Cardinal Gracias © Vatican Media

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«Reconnaître le rôle des femmes», par le card. Gracias

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Entretien dans le cadre du synode pour l’Amazonie

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Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai (Bombay, Inde), se prononce au synode pour un “partage universel des prêtres”, dans un entretien à Zenit en anglais, par Deborah Castellano Lubov, du 25 octobre 2019: le cardinal indien, membre du Conseil des cardinaux, réaffirme ainsi la conviction qu’il a exprimée au synode pour l’Amazonie et à la presse internationale lors d’un point presse le 23 octobre. Il voit qu’en Asie aussi l’Eglise doit « davantage prendre soin des peuples indigènes » et il appelle de ses voeux une « reconnaissance » du rôle des femmes dans l’Eglise.
Reconnaître le rôle des femmes
Le rôle des femmes a été beaucoup souligné par les évêques d’Amazonie et une femme a été présente chaque jour aux points presse du synode. Le cardinal Gracias aussi souligne l’importance des femmes dans l’Eglise mais il ajoute : « elles devraient avoir un rôle plus grand : pas plus que ce qu’elles font, mais  ce n’est pas reconnu. Il n’y a pas d’approbation de la part de « l’Eglise officielle ». Je pense à nouveau au droit canon quand je dis qu’il existe de nombreuses possibilités que l’Eglise peut approuver. Saint Paul VI déjà avait invité les conférences épiscopales à lancer les ministères ». Il avoue qu’à ce moment là cela « n’intéressait personne », mais que c’est« maintenant le moment de commencer un ministère des femmes. Des femmes administrant la communauté. Elles ne peuvent pas être prêtres de paroisse, mais le Droit canon permet que si un évêque ne trouve pas de prêtres, il puisse nommer un groupe de personnes ou une « personne » – il ne dit pas un homme – : une communauté religieuse pour être chargée de l’animation d’une communauté. Cela signifie, comme le dit le Pape, quelqu’un qui soit disponible pour les gens, qui guide les gens. Il y a tellement de supérieures religieuses qui ont de la maturité et des qualités maternelles, je parle de femmes qui sont et seraient capables de tellement aider les communautés. Pour ce qui est des diaconesses, le Saint-Père a nommé une commission qui est en train d’étudier la question (…). Mais s’il n’y a pas de diaconesses cela ne veut pas dire que l’on ne peut rien faire (…). Beaucoup, beaucoup de ministères sont possibles, et nous devons explorer la question, avec de grands théologiens, des canonistes, ensemble, pour trouver comment davantage impliquer les femmes (…) J’ai l’impression que l’on n’est pas allé assez loin dans l’exploration de possibilités valides… On n’a pas utilisé toutes les possibilités que l’on pourrait avoir, en utilisant la théologie et l’enseignement de l’Eglise. Nous n’avons peut-être pas assez développé la théologie. Peut-être parce qu’on s’est trop fixé sur l’ordination d’hommes mariés ou de femmes diaconesses. On peut faire tellement d’autres choses. »
Le partage universel des prêtres
Pour ce qui est du manque de prêtre, le cardinal Gracias, l’Eglise catholique en Inde n’a pas la même pénurie de prêtres, pas de crise des vocations comme en Amazonie: “Avoir l’Eucharistie une fois tous les six mois ou une fois par an n’est pas acceptable. Nous devons trouver une solution.”
Il évoque un évêque qui a dans son diocèse une paroisse de 130 km de long… Il évoque la possibilité d’ordonner des diacres permanents qui ne se consacrent qu’à l’Eucharistie, de façon temporaire. Il souligne que pour la confession, il       faut des prêtres « formés à la théologie morale ». Il estime que les décisions ne doivent pas être laissée à un évêque seul, mais que cela doit être « décidé par les conférences épiscopales, avec l’approbation de leur demande par Rome, et l’engagement des évêques de la région pour la formation », selon ce que demande le Droit canon. Mais il reconnaît que cela « a un impact dans le monde entier » et à partir du moment où c’est dans le Droit canon, « on ne peut pas dire que cela est restreint à un endroit » : « Il faut donc réfléchir très, très soigneusement, avec des garanties strictes, une réflexion appropriée sur l’avenir et sur les conséquences pour l’Eglise universelle lorsque vous travaillez à la recherche d’une solution. »
