"Personne ne peut être libre si d'autres sont esclaves"

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Le card. Parolin conclut sa visite en Pologne

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En mettant « la solidarité à la base de la liberté », les Polonais ont rappelé que « personne ne peut être complètement libre quand d’autres sont esclaves et que seule une opposition solidaire à toute forme d’esclavage peut protéger la liberté de chaque personne », déclare le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin.

Le cardinal était en visite en Pologne du 1er au 4 juin, pour les 25 ans des premières élections partiellement libres dans le pays. Une visite qu’il a conclue en célébrant une messe d’action de grâce à la cathédrale de Varsovie, en présence des plus hautes autorités de la République. L’édition italienne de L’Osservatore Romano du 5 juin 2014 rapporte des extraits de son homélie.

Le cardinal a rappelé les paroles de Jean-Paul lors de son voyage à Varsovie le 2 juin 1979 : « Et je crie, moi, fils de la terre polonaise, et en même temps moi, le pape Jean-Paul II, je crie du plus profond de ce millénaire, je crie la veille de la Pentecôte: Que descende ton Esprit ! Que descende ton Esprit ! Et qu’il renouvelle la face de la terre de cette terre ! ».

A l’époque, a-t-il fait observer, « rien ne laissait encore présager un changement de route. Le pays vivait dans un climat d’oppression, mais les Polonais restèrent fidèles à Dieu et à l’Église ». Et dès l’année suivante « l’Esprit-Saint donna au peuple une forte impulsion pour qu’il commence à s’organiser et à lutter pour ses droits ».

Ce fut la naissance de Solidarnosc en 1980, mouvement « dont les activités furent déterminantes » et « durant toute cette période, l’Église en Pologne soutint explicitement et sous différentes formes le souffle du peuple » : « en huit ans on arriva aux élections partiellement libres du 4 juin 1989 ».

« En appelant « Solidarité » (Solidarnosc) le mouvement d’opposition au régime autoritaire, vous avez clairement mis la solidarité à la base de la liberté. Vous avez rappelé ainsi que personne ne peut être complètement libre quand d’autres, autour de lui, sont esclaves, et que seule une opposition solidaire à toute forme d’esclavage peut protéger la liberté de chaque personne », a souligné le cardinal, saluant dans l’exemple des Polonais « une source d’inspiration et un exemple ».

Dans cette perspective, a-t-il estimé, les Polonais ont relancé le primat « de la moralité en politique », en luttant contre le communisme « avec des méthodes pacifiques », en répondant « à la force physique par la seule force spirituelle » et en témoignant que « le courage d’une vie vraie et authentique est l’unique remède efficace contre la violence d’un État autoritaire ».

Au point d’ailleurs que « le changement, qui a eu lieu sans effusion de sang, a marqué une grande victoire du bon sens et de la moralité sur le cynisme du système en vigueur ». Même si, a ajouté le cardinal, « le tournant marqua » pour le pays « le début d’un cheminement difficile », et qu’il fallut « beaucoup d’efforts pour consolider les structures de l’État démocratique ».

«  L’héritage de ces changements commencés il y a 25 ans par des personnes qui ont décidé de réaliser leur liberté, en prenant sur eux la responsabilité du destin de leur patrie, est aujourd’hui confiée à la génération d’aujourd’hui et à celles de demain », a poursuivi le cardinal : « De vous et des prochaines générations dépendent les modalités concrètes de la liberté en Pologne. »

Il a insisté sur l’urgence de ce devoir, à une époque de difficulté économique et matérielle où « beaucoup ont commencé à perdre peu à peu cet enthousiasme initial pour la liberté », remplacé par « un certain scepticisme » voire même « une incertitude existentielle », en Pologne et dans d’autres pays d’Europe.

Avec une traduction d’Océane Le Gall

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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