Le pape conclut la dernière assemblée générale du synode des évêques pour l’Amazonie en conseillant aux média de s’attacher à ce qu’il y a de « meilleur » dans le document final: « les diagnostics ».
Le pape François a donné des clefs de lecture du document final du synode, après le secrétaire général du synode, le cardinal Lorenzo Baldisseri, au terme de trois semaines d’échanges sur l’annonce de l’Evangile en Amazonie, ce samedi après-midi, 26 octobre 2019.
Les quatre diagnostics
Le pape a notamment remercié les « moyens de communication » : il leur a demandé, dans leurs présentations du document final d’être attentifs avant tout aux « diagnostics », ce qui constitue selon lui « le meilleur » du document: les 4 diagnostics culturel, écologique, social, pastoral.
Ce sont les quatre thèmes que le pape retient du document:
-l’ inculturation, mais « à l’intérieur de la tradition de l’Eglise »;
-l’écologie, avec le développement de la conscience chrétienne sur ces sujets grâce à l’impulsion de Bartholomée Ier, dont le pape salue le rôle de ce point de vue, notamment pour les jeunes;
-le point de vue social, avec le constat de la violence, des injustices, de l’exploitation des personnes de tous points de vue, de la destruction des personnes et de leur identité culturelle; :
-la pastorale, « l’urgence » d’annoncer l’Evangile, avec « créativité ».
Les points de réforme
Mais le pape a aussi indiqué des « choses à réformer »:
-dans la formation des prêtres, il regrette un « manque de zèle » pour l’annonce de l’Evangile;
-pour les « jeunes religieux », il invite aussi à les former au zèle apostolique pour qu’ils aillent aux « frontières »;
-pour le service diplomatique du Saint-Siège, sous les applaudissements de l’assemblée, le pape préconise non pas un stage dans une nonciature, comme cela se fait, mais « un an en terre de mission »;
-le pape invite aussi à la redistribution des prêtres dans les pays: il déplore que des prêtres fidei donum d’Afrique ou d’autres continents venus en Europe n’arrivent plus ensuite à rentrer chez eux.
Regarder l’essentiel
Le pape a insisté sur l’importance de regarder l’essentiel du document et ne pas s’attacher uniquement à des détails « disciplinaires », regrettant que de « petites élites » s’y attachent plutôt qu’à ce qui est important.
A ce propos, il a cité, en espagnol, un passage de la « Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne » de Charles Péguy (1914, Pl. III, p. 1367): « Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être du monde, ils croient qu’ils sont de Dieu. Parce qu’ils n’ont pas le courage d’être d’un des partis de l’homme ils croient qu’ils sont du parti de Dieu. Parce qu’ils ne sont pas de l’homme ils croient qu’ils sont de Dieu. Parce qu’ils n’aiment personne ils croient qu’ils aiment Dieu ».
L’esprit synodal
De fait, le pape avait commencé son discours en évoquant ce qu’il entend par « esprit synodal »: c’est « marcher ensemble », « discerner », « écouter », « incorporer la riche tradition de l’Eglise dans les moments conjoncturels », car « la tradition est la sauvegarde de l’avenir et pas la conservation de cendres ».
Le pape a suggéré que la synodalité puisse être le thème d’un prochain synode, tout en disant que rien n’est décidé à ce stade de la réflexion. Quant à l’exhortation apostolique « post-synodale » il a fait observer que « ce n’est pas obligé que le pape la fasse ». Mais s’il la fait, ce sera « en tous cas, avant la fin de l’année ».
Le rôle des femmes, applaudissements
Le pape a aussi fait des annonces concrètes. Il souhaiterait la mise ne place de « semi-conférences épiscopales » régionales pour faire des propositions, notamment par exemple pour ce qui est de la question d’un « rite amazonien ». Il a fait observer que parmi les 26 Eglises locales avec leurs rites catholiques propres, 18 ou 19 sont des Eglises « sui iuris » qui ont commencé « de peu »: « n’ayez pas peur », a insisté le pape.
Le pape a été applaudi spontanément aussi lorsqu’il a annoncé la création d’une section amazonienne dans le dicastère romain pour le « Service du développement humain intégral ».
Le pape a aussi annoncé qu’il convoquait à nouveau la commission instituée en 2013 sur le rôle des diaconesses dans l’Eglise primitive avec de nouveaux membres.
Pour le pape, « on ne s’est pas encore rendu compte du rôle de la femme dans l’Eglise, cela va beaucoup plus loin que des fonctions ». Applaudissements nourris de l’assemblée.
En terminant le pape a demandé à l’assemblée d’excuser sa… « pétulance ».
La prière de toute l’Eglise
Le cardinal Baldisseri avait auparavant remercie le pape François et les trois présidents délégués, les évêques d’Amazonie, tous les rouages du synode qui ont permis la réalisation du document maintenant voté et remis au pape, et toute l’Eglise pour sa prière.
Il a aussi remercié les auditeurs et auditrices spécialement les représentants des peuples indigènes: applaudissements de l’assemblée et du pape François.
Il a aussi annoncé que des projets ont été adoptés par le synode pour agir de façon concrète dans la région amazonienne et l’évangélisation des peuples et le soin de la « maison commune ».
Il a achevé en invoquant l’intercession de la Vierge Marie.
Et avant la prière du Te Deum, le secrétaire général du synode a rappelé en souriant le changement d’heure cette nuit et que les pères synodaux pouvaient dormir une heure de plus.
Le pape François présidera la messe de clôture du synode à 10h.
Synode, 26 oct. 2019, capture @ Vatican Media
Synode pour l'Amazonie: ce qui est "le meilleur" ce sont les "diagnostics", explique le pape François
Le pape indique aussi les « choses à réformer »