Veillée pascale 11 avril 2020 © Vatican Media

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Veillée pascale: avec l’audace des saintes femmes, non « à la résignation »!

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« Elles allument la miséricorde »

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« Ne cédons pas à la résignation, ne mettons pas une pierre sur l’espérance »: c’est l’exhortation du pape François pendant la nuit de Pâques. Il exhorte l’humanité à renoncer à donner la mort par la guerre, les armes, l’avortement, et au contraire à donner la vie reçue du Ressuscité aux affamés, aux pauvres… Et comme les saintes femmes, à « allumer la miséricorde ». Un mot clef de l’homélie c’est le « courage ».

Une tragédie arrivée trop vite

Dans son homélie, en italien, avec quelques brèves improvisations, le pape a indiqué l’itinéraire des saintes femmes au tombeau du Christ comme un itinéraire pour aujourd’hui: « Nous pouvons nous retrouver dans les sentiments des femmes en ce jour. Comme nous, elles avaient dans les yeux le drame de la souffrance, d’une tragédie inattendue arrivée trop vite. »

Le pape François a présidé la veillée pascale en la basilique Saint-Pierre, à l’autel de la Chaire de Saint-Pierre, au fond de la basilique, là où on eut lieu en petit comité toutes les célébrations du Triduum pascal, jusqu’à ce samedi 20 avril  2020. Et encore demain la messe du dimanche de Pâques y sera célébrée à 11h et le pape donnera de là la bénédiction Urbi et Orbi à midi.

Le pape a présidé le rite du feu pascal dans l’atrium de la basilique, pour y allumer cierge pascal – déjà tout prêt – avant la procession et la clameur qui illuminait peu à peu la basilique – déserte des milliers de pèlerins dont les cierges et les portables n’éclairaient pas cette année l’obscurité – : « Lumière du Christ! »

Un tel Rédempteur

Le diacre à chanté l’Exultet de Pâques depuis l’ambon près de l’autel de la Chaire, en présence d’une douzaine de personnes dans l’assemblée, dispersées à distance de sécurité, et deux cérémoniaires, huit servants de messe, huit choristes – hommes, adultes -, le maître de choeur, l’organiste, les cameramen et les photographes accrédités: « Heureuse faute d’Adam Qui nous a valu un tel et si grand Rédempteur !  Ô Nuit bienheureuse… »

La liturgie de la Parole a compté huit lectures, psaumes et cantiques: le récit de la création, dans la Genèse – « Dieu vit que cela était très bon  » -, le psaume 103 – « Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre ! » -, le livre de l’Exode 14-15 – le passage de la Mer Rouge et le cantique de Moïse: « Chantons pour le Seigneur! Éclatante est sa gloire ! » -, le prophète Isaïe (55) -« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau! », le cantique d’Isaïe 12 – « Vous puiserez les eaux aux sources du salut! » -, l’Epître de Paul aux Romains (6) – « le Christ ne meurt plus ; la mort n’a plus de pouvoir sur lui » -, et l’Evangile de Matthieu 28: Marie Madeleine et l’autre Marie au tombeau.

Dans son homélie, le pape s’est laissé conduire par l’attitude des saintes femmes : « Les femmes allèrent au tombeau », « les femmes ne se laissent pas paralyser », « les femmes, par la prière et l’amour, aidaient l’espérance à éclore », « à l’aube, les femmes vont au sépulcre ».

De la tombe, la vie

Le pape a repris le récit pour en tirer du courage pour le chrétien en temps de pandémie: « Devant une tombe, elles entendent des paroles de vie… Et ensuite elles rencontrent Jésus, l’auteur de l’espérance, qui confirme l’annonce et dit : « Soyez sans crainte ». N’ayez pas peur, soyez sans crainte : voici l’annonce d’espérance. Elle est pour nous, aujourd’hui. Ce sont les paroles que Dieu nous répète dans la nuit que nous traversons. » Le pape a ensuite fait posté cette phrase dans un tweet sur son compte @Pontifex.

