Un des trois groupes linguistiques francophones présents au synode propose « six modi qui identifient six sujets sur lesquels nous estimons que nous pourrions dans les années à venir promouvoir notre conversation avec les jeunes »: la transmission de la foi, le rapport aux changements culturels, les migrations, le corps, la vie affective et la sexualité, la vie affective dans les communautés ecclésiales et les maisons de formation, le continent numérique.
Le synode a pour thème « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » (3-28 octobre 2018), et les discussions portent sur la première partie de l’Instrument de travail (IL) du synode.
Le Saint-Siège publie les rapports des 14 différents groupes linguistiques. Voici le rapport du groupe coordonné par le cardinal Dieudonné Nzapalainga (Bangui, République Centrafricaine) et dont le rapporteur est le p. Bruno Cadoré, OP, maître de l’Ordre des prêcheurs.
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Notre groupe est composé de 14 évêques et un supérieur majeur, deux experts, deux auditrices, un auditeur et deux assistants. Nous représentons quatre continents. Nous sommes témoins de la diversité de la présence et de la participation des jeunes à la vie de l’Eglise.
De la première partie de l’IL, nous retenons la grande diversité des conditions de vie, d’éducation, de travail, de possibilités d’intégration sociale, de développement personnel parmi les jeunes du monde. Mais nous retenons aussi que la crise de la communication de la foi s’inscrit au sein d’une crise générale de la transmission qui touche toutes les cultures.
Les aspirations des jeunes exprimées à travers de l’IL mettent en évidence des éléments importants pour guider le discernement d’une communauté ecclésiale qui veut donner priorité aux jeunes.
Le texte de l’IL nous semble mettre en lumière tout le bénéfice de l’interpersonnel et de l’intergénérationnel. C’est dire qu’il est urgent de sortir de toutes sortes d’enfermements ou de bulles.
Dans cette crise générale de la transmission, les jeunes expriment leur difficulté de s’identifier à l’héritage de leurs parents y compris dans le domaine de la foi. Mais nous notons en même temps qu’ils appellent à un témoignage joyeux de la foi chrétienne, qu’ils aimeraient pouvoir être fiers d’être témoins de cette foi, en découvrant comment elle peut être une boussole pour l’épanouissement de leur vocation humaine dans un monde en grande mutation. Pour tout cela, ils comptent sur la communauté ecclésiale.
L’IL nous rappelle avec insistance la place incontournable du témoignage personnel et communautaire des fidèles et de leurs pasteurs. A ce propos, il faut promouvoir le rapprochement et les relations entre mouvements, communautés nouvelles, chrétiens d’origine étrangère et paroisses locales, sans « récupération » des uns par les autres car ils sont appelés à s’articuler les uns aux autres, à vivre en synergie l’unique mission de l’Eglise.
L’IL nous donne comme autre critère de discernement l’urgence de l’accueil de l’autre et la résistance à toute tentative d’exclusion. Les migrations sont à cet égard le paradigme de l’intérêt que les jeunes portent à l’engagement de l’Eglise dans le champ de la justice et du politique. Sur ces sujets, l’Eglise a un rôle prophétique à jouer, qui n’est cependant pas réservé au pape François !
L’IL nous éclaire sur un autre critère de discernement : l’insistance sur la personne dans son intégralité, sans jamais passer sous silence les questions de sexualité et d’affectivité. L’usage de ces termes est parfois piégé, leur sens profond n’est pas toujours compris et devrait être présenté positivement. C’est pourtant ce qu’il faut faire pour une présentation positive et belle ce qui fait partie du projet de Dieu.
La liturgie ne peut négligée comme critère de discernement, en particulier par sa beauté et ses aspects prophétiques.
Le critère décisif du discernement est l’importance dans l’Eglise de l’écoute, en particulier des jeunes. Il s’agit d’une démarche à l’image de l’Histoire du salut.
C’est ce qui nous conduit à proposer six modi qui identifient six sujets sur lesquels nous estimons que nous pourrions dans les années à venir promouvoir notre conversation avec les jeunes. Le document final devrait donc prendre la forme d’un instrumentum conversationis, en particulier sur :
* la transmission de la foi,
* le rapport aux changements culturels,
* les migrations,
* le corps, la vie affective et la sexualité,
* la vie affective dans les communautés ecclésiales et les maisons de formation,
* le continent numérique.
[Texte original : Français]
Synode 2018, 9 octobre © Vatican Media
Synode: "Six façons de promouvoir notre conversation avec les jeunes"
« Le critère décisif du discernement est l’écoute »