Paul Bablot © Radio Vatican

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Paul Bablot ou l'Asie à vélo pour rencontrer les communautés chrétiennes

Grâce à Staline, la présence chrétienne en Asie centrale !

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Paul Bablot est achève une aventure d’un an, à bicyclette, entre la Thaïlande et Paris, à la rencontre des communautés chrétiennes d’Asie: Cyprien Viet l’a rencontré pour Radio Vatican en français, mardi 21 novembre 2017.
Après un an de volontariat avec les Missions étrangères de Paris en Thaïlande auprès de la minorité karen, Paul Bablot s’est lancé fin 2016 dans un périple de 15 000 km à vélo à travers 23 pays à la rencontre es chrétiens d’Asie., de façon à mettre en lumière la ferveur des communautés chrétiennes locales, souvent peu connues du public occidental.
Arrivé à Rome le 18 novembre, il a participé à la messe matinale du pape François qui l’a encouragé à témoignage de la ferveur de ces communautés : ce que le pape lui-même va faire la semaine prochaine en Birmanie et au Bangladesh, alors que les chrétiens d’Asie sont son intention de prière de novembre. Transcription de ZENIT. Récit.
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Du diocèse de mission au diocèse d’origine
Durant cette année de volontariat avec les Karen, j’ai travaillé avec des missionnaires et des prêtres locaux qui travaillent avec des chrétiens qui finalement sont complètement oubliés. Et dont personne n’a connaissance, donc cela reste extrêmement confidentiel. Et même mes amis pourtant assez engagés dans l’Eglise découvraient et étaient étonnés, et même stupéfaits de voir la ferveur qui pouvait régner dans ces communautés, dans les montagnes, parfois à trois, quatre, cinq heures de marche dans la jungle pour arriver dans des villages chrétiens. Au fur et à mesure du temps, des mois, j’avais envie de faire mieux connaître ces communautés chrétiennes, et je me suis dit que ce serait une bonne idée de relier mon diocèse de mission à mon diocèse d’origine, de Paris. Et donc j’ai cherché un moyen de faire cela et en étant suffisamment indépendant. Le vélo s’est imposé plus ou moins rapidement à moi alors que je ne faisais absolument jamais de vélo en France.
L’itinéraire
Je suis passé de Thaïlande, au Laos, au Vietnam, en Chine, où j’ai passé Noël, avec l’Eglise cachée de Chine, puis le Kazakhstan, le Kyrgyzstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, l’Iran, l’Arménie, la Géorgie, la Turquie, puis Chypre, le Liban, la Jordanie, la Terre Sainte, à nouveau Chypre et la Turquie, puis un bateau jusqu’à Athènes, pour arriver en Europe, la Macédoine, la Serbie, la Croatie, et désormais l’Italie et le Vatican.
Les chrétiens de Chine
J’ai été extrêmement étonné qu’ils ne soient pas si cachés qu’on le dit. J’ai passé Noël dans une vallée dans le Yunan, et là vous avez cinq à six villages qui sont le long de la vallée avec des églises qui sont bien visibles, et certaines ont été reconstruites ces dernières années, et au milieu, vous avez la maison du patron local du parti communiste. Il sait très bien qu’il y a des chrétiens dans la région. Il y a quand même une vraie tolérance parce que les chrétiens ne sont pas cachés dans le sens où ils ne sont pas « sous-terre ». Mais ce n’est pas l’Eglise qui est en lien avec Pékin, c’est l’Eglise qui est liée à Rome et donc en communion avec Rome. C’est là qu’on se rend compte que la notion d’Eglise cachée est beaucoup plus nuancée et le problème est plus complexe qu’on ne veut nous le faire croire en Europe.
Les chrétiens des pays de l’ex-URSS
Principalement des orthodoxes. Mais il faut revenir au IIIe s. parce que dès le IIIe s. vous avez une présence chrétienne, il y a des « nestoriens » – avant qu’ils ne se fassent excommunier -. Les nestoriens sont arrivés dans cette région, ils ont construit des monastères, des églises. Puis vers les VIIe-VIIIe s. il y a eu pas mal de persécutions. On retrouve au XIIe s. notamment sous saint Louis, des missions franciscaines qui reviennent. Puis depuis les années 1200 jusqu’en 1900, il n’y a aucune présence chrétienne. Les chrétiens ont été complètement éradiqués. Et là, Staline déporte au début du XXe s . des dizaines, voire centaines de milliers de Polonais et d’Allemands, chrétiens, catholiques principalement, mais aussi des orthodoxes, et donc c’est Staline qui amène la chrétienté contemporaine en Asie centrale. C’est le bon mot de Mgr José Luís Mumbiela Sierra, l’évêque d’Almaty, au Kazakhstan, qui disait : « Staline, c’est le plus grand missionnaire de la région ! » Grâce à lui on a une présence chrétienne aujourd’hui. Et cela m’a marqué parce qu’à Almaty, l’ancienne capitale du Kazakhstan, vous avez une cathédrale, la cathédrale du Sacré-Cœur, qui a été construite dans les années soixante. Mais pendant cinquante ans, tous les ans, la communauté catholique demandait la permission de construire une église. C’était à chaque fois refusé, et puis un jour, on ne sait pas pourquoi, la demande a été acceptée : tous les ans, ils refaisaient la demande ! Et cette fois-là, cela a été accepté, ils ont pu construire une cathédrale.
