Sommet 2012 EU-religions : intervention de Mgr Montes

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Garantir l’insertion professionnelle des jeunes

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ROME, mercredi 18 juillet 2012 (ZENIT.org) – « Il faut encourager un rôle plus actif et courageux de la part des employeurs pour promouvoir des possibilités de travail adéquates pour les jeunes », déclare Mgr Gonzales Montes, délégué à la Commission des épiscopats de la Communauté européenne.

L’évêque de Almeria, en Espagne, est en effet intervenu dans le cadre du 8èmeSommet annuel UE-responsables religieux, jeudi dernier,12 juillet, à Bruxelles. Il estime en outre que l’Espagne est capable « de surmonter les difficultés actuelles ».

Intervention de Mgr Gonzales Montes :

Excellences,

Je me félicite de cette occasion qui m’est offerte de m’adresser à vous dans cette rencontre organisée par les institutions de l’Union européenne, pour exprimer la reconnaissance des Eglises chrétiennes et des confessions religieuses à l’égard de leurs interlocuteurs des institutions européennes.

La crise économique et sociale qui secoue les sociétés de nos pays a des racines morales profondes. Le chômage en Espagne dépasse les 23%, avec une proportion de 50% de jeunes. Ce niveau de chômage fait suite à une décennie d’expansion économique qui a apporté une grande prospérité, dotant le pays de structures de transport, de communication et de services modernes et fonctionnels, ainsi qu’un dynamisme industriel important, qui s’est manifesté dans divers domaines.

D’après les experts, parmi les facteurs qui ont aggravé la crise économique en Espagne, on peut citer l’expansion de l’urbanisme accompagné d’une planification insuffisante et d’un manque de contrôle de la spéculation immobilière. Cela a conduit à la ‘bulle immobilière’, accélérant la crise financière générale et la décapitalisation de certaines banques. L’immobilier a accaparé des ressources qui ont été soustraites au développement industriel et à la promotion ou à la consolidation de millions de petites et moyennes entreprises, beaucoup d’entre elles ayant un caractère familial et jouant un rôle important dans la création d’emplois et dans le soutien apporté à l’économie.

La racine de nos problèmes ne vient cependant pas uniquement des difficultés économiques, mais aussi du désordre moral qui les a générées. L’expansion de l’économie est allé de pair, dans la société, avec un désir d’enrichissement facile, rapide et sans scrupules, qui a couvert le caractère illicite des moyens employés : des commissions d’intermédiaires élevées dans les opérations économiques et des lobbies qui ont pu compter sur la complicité de la classe politique, la fraude fiscale et l’endettement accéléré d’une société qui a vécu au-dessus des ses moyens réels, ajoutant des dettes individuelles à une dette souveraine déjà considérable.

Après le travail et les talents mis en jeu par des générations sacrifiées, le discrédit des vertus civiques et le manque de loyauté vis-à-vis des institutions ont informé la vie privée et publique : cela tire son origine dans une conception matérialiste de la vie, qui a protégé les égoïsmes dans les processus économiques et la recherche d’avantages politiques, en sacrifiant le bien commun à des intérêts sectoriels. On a souvent pratiqué un populisme irresponsable et immoral, avec des réponses à des demandes illimitées, parfois réelles, parfois créées artificiellement, sans la formulation des devoirs correspondants et sans prendre de mesures destinées à permettre une organisation viable de la production et la création d’emplois, en mesure d’intégrer les secteurs et les régions moins avantagés et la population très nombreuse des immigrés.

Malgré cela, il est important d’affirmer que l’Espagne est un pays qui a de grandes capacités, et que l’attaque de l’économie espagnole par les marchés ne correspond pas à la réalité du pays et à ses capacités à surmonter les difficultés actuelles. Une telle attaque est immorale : elle est en grande partie fondée sur la spéculation, ce qui rend plus difficile la sortie de la situation ainsi créée ; cela fait peser de lourdes conséquences sur les épaules des personnes le plus dans le besoin et des familles et cela bloque la création d’emplois dont l’effet, surtout sur les jeunes, est si grave.

Les solutions ne sont pas simples et représentent un défi pour les responsables de la vie publique et les experts, mais il n’est pas possible de contourner les principes éthiques, qui devraient orienter les décisions et les programmes tout autant que la gestion des secteurs sociaux. Le chômage est dégradant pour la dignité de l’être humain et le prive de l’espérance de développer ses facultés et ses dons, rendant impossible la contribution de chacun au corps social par son travail, qui est un instrument de développement personnel et spirituel. Les jeunes ont le droit d’avoir accès au marché du travail et à des opportunités de travail stable de leur choix, pour lesquelles ils se sont préparés pendant des années ; il faut qu’ils puissent construire leur avenir avec confiance, fonder une famille et envisager d’avoir des enfants à un âge adéquat.

Quel que soit l’instrument que l’on entend utiliser, la solution passe par un changement de mentalité qui fasse de la dignité de la personne humaine un critère essentiel du travail. Dans ce but, il est important de ne pas taire l’affirmation de Dieu comme fondement de l’ordre moral. Les Eglises (qui offrent une contribution inestimable au secteur de l’instruction et des services sociaux) apportent leur plus grande contribution en proposant une conception de l’homme et de la société fondée sur la vision transcendante de la vie humaine, qui exige le respect de la dignité de la personne et de ses droits fondamentaux.

En m’inspirant de la situation espagnole, qui est l’une des plus emblématiques du moment dans l’Union européenne, j’ajoute quelques considérations liées à la sphère de l’UE. Le « Pacte pour la croissance et pour l’emploi » approuvé par le dernier Conseil européen, fait référence à l’introduction d’une « Garantie pour les jeunes », destinée à fournir travail et formation professionnelle aux jeunes. Il faut cependant encourager un rôle plus actif et courageux de la part des employeurs pour promouvoir des possibilités de travail adéquates pour les jeunes.

Je voudrais m’arrêter sur un second domaine, celui des politiques UE pour les jeunes. Elles devraient aussi être couvertes, à partir de 2014, par le nouveau programme « Erasmus pour Tous », qui concerne aussi d’autres secteurs (instruction, formation et sport). Afin de garantir vraiment l’insertion de tous et de leur donner une réelle chance de participer aux programmes de l’Union européenne, la création de structures spéciales doit être soutenue grâce à des fonds UE, comme garantie de la mobilité des jeunes. Je me réfère, par exemple, à des infrastructures comme les agences ou les bureaux d’information et de conseil  pour les jeunes, souvent gérés par des organisations liées à l’Eglise.

L’objectif de la simplification des nouveaux programmes pour les fonds UE, qui constitue un élément important pour l’Union, est certainement souhaitable. Il ne faudrait pas cependant que cela entraîne des conséquences négatives comme celles-ci :

1)   la négligence de la spécificité d’une série de situations et de domaines, comme ceux que l’on vient de mentionner

2)   le financement d’un nombre d’actions réduit

3)   la compétition accrue entre grandes et petites entreprises.

Il me paraît souhaitable enfin que, sur les problématiques en question, la réflexion se poursuive dans le contexte de la prochaine « Année européenne des citoyens » (2013), en particulier sur le thème du lien entre soli
darité intergénérationnelle et participation sociale et politique des jeunes qui, après tout, constitueront à l’avenir une minorité (même si elle est importante).

Merci de votre attention.

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ZENIT Staff

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