Le pape a insisté sur la confiance des femmes et leur espérance qui n’est pas un simple « optimisme »: « L’espérance de Jésus est autre. Elle introduit dans le cœur la certitude que Dieu sait tout tourner en bien, parce que, même de la tombe, il fait sortir la vie. »

Comment cela se fera-t-il? Le pape répond par une prière au Christ: « Il suffit de l’inviter : “Viens, Jésus, dans mes peurs et dis-moi aussi : Confiance”. Avec toi, Seigneur, nous serons éprouvés mais non ébranlés. Et, quelle que soit la tristesse qui habite en nous, nous sentirons devoir espérer, parce qu’avec toi la croix débouche sur la résurrection, parce que tu es avec nous dans l’obscurité de nos nuits : tu es certitude dans nos incertitudes, Parole dans nos silences, et rien ne pourra jamais nous voler l’amour que tu nourris pour nous. »

Faire taire le cri de mort

Le pape a exhorté à faire cesser les gestes de mort dans le monde d’aujourd’hui: « Portons le chant de la vie ! Faisons taire le cri de mort, assez de guerres  ! Que s’arrête la production et le commerce des armes, parce que c’est de pain et non de fusils dont nous avons besoin. Que cessent les avortements, qui tuent la vie innocente. Que s’ouvrent les cœurs de ceux qui ont, pour remplir les mains vides de ceux qui sont privés du nécessaire. »

Le pape a terminé sur le geste des femmes lorsqu’elles reconnaissent Jésus ressuscité pour en tirer une supplication au Christ: « Les femmes, à la fin, « embrassèrent les pieds » de Jésus, ces pieds qui pour venir à leur rencontre avaient fait un long chemin, jusqu’à entrer et sortir de la tombe. Elles embrassèrent les pieds qui avaient piétiné la mort et ouvert le chemin de l’espérance. Nous, pèlerins en recherche d’espérance, aujourd’hui nous nous serrons contre toi, Jésus Ressuscité. Nous tournons le dos à la mort et nous t’ouvrons nos cœurs, toi qui es la Vie. »

Reine du ciel!

Si la célébration n’avait pas l’ampleur des célébrations où la foule remplit la basilique Saint-Pierre de sa ferveur, les moments liturgiques avaient toujours cette force unique de la grande veillée de la nuit de Pâques, mère de toutes les veillées. Le Gloria a déclenché le même éclatant et joyeux son des cloches, muettes pendant le carême, tandis que la basilique s’éclairait de toutes ses lumières. L’Alléluia a jailli enfin dans la nuit après 40 jours de jeûne de cette acclamation. Le credo a été proclamé comme un puissant exorcisme qui repousse les ténèbres: « Je renonce… Je crois… »

Cependant il y avait une grande place vide, si significative la nuit de Pâques, celle des catéchumènes adultes dont le baptême, la confirmation et la première communion, ont été renvoyés à une date ultérieure en raison des règles de précautions sanitaires exigées par la lutte contre la pandémie.

Cette absence, l’absence de la grande assemblée, et la pandémie aux portes, donnaient, au coeur de la joie de Pâques, un visage grave à la célébration et au pape François.

Après le joyeux « Ite missa est » et le triple Alléluia, l’assemblée s’est confiée à la Vierge de la résurrection en se tournant vers l’icône de Marie « Salut du peuple romain », vénérée à Sainte-Marie-Majeure, et devant laquelle le pape est allé supplier la Vierge Marie d’intercéder pour la fin de la pandémie, le 15 mars dernier: « Reine du ciel réjouis-toi! Alléluia, parce que celui que tu as mérité de porter, Alléluia, est ressuscité, comme il l’avait dit, Alléluia. Prie Dieu pour nous, Alléluia… » Le « Regina caeli » sera ainsi chanté le dimanche pendant tout le temps pascal, à la place de l’angélus.

 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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