l’ai lu, j’ai trouvé que c’était un beau résumé – et c’est très important. Il est important avant tout pour vous, pour que vous puissiez enraciner votre vie de foi et votre consécration religieuse dans le fait de « rester » avec Jésus chaque jour. Ne nous faisons pas d’illusions : sans Lui, nous ne pouvons pas rester debout, aucun d’entre nous : chacun a ses propres fragilités, et sans le Seigneur pour nous soutenir, nous ne tiendrions pas debout. C’est pourquoi je vous encourage à toujours cultiver une vie de prière intense – enfin, intense est un adjectif trop fort, une bonne vie de prière, cela, ne le négligez pas – à travers la participation aux sacrements, l’écoute et la méditation de la Parole de Dieu, l’adoration eucharistique, tant personnelle que communautaire. Et je voudrais souligner ceci : parfois, nous négligeons l’adoration, mais la prière d’adoration, le silence devant le Seigneur, parfois un peu ennuyeux, non ? – Adorer, en silence : nous devrions tous le faire, mais surtout les religieux et les religieuses… C’est ainsi que, tout d’abord, saint Joseph a répondu à l’immense don d’avoir chez lui le Fils de Dieu fait homme : en restant avec lui, en l’écoutant, en parlant avec lui, en partageant avec lui la vie de tous les jours. Rappelons-nous ceci : sans Jésus, nous ne pouvons pas rester debout ! Et chacun de nous… en ce moment, je vous demande de penser à vos propres péchés : nous sommes tous pécheurs. Mais pense à tes péchés, maintenant, et vois que lorsque tu es tombé dans le péché, c’est parce que tu n’étais pas proche du Seigneur : c’est toujours ainsi. Ceux qui sont proches du Seigneur s’accrochent immédiatement et ne tombent pas. Proximité avec le Seigneur.
Et tout cela rejaillira positivement sur votre apostolat aussi, surtout sur cette mission qui vous caractérise comme « apôtres de la jeunesse ». Les jeunes n’ont pas besoin de nous : ils ont besoin de Dieu ! Et plus nous vivons en Sa présence, plus nous sommes capables de les aider à Le rencontrer, sans protagonistes inutile et en n’ayant à cœur que leur salut et leur plein bonheur. Nos jeunes – mais en vérité, nous tous, un peu – vivent dans un monde fait d’extériorité, où ce qui compte c’est l’apparence, l’obtention d’un consensus, le fait de vivre toujours de nouvelles expériences. Mais une vie entièrement vécue « à l’extérieur » laisse un vide à l’intérieur, comme ceux qui passent tout leur temps dans la rue et laissent leur propre maison tomber en ruine par manque d’attention et d’amour. Faites de votre cœur, de vos communautés, de vos maisons religieuses, des lieux où l’on peut sentir et partager la chaleur de la familiarité avec Dieu et entre frères ; où cette familiarité avec Dieu et entre frères, comme l’a dit saint Jean-Paul II, « le salut – qui passe par l’humanité de Jésus – se réalise dans des actions qui font partie de la vie quotidienne de la famille » (Exhortation apostolique Redemptoris Custos, 8). Et c’est ce qui s’est passé avec saint Joseph.
Deuxièmement : la paternité. Et cela est très important pour aller de l’avant. À cet égard, les paroles que saint Joseph Marello a écrites à Don Stefano Delaude sont très importantes : « Pauvre jeunesse, trop abandonnée et négligée, pauvre génération qui grandit, trop souvent laissée à la merci d’elle-même ! » (Lettre 31, 20 février 1869). On sent ici le cœur d’un père, ému par la beauté de ses enfants humiliés par l’indifférence et le désintérêt de ceux qui devraient plutôt les aider à donner le meilleur d’eux-mêmes. Et dans la même lettre, il poursuit en considérant comme injuste et stérile l’attitude de ceux qui se limitent ensuite à critiquer cette jeunesse abandonnée et désorientée. C’est également le cas aujourd’hui. L’évêque-saint parle de « générosité incorrecte », d’« affections mal dirigées » (cf. ivi), et cela montre donc qu’il voit dans les jeunes un grand potentiel de bien, qui ne demande qu’à fleurir et à porter du fruit, s’il est soutenu et accompagné par des guides sages, patients et généreux. Et c’est ainsi que vous devez être, attentifs au bien intégral des jeunes, présents concrètement à leurs côtés et à ceux de leurs familles, experts dans l’art maïeutique des bons formateurs, sagement respectueux des temps et des possibilités de chacun. Frères, c’est une grande tâche, laborieuse mais indispensable, toujours et surtout à notre époque (cf. Exhortation apostolique Christus vivit, n. 75).
Enfin, après la paternité, l’attention aux plus petits. L’un des aspects les plus frappants du saint Époux de Marie est la foi généreuse avec laquelle il a accueilli dans sa maison et dans sa vie un Dieu qui, contre toute attente, est apparu à sa porte comme fils d’une jeune fille fragile, sans aucune possibilité de récrimination. Marie et son enfant ne pouvaient humainement revendiquer aucun droit devant le saint Patriarche, si ce n’est celui d’une Présence que seule la foi pouvait reconnaître et la charité l’accueillir. Et Joseph était capable de faire ce pas : il a reconnu la présence réelle de Dieu dans leur pauvreté et l’a faite sienne ; il l’a même jointe à sa vie. Car notre accueil du petit est celui-là. Il ne s’agit pas de s’abaisser avec paternalisme à leur supposée « infériorité », mais de partager avec eux notre propre pauvreté. C’est ce que nous enseigne le fait que Dieu s’est fait pauvre (cf. Ph 2, 5-11) ; c’est ce que nous a enseigné saint Joseph Marello, en réservant dans son cœur de pasteur une place toute particulière aux jeunes les plus problématiques, aux « jeunes pauvres », comme il aimait à le dire, et c’est ce que le Seigneur nous appelle à faire aujourd’hui aussi.
Chers frères, j’ai voulu partager avec vous ces réflexions pour votre cheminement. Merci pour ce que vous faites dans l’Église et dans la société, merci pour votre service ! Continuez avec cette générosité qui est la vôtre. Je prie pour vous et je vous bénis. Et s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.
Je voudrais vous dire quelque chose qui me fait rire. On dit – j’ai dans ma chambre un tableau représentant saint Joseph endormi, mais on dit que dans sa vie, il ne pouvait pas dormir, il souffrait d’insomnie, parce que chaque fois qu’il s’endormait, sa vie changeait [rires]. C’est en dehors du texte, c’est ça ! L’homme qui a laissé sa vie changer : cela me fait beaucoup de bien d’y penser. Il est courageux, le garçon…