En Arménie
Il y a une vraie ferveur populaire. Déjà, quand on arrive d’Iran et de tous ces pays d’Asie centrale, cela fait beaucoup de bien de voir des croix, des calvaires un peu partout, et une vraie ferveur populaire, c’est très beau. Et puis ces monastères qui parsèment le pays. J’ai été extrêmement ému de Tatev notamment et après de Khor Virap et des monastères dans le Haut-Karakakh.
La rencontre des musulmans
Je ne cachais pas que j’étais chrétien. Et ce sont des pays où, en Orient, on a une religion : c’est un concept qui pour eux est absolument improbable de se dire athée ou de ne pas avoir de religion. Donc forcément, c’était : « Tu es Français, donc tu es chrétien. » Et d’ailleurs c’est intéressant : pour toutes ces personnes, on est Français donc on est chrétien. Et souvent, on a un accueil chaleureux et une vraie tradition de l’accueil de l’étranger, quel qu’il soit, et donc, j’ai pu avoir aussi des discussions de foi, de théologie, un peu, avec certaines personnes, plus en Iran qu’en Turquie, mais on voit qu’il y a une vraie recherche de connaissance.
Et en Iran, c’est paradoxal, parce que l’islam est religion d’Etat, vous avez des persécutions réelles envers les chrétiens mais pas directes, c’est insidieux : ils n’ont pas le droit par exemple de travailler dans tout ce qui est métiers de restauration, ils n’ont pas le droit de travailler dans l’administration, dans les banques, et il se font quand même petit à petit sortir du pays. C’est très difficile. Un missionnaire que j’ai rencontré, qui est là bas depuis cinquante ans, m’a dit qu’il voyait la communauté chrétienne, diminuer, diminuer.
Et à côté de cela vous avez l’université des religions à Qom, un peu au sud de Téhéran, qui vient de finir la traduction, avec le Saint-Siège, du Catéchisme de l’Eglise catholique en persan, en fars. Et ils avaient déjà traduit une partie du Pentateuque, et là ils s’attèlent désormais aux Evangiles, et ce n’est pas une traduction qu’ils font de pleur côté, c’est vraiment une traduction avec le Saint-Siège, une véritable traduction. L’Iran est un pays de paradoxes, donc je n’étais pas à un paradoxe près. J’ai été à peine surpris quand le nonce m’a annoncé cela. Il m’a dit : « Voilà ce que l’on vient de terminer avec l’Université des religions de Qom ! » Ce qui montre qu’un dialogue est possible : il y a des questions théologiques et une vraie recherche pour savoir ce que c’est que le christianisme, dans ces universités, de comprendre ce que c’est. Pour les conversions, c’est le Saint-Esprit qui travaille ! Au moins du pont de vue universitaire, savoir ce qu’il en est.
Le retour en Europe 
Il n’y a pas ce côté très chaleureux de l’Orient d’une façon très générale, mais c’est beaucoup plus facile de rencontrer des chrétiens ! Et l’idée de ce voyage c’était vraiment de rendre témoignage à ces communautés chrétiennes qui sont sur la route, et donc, notamment celles qui sont en France, en Italie et sur la route. C’est vrai qu’on peut être un peu désarçonné, de cette froideur. Cela n’a plus rien d’extraordinaire de rencontrer un chrétien pour moi dans le sens où j’en vois tous les jours et presque tous les cent mètres. C’est sûr, en Iran, on n’en voit pas tous les jours. Mais il faut aussi se réjouir de la simplicité de ce que l’on peut voir au quotidien. Je ne suis pas déçu d’arriver en Europe, je suis heureux. Et d’un point de vue très pratique, c’est beaucoup plus facile : on retrouve les repères que l’on connaît. Il y a un côté plus facile pour s’abandonner à la Providence, quand du point de vue matériel il n’y a aucun problème ! C’est plus facile : il fait beaucoup moins froid qu’en Chine !
Rencontre avec le pape
J’ai eu la grande grâce de pouvoir assister à sa messe matinale et à la fin nous avons discuté rapidement. Je lui ai demandé de signer mon livre d’or, en lui expliquant le périple. Il m’a dit : « Merci pour ce que tu fais parce que tu vas rendre témoignage et tu vas montrer aux Européens, aux Français, toutes ces communautés chrétiennes, et on a besoin de personnes comme toi qui font cela. » J’étais très honoré et un petit peu gêné parce que ma petite promenade à vélo, qu’elle puisse avoir un retentissement comme cela ! Je vais prendre au mot le Pape François.
Le voyage en Birmanie et au Bangladesh
Je suis touché parce que j’ai passé un an à la frontière birmane, qui était de l’autre côté du fleuve qui est au bout du jardin, et j’ai pu arpenter la Birmanie en rencontrant des chrétiens. Et c’est vraiment des belles communautés qui ont une foi fidèle, et c’est cela qui est impressionnant, c’est de voir que finalement plus les épreuves ont été difficiles, plus leur foi est vive. Et c’est un beau message que le pape veut adresser aux Européens en allant visiter ces périphéries, ces chrétiens qui sont rarement mis au premier plan.
Avec un enregistrement de Radio Vatican (Cyprien Viet)
 
 
 
 
 
 
 

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Rédaction

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