Caritas Internationalis, congrès d'Abuja (Nigeria) contre la traite des êtres humains, Caritas.org

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Vaincre la peur pour sortir de la prostitution forcée: une Nigériane l'a fait

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L’importance du témoignage de qui a réussi à se sauver

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« Si elles ne voient pas d’autres femmes comme elles, mais qui ont réussi à se sauver, qui vivent et qui donnent leur témoignage, elles ne parviennent pas à s’échapper parce qu’il faut vraiment du courage ! »: Radio Vatican diffuse le témoignage dramatique d’une Nigériane victime de la traite des personnes et de la prostitution forcée. Elle a réussi à fuir ses bourreaux et aujourd’hui, elle travaille à sauver d’autres jeunes filles.
Elle a témoigné à Abuja, lors de la conférence sur la traite des êtres humains en Afrique, organisée par Caritas Internationalis et le Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement à Abuja (Nigeria), qui s’est achevée mercredi 7 septembre 2016.
« Je réparais les ordinateurs, explique-t-elle. Ce n’est pas que je n’avais rien à faire ou que j’avais une vie difficile : non, pour moi, c’était un travail vraiment intéressant. J’ai connu une femme, je réparais aussi pour elle des ordinateurs. Et un jour, cette femme m’a proposé d’aller en Europe travailler avec son frère qui, lui aussi, s’occupait d’informatique. Elle m’a dit que j’aurais là-bas un très bon salaire. J’ai accepté sa proposition, parce que pour moi c’était une personne de confiance. Elle a été vraiment très contente. »
« Quand je suis arrivée à Naples, continue la jeune femme, le mari et la femme sont venus me chercher. Quand ils m’ont dit qu’ils avaient déjà trouvé le lieu où j’allais devoir travailler le matin et qu’il devaient en trouver un autre pour le soir, je leur ai dit que ça allait bien pour moi mais je leur ai demandé quel serait mon salaire. A ce moment, ils m’ont répondu que c’était moi qui devais leur payer 65 000 euros. C’est alors que je me suis aperçue que j’avais fini dans les mains des trafiquants. Je ne suis pas ignorante : je suis au courant de l’existence des trafiquants, je lis les journaux, je suis diplômée, j’ai lu beaucoup d’histoires de jeunes filles comme moi et sur la façon dont ils tuent les personnes qui refusent d’accepter la situation. J’ai donc dit que ça allait bien pour moi. »
Pourtant, elle était dans l’incapacité de se rebeller: « Comme je le disais, j’étais déjà au courant du phénomène des trafiquants. Dans mon pays, je lisais les journaux ; il y a beaucoup de manifestations et de campagnes de sensibilisation sur le phénomène de la traite. Je savais que si j’avais voulu me rebeller, je n’aurais eu avec moi ni mon père, ni ma mère ni mon frère : personne pour me défendre. »
Elle poursuit son récit: « Je suis allée là où ces personnes m’ont envoyée : j’ai fini par me prostituer. J’ai parlé avec les autres filles, faisant semblant que tout allait bien. Mais au bout de trois jours, j’ai réussi toute seule à trouver le commissariat de police parce que j’avais peur de demander aux jeunes filles de mon pays où il se trouvait. J’ai cherché toute seule le commissariat de police ; et à la fin, au bout de trois jours, j’ai réussi à le trouver. »
Elle souligne que c’est la peur qui tient les femmes victimes de la prostitution forcée: « Les femmes victimes de la traite ont peur parce qu’elles ne réussissent vraiment pas à sortir de cette situation. Si elles ne voient pas d’autres femmes comme elles, mais qui ont réussi à se sauver, qui vivent et qui donnent leur témoignage, elles ne parviennent pas à s’échapper parce qu’il faut vraiment du courage ! Il est donc important qu’une personne, qui a réussi à fuir cette prison et qui vit maintenant une vie normale, parle avec elles. Par exemple, quand je vais dans la rue parler avec ces jeunes filles, elles me demandent s’il y a eu des conséquences et si on a fait du mal à ma famille ; et je leur réponds que non. Et cela donne du courage à ces filles qui cherchent à sortir de cette situation. »

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Constance Roques

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