« Mère Yvonne Reungoat élue présidente de l’USMI. Dans tous les coins du monde »: sous ce titre, L’Osservatore Romano en italien du 7 avril 2018 publie cette interview de la religieuse française, réalisé par Roberta Gisotti.
Sœur Yvonne Reungoat a en effet été élue comme nouvelle présidente de l’Union des Supérieures majeures d’Italie (USMI), dans le cadre de la soixante-cinquième assemblée nationale de l’organisme, qui s’est conclue ce vendredi 6 avril 2018, à Rome. Elle était centrée sur le thème « L’art du passage de la multiculturalité à l’interculturalité ».
Mère Reungoat est française, âgée de 73 ans, et elle est, depuis dix ans, à la tête des Filles de Marie auxiliatrice. Elle succède à sœur Maria Regina Cesarato, supérieure générale des Soeurs disciples du Divin Maître qui, laissant la charge quinquennale, a souhaité qu’à l’avenir les communautés des sœurs « dont beaucoup sont internationales, avec le ferment de l’Évangile, réussissent à devenir interculturelles », en faisant l’expérience de « la Pâque des culture ».
L’union des Supérieures majeures – fondée en 1950 dans un contexte de renouvellement des instituts religieux féminins encouragé par Pie XII – constitue aujourd’hui « un point de référence serein et fraternel » pour plus de six cents congrégations présentes en Italie, représentant environ dix-mille communautés.
« Dans tous les coins du monde »
Quels défis se présentent aujourd’hui sur le chemin de l’USMI ?
Il faut prendre conscience de ce que la multiculturalité est un premier pas à vivre. Ensuite, il y a le second pas de l’interculturalité, qui est celui d’apprendre à dialoguer, à s’enrichir réciproquement. C’est un chemin de communion profonde, parce que c’est le Christ qui nous permet de nous reconnaître frères et sœurs. Les défis sont certainement importants parce que c’est un passage qui ne se réalise pas automatiquement, mais qui requiert une sensibilisation, une prise de conscience et une décision de faire des pas en avant dans cette direction.
Et il implique aussi de passer du temps dans l’écoute réciproque, dans le détachement de soi-même pour chercher à comprendre les autres à partir d’autres schémas et d’autres façons de penser. Je crois par conséquent que l’interculturalité est le chemin à parcourir pour la paix dans le monde. Et nous pouvons aussi le dire pour l’inter-religiosité parce que, dans le partage des charismes, il y a une force de l’Esprit-Saint qui s’active. Je pense que c’est le chemin de l’avenir c’est un chemin de grand enrichissement réciproque et aussi un signe pour la société elle-même.
Aujourd’hui, en effet, devant le très grand phénomène de la migration, il faut découvrir l’opportunité de ces mouvements qui sont irréversibles et faire un chemin pour les intégrer et les accompagner en formant aussi les nouvelles générations à cette capacité de vie interculturelle : je pense que c’est un défi du monde actuel qui ne peut pas laisser indifférent.
En assumant cette charge de présidente, votre regard sera-t-il davantage tourné vers l’intérieur de la vie communautaire des sœurs ou embrassera-t-il aussi, à l’extérieur, les congrégations et les instituts associés à l’USMI ?
Selon moi, cela ne peut être seulement un regard tourné vers l’intérieur, parce que la vie religieuse est un appel à être un signe prophétique dans le monde, dans la société et dans l’Église. Notre vie religieuse n’a pas, en effet, de sens en elle-même et pour elle-même. Et par conséquent, les grands défis du monde d’aujourd’hui nous interpellent.
Comment valoriser la présence des sœurs et plus généralement faire entendre la voix des femmes dans l’Église ?
Il faut dire avant tout qu’il existe une réalité enracinée : la vie religieuse des sœurs est très, très présente sur le terrain. Je pense en raison d’une vocation à la proximité, et aussi du fait que nous sommes des femmes. Nous sommes en effet présentes dans tous les coins du monde, en particulier dans les lieux les plus difficiles, pauvres, lointains. Comment la rendre visible, faire en sorte qu’elle devienne aussi, peut-être, source de nouveaux modèles de vie ? C’est une question qui nous interroge particulièrement au niveau de la communication, c’est-à-dire que nous devons trouver la manière de pouvoir communiquer davantage les nombreuses expériences qui se vivent et qui, si elles ne sont pas communiquées, restent au niveau local et peuvent perdre leur force prophétique dans le monde d’aujourd’hui. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas ne pas compter dans le monde de la communication pour transmettre des valeurs, des messages et des expériences.
À propos de communication, vous avez une page officielle sur facebook. Quel est votre rapport aux réseaux ?
Je crois vraiment que les réseaux sont une réalité importante. J’insiste beaucoup, dans notre congrégation, sur l’importance de la communication en réseau et aussi sur la formation dans ce domaine. Personnellement, j’en suis convaincue. Mais parfois il me manque le temps pour me consacrer davantage à cette activité.
Traduction de ZENIT, Hélène Ginabat