Le pape déjeune avec des réfugiés syriens © L'Osservatore Romano

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Sant’Egidio à Bologne : «Seule la paix est sainte!», par Nour Essa, réfugiée syrienne

«Je remercie le pape pour son geste d’amour»

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« Ça suffit avec la violence, ça suffit avec la guerre ! Seule la paix est sainte ! » : ce sont les paroles lancées par Nour Essa, réfugiée syrienne en Italie. « La guerre ruine l’âme d’un peuple », affirme-t-elle.
Nour Essa est intervenue à la 32e rencontre internationale de prière pour la paix « Ponts de paix » qui s’est tenue du 14 au 16 octobre 2018 à Bologne, en Italie.
Issue d’une famille syro-palestinienne, elle a fui la Syrie avec son mari et son fils pour arriver – après 4 mois de voyage – en Grèce. Sa vie a changé le 16 avril 2016 lorsque le pape François les a conduits en Italie depuis Lesbos par avion, avec lui, avec deux autres familles de réfugiés. « Il nous a sauvés, affirme Nour : je remercie le pape pour son geste d’amour. »
Dans son intervention, Nour ne parle pas de « politique, mais seulement de la souffrance » de son peuple.
Voici l’intervention de Nour Essa traduite et publiée par la communauté de Sant’Egidio.
MD
Témoignage de Nour Essa 
Je m’appelle Nour Essa et je suis syrienne. J’ai quitté mon pays il y a trois ans avec mon mari et mon fils, Riad. Mon mari avait été mobilisé pour le service militaire, mais ni lui ni moi, ne voulions tuer nos frères. Pendant 4 mois, nous avons traversé une bonne partie de la Syrie, puis la Turquie et la Grèce. Pendant le voyage, nous sommes passés entre les mains de plusieurs passeurs, aussi bien des rebelles que Daesh ou encore des membres du régime syrien. Pour arriver jusqu’à l’île de Lesbos, j’ai dû payer 5000 dollars.
Nous nous sommes lancés dans ce terrible voyage sur la mer, entre la Turquie et la Grèce ; par trois fois, nous avons été reconduits en Turquie par les garde-côtes, nous avons chaviré une fois, j’ai eu vraiment peur pour mon fils qui avait tout juste un an et demi.
La Syrie, avant la guerre, était un modèle de cohabitation pacifique. Parmi mes meilleurs amis, il y a des chrétiens, des druzes et des alaouites. Nous fêtions ensemble Noël et l’Aïd, la fête musulmane. En Syrie, avant la guerre, mon mari et moi avions un bon travail, j’étais biologiste et lui paysagiste.
Quand la guerre a commencé, nous pensions que ce serait temporaire, que cela ne durerait pas, mais ensuite, la guerre s’est étendue à une autre ville, puis encore une autre. La guerre ruine l’âme d’un peuple, je me suis rendu compte que tout le monde commençait à regarder les autres de travers. Nous avons fui très tard, nous étions déjà en 2016, nous avons résisté avec mon mari, nous ne voulions pas quitter la Syrie, notre maison, notre travail, notre vie, nos amis.
Je viens d’une famille palestinienne, je suis née et j’ai toujours vécu en Syrie. Les syro-palestiniens font partie de ceux qui souffrent et qui ont beaucoup souffert à cause de la guerre.
La guerre a tout changé. Elle a commencé il y a 8 ans : plus de 500.000 morts et 6,3 millions réfugiés en dehors de la Syrie et autant de déplacés à l’intérieur du pays. À présent, la Syrie est détruite.
Aujourd’hui, je ne veux pas parler de politique, mais seulement de la souffrance de mon peuple. Car nous sommes face à une situation opaque, dans laquelle il est difficile de discerner celui qui a tort de celui qui a raison.
À l’heure actuelle, la population syrienne continue à vivre dans la misère sous les bombardements dans certaines zones du pays, sans eau ni électricité. Une population déçue, tourmentée par un double sentiment de peur et de colère. Une population qui, après des années de guerre, ne voit aucune amélioration et entrevoit peu de solutions pour trouver la paix.
Pour ma famille et moi, la vie a changé le 16 avril 2016 lorsque le pape François nous a conduits en Italie depuis Lesbos par avion, avec lui, avec deux autres familles de réfugiés. Il nous a sauvés : je remercie le pape pour son geste d’amour. Nous avons été accueillis par la Communauté de Sant’Egidio qui, à travers les couloirs humanitaires, a réussi à sauver de nombreuses familles, enfants, hommes, femmes, plus de 1.700 réfugiés. Nous vivons à Rome, nous sommes bien intégrés, mon mari et moi travaillons et cherchons à faire reconnaître nos diplômes. Nous sommes contents.
Aujourd’hui, je voudrais lancer un appel pour sauver notre peuple qui est resté. La paix ne pourra pas arriver à travers le lancement de missiles, mais seulement à travers le dialogue. L’utilisation des armes n’est pas une solution. Je prie pour que les nombreux enfants syriens aient le droit de vivre comme les autres enfants du monde. Mon fils a retrouvé le sourire après un an.
Ça suffit avec la violence, ça suffit avec la guerre !!
Seule la paix est sainte, pas la guerre !
Traduction de Sant’Egidio

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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