« Deux peuples, Israéliens et Palestiniens, aspirent douloureusement à la paix », fait observer le président d’Israël Shimon Peres, à l’occasion du sommet de prière, dans les Jardins du Vatican, dimanche, 8 juin.
Le président, Prix Nobel de la paix 1994 a affirmé son espérance: « Remplis d’espérance et pleins de foi, avec vous, Sainteté, élevons tous un appel pour la paix entre les religions, entre les nations, entre les communautés et entre les hommes et les femmes. Que la véritable paix devienne bientôt et rapidement notre héritage. »
Il dit aussi cette conviction que la persévérance obtiendra la paix: « Si nous poursuivons la paix avec persévérance, avec foi, nous l’atteindrons. »
Voici notre traduction intégrale du discours du président israéelien.
Intervention du président Shimon Peres
Sainteté Pape François,
Excellence Monsieur le président Mahmoud Abbas,
Je suis venu de la Ville sainte de Jérusalem pour vous remercier de votre exceptionnelle invitation. La Ville sainte de Jérusalem est le cœur battant du peuple juif. En hébreu, notre langue ancienne, le mot « Jérusalem » et le mot « paix » ont la même racine. Et bien sûr, la paix est la vision de Jérusalem.
Comme le dit le Livre des psaumes :
<em>« Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! »
À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : « Paix sur toi ! »
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien. »
Au cours de votre visite historique en Terre Sainte, vous nous avez touchés par la chaleur de votre cœur, la sincérité de vos intentions, votre modestie et votre délicatesse. Vous avez touché le cœur des personnes, quelle que soit leur foi ou leur nationalité. Vous êtes apparu comme un constructeur de pont de la fraternité et de la paix. Nous avons tous besoin de cette inspiration qui accompagne votre personnalité et votre chemin.
Merci.
Deux peuples, Israéliens et Palestiniens, aspirent douloureusement à la paix. Les larmes des mères pour leurs enfants sont encore gravées dans nos cœurs. Nous devons mettre fin aux pleurs, à la violence et au conflit. Nous avons tous besoin de la paix. La paix entre parties égales.
L’invitation, que vous nous avez adressée, de nous joindre à vous en cette cérémonie historique afin de lancer un appel pour la paix, ici, dans les Jardins du Vatican, en présence de responsables juifs, chrétiens, musulmans et druzes, reflète heureusement votre vision d’une aspiration que nous partageons tous : la paix.
En cette émouvante occasion, remplis d’espérance et pleins de foi, avec vous, Sainteté, élevons tous un appel pour la paix entre les religions, entre les nations, entre les communautés et entre les hommes et les femmes. Que la véritable paix devienne bientôt et rapidement notre héritage.
Notre Livre des Livres nous recommande la voie de la paix, exige que nous nous employions à la réaliser.
Il est dit dans le Livre des proverbes :
« Ses chemins sont chemins de délices, tous ses sentiers, des lieux de paix. »
Tels doivent être aussi nos chemins. Des chemins de délices et de paix. Ce n’est pas un hasard si le Rabbin Akiva résumait en une phrase l’essence de notre Torah : « Aime ton prochain comme toi-même. » Nous sommes tous égaux devant le Seigneur. Nous faisons tous partie de la famille humaine. En effet, sans la paix, nous ne sommes pas complets et pourtant, nous avons à accomplir la mission de l’humanité.
La paix ne vient pas facilement. Nous devons nous employer à l’atteindre de toutes nos forces. L’atteindre rapidement. Même si cela exige des sacrifices ou des compromis.
Le Livre des psaumes nous dit : « Qui donc aime la vie et désire les jours où il verra le bonheur ? Garde ta langue du mal et tes lèvres des paroles perfides. Évite le mal, fais ce qui est bien, poursuis la paix, recherche-la. »
Cela signifie que nous recevons l’ordre de poursuivre la paix. Tous les ans. Tous les jours. Nous nous saluons par cette bénédiction. Shalom. Salam. Nous devons être dignes de la signification profonde et exigeante de cette bénédiction. Même lorsque la paix semble éloignée, nous devons la poursuivre pour la rapprocher.
Et si nous poursuivons la paix avec persévérance, avec foi, nous l’atteindrons.
Et elle perdurera par nous, à travers nous tous, quelle que soit notre foi, quelle que soit notre nation, comme il est écrit :
« De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. »
L’âme est remplie de joie à la lecture de ces versets sur la vision éternelle. Et nous pouvons – ensemble et maintenant, Israéliens et Palestiniens, convertir notre noble vision en une réalité de bien-être et de prospérité. Il est en notre pouvoir d’apporter la paix à nos enfants. C’est notre devoir, la sainte mission des parents.
Permettez-moi de conclure par une prière : Que celui qui fait la paix dans les cieux fasse la paix sur nous et sur tout Israël, et sur le monde entier, et disons Amen.
Traduction de Constance Roques