S. Jean-Paul II @ wikimedia commons

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Il y a 40 ans, un pape de derrière le Rideau de fer, apôtre de la Miséricorde

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« Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l’homme trouvera le bonheur! »

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Il y a quarante ans, le 16 octobre 1978, le conclave élisait pape l’archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla, un pape venu de derrière le Rideau de fer: un premier coup de boutoir dans le Mur de Berlin qui allait tomber onze ans plus tard, en 1989. Il allait faire entrer l’Eglise dans le Troisième millénaire et la confier à la Miséricorde divine agissant dans l’histoire.
Le premier pape venu de Pologne choisissait comme nom Jean-Paul II, pour signifier qu’il mettait ses pas dans ceux de Jean XXIII, de Paul VI et de Jean-Paul Ier. Son long pontificat allait marquer l’histoire de l’Eglise mais aussi celle des nations, au-delà de l’Europe, notamment par ses nombreux voyages sur les 5 continents.
L’histoire, « corrigée »
Un « vaticaniste » italien, Mimmo Muolo, a rappelé aujourd’hui les premières paroles de Jean-Paul II à la loggia des bénédictions de la basilique Saint-Pierre, en italien: « Se mi sbaglio, mi corigerete », en faisant comme volontairement une erreur (au lieu de: « corregerete »), qu’on pourrait traduire par « Si je me trompe, vous me corégerez ». Il parlait de son italien – appris pendant ses études, peaufiné au Concile Vatican II et pendant les synodes, pour la retraite prêchée au Vatican pour le carême 1976, les travaux dans les dicastères romains – « Mais c’est lui qui a corrigé l’histoire », fait observer le journaliste d’Avvenire, le quotidien catholique italien.
Le conclave, composé des mêmes cardinaux (111) que celui des 25-26 août 1978, sauf le cardinal Albino Luciani (Jean-Paul Ier),  a été convoqué après la mort de Jean-Paul Ier, on s’en souvient, le 28 septembre 1978, seulement trente-trois jours après son élection. Il débuta le 14 octobre et Karol Wojtyla fut élu au 8e tour de scrutin.
J’ai eu peur
Il apparut à la loggia des bénédictions vers 19h15, et avant la bénédiction Urbi et Orbi, il dit, en italien:
« Loué soit Jésus-Christ.  Très chers frères et sœurs, nous sommes encore tout attristés par la mort de notre très aimé pape Jean-Paul Ier. Et voilà que les éminents cardinaux ont appelé un nouvel évêque de Rome. Ils l’ont appelé d’un pays lointain, lointain, mais toujours si proche par la communion dans la foi et la Tradition chrétienne. J’ai eu peur en recevant cette nomination, mais je l’ai fait en esprit d’obéissance à Notre-Seigneur Jésus-Christ et de confiance totale à sa Mère, la Très Sainte Vierge.
Je ne sais si je peux bien m’expliquer dans votre…, dans notre langue italienne. Si je me trompe, vous me corrigerez. Et voilà, je me présente à vous tous, pour confesser notre foi commune, notre espérance, notre confiance en la Mère du Christ et de l’Église, et aussi pour recommencer de nouveau sur cette route de l’histoire et de l’Église, avec l’aide de Dieu, et avec l’aide des hommes. »
N’ayez pas peur!
Celui qui avoue « j’ai eu peur » dira quelques jours plus tard, lors de son « installation »: « N’ayez pas peur! » qui allait faire trembler au contraire ceux qui auraient voulu l’intimider: « N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. À sa puissance salvatrice, ouvrez les frontières des États, des systèmes politiques et économiques, les immenses domaines de la culture, de la civilisation et du développement. N’ayez pas peur ! Le Christ sait ce qu’il y a dans l’homme ! Et lui seul le sait! »
Son premier voyage dans sa patrie sera décisif avec cette autre fameuse homélie, place de la Victoire (cela ne s’invente pas) à Varsovie, le 2 juin 1979: « Et je crie, moi, fils de la terre polonaise, et en même temps moi, le pape Jean-Paul II, je crie du plus profond de ce millénaire, je crie la veille de la Pentecôte: Que descende ton Esprit ! Que descende ton Esprit ! Et qu’il renouvelle la face de la terre, de cette terre ! ».
De cette terre polonaise, il a reçu, par soeur Faustine Kowalska qu’il va béatifier et canoniser (la première sainte de l’An 2000) le message de la Miséricorde divine qui lui inspirera son encyclique « Dives in Misericordia », son pardon à celui qui a voulu l’assassiner le 13 mai 1981, place Saint-Pierre, et tous les actes de son pontificat.
La paix du monde et le bonheur de l’humanité
Il consacrera l’humanité à la miséricorde divine à Cracovie-Lagiewniki. En inaugurant le nouveau sanctuaire de la Miséricorde divine, le 17 août 2002, lors de son voyage en Pologne (16-18 août), il disait : « Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l’homme trouvera le bonheur! Je confie ce devoir, très chers frères et sœurs, à l’Eglise qui est à Cracovie et en Pologne, et à tous les fidèles de la Divine Miséricorde, qui viendront ici de Pologne et du monde entier. Soyez des témoins de la Miséricorde! »
Et au crépuscule de sa vie, il désignera la Miséricorde comme son héritage. Il avait préparé une allocution pour le Dimanche de la Miséricorde, 3 avril 2005, et il a voulu que le texte soit lu et publié en guise de message posthume : « Le Seigneur ressuscité offre en don à l’humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, par l’égoïsme et par la peur, son amour qui pardonne, qui réconcilie et ouvre à nouveau l’âme à l’espérance. C’est l’amour qui convertit les cœurs et qui donne la paix. Combien le monde a besoin de compréhension et d’accueillir la Divine Miséricorde ! »
A la fenêtre de la maison du Père
Benoît XVI avait en quelque sorte anticipé sa canonisation, en disant, lors de ses funérailles, le vendredi 8 avril 2005: « Nous pouvons être sûrs que notre Pape bien-aimé est maintenant à la fenêtre de la maison du Père, qu’il nous voit et qu’il nous bénit. Oui, puisses-tu nous bénir, Très Saint Père, nous confions ta chère âme à la Mère de Dieu, ta Mère, qui t’a conduit chaque jour et te conduira maintenant à la gloire éternelle de son Fils, Jésus Christ, notre Seigneur ». Il le béatifiera le 1er mai 2011.
En le canonisant (27 avril 2014), en convoquant un Jubilé de la miséricorde, le pape François a inscrit son pontificat dans cet héritage et il l’a enrichi.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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