Le pape François confirme son souhait de se rendre au Soudan du Sud, à l’occasion de la visite au Vatican du président sud-soudanais Salva Kiir Mayardit, ce samedi 16 mars 2019.
Le pape a notamment exprimé son souhait que l’on puisse « vérifier » les conditions d’un éventuel voyage au Soudan du Sud, qui serait de sa part un « signe de sa proximité avec la population et encouragement au processus de paix », indique un communiqué publié par le Saint-Siège en anglais, en espagnol et en italien.
Car lors de sa rencontre avec les principaux chefs religieux chrétiens du Soudan du Sud, le 27 octobre 2016, au Vatican, le pape avait exprimé une première fois sa volonté de se rendre dans le pays. « Il nous a dit: ‘Regardez, je suis avec vous, je souffre et je vis avec vous. Je veux visiter le Soudan du Sud’ », avait rapporté Mgr Paulino Lukudu Loro, MCCJ, archevêque de Djouba à l’issue de la visite.
Le pape lui-même avait parlé de son souhait de se rendre dans ce pays aux côtés du primat anglican Justin Welby, lors de sa visite à l’église anglicane All Saints Church de Rome, le 26 février 2017. Il avait confié qu’un évêque anglican, un évêque presbytérien et un évêque catholique étaient venus le voir ensemble pour lui demander de venir dans leur pays et que les évêques avaient demandé au pape de réaliser ce voyage dans une dimension œcuménique: « les trois ensemble veulent la paix et ils travaillent ensemble pour la paix », avait dit le pape.
Mais le projet avait été suspendu, étant donné la situation du pays: on estime que la guerre civile a fait près de 400 000 morts et 4,5 millions de déplacés dont 2 millions de réfugiés en Ouganda et dans d’autres pays voisins, et que « l’accord de paix signé le 12 septembre 2018 n’a pas mis fin à la crise », commente Vatican News en français.
Le communiqué publié aujourd’hui par le Saint-Siège fait état des « bonnes relations entre les deux États », confirmés par les entretiens de ce samedi matin.
Les entretiens ont aussi salué « la contribution de l’Église catholique dans les domaines de l’éducation et de la santé ».
Elle joue aussi un rôle, souligne la même source, dans « le processus de réconciliation de la nation ».
« Le récent accord signé par les divers acteurs politiques en vue de trouver une solution à la guerre civile, au retour des réfugiés et déplacés, ainsi que le développement intégral du pays » étaient en également à l’ordre du jour de ces conversations entre le pape et le président de ce jeune État fondé en 2011 à l’issue d’une longue guerre d’indépendance par rapport au Soudan.
Le pape a offert au président les principaux documents de son pontificat et un médaillon de l’ange de la paix.
« Le Pape pour le Soudan du Sud »
C’est au terme de l’audience générale du 22 février 2017, que le pape François avait lancé un appel à « rendre les aides alimentaires concrètes » au Soudan du Sud du fait de la guerre civile et de fortes tensions: « Les nouvelles douloureuses qui parviennent du Soudan du Sud martyrisé suscitent une préoccupation particulière, a dit le pape: à un conflit fratricide s’ajoute une crise alimentaire grave qui condamne des millions de personnes, dont de nombreux enfants, à mourir de faim. »
Le pape François a ajouté l’acte à la parole, comme l’avait annoncé le 21 juin 2017 le cardinal Turkson: le pape « n’oublie pas » la population victime du conflit « sanguinaire et inhumain » et il entend « faire sentir sa proximité par des gestes de solidarité concrète » grâce à l’initiative « Le Pape pour le Soudan du Sud ».
Le cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, avait précisé que l’initiative consistait à soutenir des œuvres déjà existantes. Il insistait sur le fait que le pape ressent « la nécessité impérieuse de sensibiliser la communauté internationale à ce drame silencieux ». Le cardinal Turkson avait fait le point sur la situation humanitaire dans le pays ravagé par les conflits, où la population subit les massacres, la faim, les épidémies.
L’initiative comprend trois grands volets: santé, éducation, agriculture et elle veut manifester « la charité du pape et sa proximité avec la population touchée » par les conflits. Il s’agit d’une contribution de l’Église « pour les laissés-pour-compte et pour les pauvres » de façon à promouvoir « un vrai développement humain intégral ».
Assassinat d’un éducateur
Le pape François a aussi présidé une « Prière pour la paix au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo », le 23 novembre 2017, en la basilique Saint-Pierre.
Et en recevant le Conseil des Églises de ce pays le 23 mars 2018, le pape avait de nouveau exprimé sa volonté de se rendre dans le pays. « Le pape a exprimé sa volonté de visiter notre pays et nous sommes prêts, même si la sécurité ne peut être garantie à cent pour cent », avait alors déclaré le père James Oyet Latansio, porte-parole du Conseil des Églises: « Nous attendons de savoir quand il viendra ».
Rappelons enfin qu’un jésuite, le père Victor Luke Odhiambo, a été assassiné, dans l’Etat de Gok, dans la nuit du 14 au 15 novembre 2018: il était le premier jésuite du Kenya. Le gouvernement local de Gok avait décrété trois jours de deuil. Il était spécialement engagé au Soudan du Sud pour l’éducation des jeunes.