Les vertus héroïques du prêtre diocésain polonais Wladyslaw Kornilowicz (1884-1946), théologien, fondateur de mouvements de jeunesse, ont été reconnues par le pape François lors d’une audience accordée au cardinal Angelo Becciu, le 5 juillet 2019. La reconnaissance d’un miracle ouvrirait ensuite la porte à sa béatification.
Le pape a approuvé la publication de huit décrets de la Congrégation pour les causes des saints pour un miracle et des vertus héroïques de sept baptisés – un patriarche, deux évêques, deux prêtres, une religieuse et un laïc.
Fondateur de mouvements de jeunesse, artisan du renouveau catholique dans la Pologne indépendante, père Wladyslaw Kornilowicz a aussi été un apôtre d’une liturgie mieux adaptée aux besoins des fidèles, le co-fondateur d’un centre d’édition et de la revue Verbum (1934-1939) et d’une bibliothèque des sciences religieuses.
Il a été le directeur spirituel de la Congrégation des Sœurs franciscaines servantes de la Croix, dont le but apostolique est l’éducation des jeunes aveugles et le service du monde des incroyants.
Le père Wladyslaw Kornilowicz est né le 5 août 1884 à Varsovie. Dans cette même ville, il fait ses études au lycée. Plus tard, il entreprend – à la demande de son père, psychiatre réputé – des études de sciences naturelles à Zurich (Suisse), mais il les abandonne et il rejoint, en 1905, le Séminaire de Varsovie. Dans les années 1906-1914, il étudie la philosophie et la théologie à Fribourg (Suisse).
De retour en Pologne, il est ordonné prêtre le 6 avril 1912 à Cracovie. Pendant la Première Guerre mondiale, il est l’aumônier à Zakopane, où il travaille particulièrement parmi les jeunes. Dans les années 1916-1918, il est vicaire et préfet des écoles de Varsovie, archiviste et notaire à la curie métropolitaine.
Dans les années 1918-1920, il est aumônier militaire et il célèbre la messe dans les tranchées de la guerre polono-bolchevique, il confesse des soldats.
Au tournant des années 1920-1921, en tant que secrétaire de l’archevêque Sapieha, il effectue un voyage de deux mois en Autriche, en Italie, en France et en Belgique où il rencontre personnellement d’éminents représentants du thomisme : le cardinal Désir Mercier et le célèbre philosophe français Jacques Maritain.
Après son retour à Varsovie, p. Kornilowicz commence un travail apostolique plus large auprès de la jeune intelligentsia, en créant le groupe appelé « Kólko ». Au centre des intérêts des membres de groupe, outre l’approfondissement de la formation intellectuelle, il y a des problèmes sociaux, philosophiques et professionnels.
En 1918, P. Wladyslaw rencontre Mère Elzbieta Czacka, fondatrice de la congrégation des Sœurs franciscaines servantes de la Croix, pour le service des aveugles. Il devient directeur spirituel de la communauté en s’impliquant de plus en plus dans l’œuvre de Mère Czacka et en devenant membre du conseil d’administration de la Société au service des aveugles.
Dans les années 1922-1930, il dirige le Collège des prêtres de l’Université catholique de Lublin et il travaille à la formation de prêtres. Il enseigne également l’éthique et la liturgie dans cette même université et s’occupe d’écoliers, d’étudiants et d’organisations d’intelligentsia catholique. À partir de cette période, il se lie de l’amitié profonde avec le p. Stefan Wyszynski, plus tard cardinal et primat de Pologne.
En 1930, il s’installe définitivement à Lasek où, en étroite collaboration avec Mère Czacka, il façonne la spiritualité de la Congrégation des Sœurs franciscaines servantes de la Croix. En même temps, il exerce un ministère intensif du confesseur et de directeur de retraites spirituelles, embrassant le vaste cercle de la jeune intelligentsia catholique ainsi que des prêtres et des religieuses. Il est particulièrement zélé envers les non-croyants ou les personnes indifférentes sur le plan religieux. Au travers de son ministère sacerdotal, toute une série de conversions de non-croyants a lieu.
À son initiative, une maison de retraites est créée à Laski. Des retraites individuelles ou en groupe ont lieu tout au long de l’année pour les personnes qui souhaitent se réconcilier avec Dieu ou approfondir leur vie intérieure.
« Le père » – comme on l’appelle couramment à Laski – suscite un vif intérêt pour la pensée thomiste, accordant une grande importance au fondement de la foi doctrinale.
En 1931, il crée une librairie, le centre d’édition et la revue Verbum qui – dans les années 1934-1939 – occupe une position de leader parmi les magazines catholiques du pays.
L’occupation nazie n’interrompt pas la fervente activité pastorale du père Kornilowicz. Forcé de se cacher des Allemands et d’aller à Zulow, il se rend dans de nombreuses demeures amicales, devenues un lieu de réunions, de conférences et de retraites. Il prépare à la prêtrise quelques jeunes hommes, dont trois, après avoir terminé le séminaire, sont ordonnés prêtres.
En 1942, une tumeur cancéreuse est diagnostiquée chez p. Kornilowicz. Il subit deux opérations, mais il continue son travail pastoral. Jusqu’à la fin, à l’hôpital et à Laski, il accueille les gens et les écoute avec amour et encouragement, malgré la perte de la parole.
Il décède à Laski le 26 septembre 1946.
Le 27 septembre 1978, le cardinal primat de Pologne Wyszynski ouvre le procès d’information sur la vie et les vertus du père Kornilowicz. En juin 1995, le procès au niveau diocésain est achevé et les dossiers sont envoyés à Rome, à la Congrégation pour les causes des saints.
P. Wladyslaw Kornilowicz @ Archives de Laski (Pologne), DP
Pologne : le père Wladyslaw Kornilowicz, «héroïque»
Un artisan du renouveau catholique en Pologne