Mais une des solution avancées par l’archevêque indien c’est « le partage universel des prêtres ». Il donne l’exemple du Vietnam où « grâce à Dieu il y a tellement de vocations » : « J’y suis allé et les séminaires sont pleins. Pas une place vacante. » Il partage cette confidence d’un évêque : « Quand il y en a un qui part, j’en ai qui sont prêts à venir ». Il estime qu’il faudrait préparer des prêtres à partir pour l’Amazonie, du Vietnam, de l’Inde, des Philippines, de Corée : « Des pays asiatiques pourraient leur venir en aide. Mais il faut aussi lancer des campagnes pour des vocations indigènes, avec une formation adaptée à leur culture, à leur alimentation, à leurs horaires, sans les forcer. »
Lexploitation de la création
Le cardinal Gracias constate aussi, même si ce n’est pas aussi “dramatique”, la même “exploitation de la nature”: “L’Inde   est vraiment un des pays émergeants et on a utilisé la nature et on en a abusé. Mais le gouvernement est conscient de cela et fait des efforts pour la protéger. Il y a un ministère de l’environnement, qui a été institué il y a quelques années déjà, et je constate maintenant de nombreux efforts et des projets du gouvernement pour protéger l’environnement. (…) L’Eglise peut aider et aide à rendre les gens conscients et sensibles à ce besoin. »
Un cardinal « heureux »
Il redit sa surprise lorsque le pape François l’a nommé au synode pour l’Amazonie qu’il ne connaissait pas bien mais avoue que cela a été “une expérience merveilleuse” que “d’écouter” toutes ces interventions sur l’Amazonie.”Il se dit particulièrement frappé de toucher du doigt“combien l’Eglise est universelle”et que les problèmes d’un endroit “sont vraiment les problèmes de toute l’Eglise”: “Je ressens de la solidarité pour eux et je vois qu’on a tellement à apprendre d’eux”.
« Je suis heureux, dit-il. J’ai participé à 6 ou 7 synodes. Pour celui-ci il y a dans une certaine mesure une nouvelle méthodologie et une participation très intense. Je n’ai vu personne s’assoupir. »
Le cardinal indien, qui accompagnera le pape François dans son voyage en Thaïlande et au Japon en novembre prochain, précise: “Les problèmes sont semblables: exploitation de la nature, violence contre les peuples indigènes, et injustices. On ne voit aussi en Inde, en Asie. Je vois qu’avec l’Eglise en Amazonie, des circonstances difficiles et de grands défis, mais ils sont vraiment sur la bonne route. Ils avancent avec courage, avec le peuple, en essayant de penser à l’avenir. C’est une grande expérience d’apprentissage, et je suis heureux d’y avoir participé”.
Pour ce qui est du déroulement du synode, le cardinal Gracias ajoute: “Je pense que cela s’est bien passé. Chacun a parlé librement selon ce qu’il pense, et de ses inquiétudes. Nous avons maintenant besoin de voir la suite. Nous devons nous rappeler qu’à la fin de la journée, un synode fait des recommandations, mais seulement des recommandations, le Saint-Père décide ensuite, avec le magistère, comme il pense que les choses doivent être”.
L’archevêque de Mumbai continue de se poser la question du sens du synode pour son pays et pour l’Asie : « L’an prochain, en novembre 2020, nous avons une rencontre spéciale à Bangkok. Je vais certainement m’inspirer beaucoup de la méthodologie et des sujets qui ont été débattus. Nous devons prendre davantage soin des nos peuples indigènes. Leur cri est le même, en Amazonie ou chez nos peuples indigènes de l’Inde. On a porté une attention spéciale aux tribus qui sont déplacées : on leur a pris leurs terres. On ne leur donne pas d’opportunités, ils sont particulièrement désavantagés. Il y a tellement à faire pour eux. Nous n’avons pas exactement les mêmes problèmes, mais il y a beaucoup de choses semblables. »
 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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