Card. Parolin, 150 ans du Bambino Gesù © capture de Zenit / Vatican News

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ONU : le card. Parolin plaide pour la ratification du Traité d’interdiction des essais nucléaires

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Il invite à une « éthique mondiale de la responsabilité »

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La délégation du Saint-Siège se joint « aux autres délégations pour réitérer » leur « appel pressant aux États dont la ratification est nécessaire » pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires « puisse entrer en vigueur et progresser vers la ratification ». « Ce faisant, a souligné le cardinal, ces États ont l’occasion de faire preuve de sagesse, de courage et d’engagement en faveur de la paix et du bien commun de tous ».

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, chef de la délégation du Saint-Siège à la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale des Nations Unies, est intervenu à la XIe Conférence pour faciliter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, à New York, le 25 septembre 2019.

« La paix précaire promise par la dissuasion nucléaire s’est avérée à maintes reprises illusoire », a affirmé le cardinal Parolin. Il faut, a-t-il expliqué, « remplacer cette logique de la peur et de la méfiance » par une « éthique mondiale de la responsabilité ». C’est pourquoi, « dans un contexte de tensions accrues », l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires serait « une manifestation importante de l’attachement à cette éthique de la responsabilité ».

Voici notre traduction du discours du cardinal Parolin.

HG

Discours du cardinal Pietro Parolin

Monsieur le Président,

Le Saint-Siège a ratifié le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et y adhère en tant qu’expression de sa conviction de longue date que l’interdiction des essais nucléaires, la non-prolifération nucléaire et le désarmement nucléaire « sont étroitement liés et doivent être réalisés aussi rapidement que possible sous un contrôle international efficace ». (1) Étant donné l’importance que le Saint-Siège accorde au TICE comme élément essentiel des efforts multilatéraux pour promouvoir la paix et la sécurité mondiale, chaque nouvelle année sans entrée en vigueur du Traité est un rappel brutal que la promesse et l’espoir qui lui ont été transmis ne sont toujours pas réalisés. Le Saint-Siège se réjouit donc de participer à cette Conférence – et confirme ainsi une fois de plus que toutes les mesures, tous les efforts et toutes les discussions visant à l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires bénéficient du plein appui du Saint-Siège.

Ma délégation est heureuse de se joindre aux autres délégations pour réitérer notre appel pressant aux États dont la ratification est nécessaire pour que le Traité puisse entrer en vigueur et progresser vers la ratification. Ce faisant, ces États ont l’occasion de faire preuve de sagesse, de courage et d’engagement en faveur de la paix et du bien commun de tous.

L’entrée en vigueur du TICE est d’autant plus impérative si l’on considère les menaces contemporaines contre la paix, qu’il s’agisse des défis permanents de la prolifération nucléaire ou de la modernisation majeure des arsenaux nucléaires de certains des États dotés d’armes nucléaires. Tant la prolifération nucléaire que les nouveaux programmes de modernisation sont contraires aux principes fondamentaux du TICE et, plus important encore, ils sapent la sécurité internationale. En outre, comme l’a noté le pape François, « l’escalade de la course aux armements se poursuit sans relâche et le prix de la modernisation et de la mise au point d’armes, et pas seulement d’armes nucléaires, représente une dépense considérable pour les nations. En conséquence, les véritables priorités de notre famille humaine, telles que la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix, la réalisation de projets éducatifs, écologiques et sanitaires et le développement des droits de l’homme, sont relégués au second plan ». (2)

Monsieur le Président,

Tout en étant réalistes quant aux défis à relever pour parvenir à un monde exempt d’armes nucléaires, les difficultés posées par le statu quo ante des tensions croissantes, la prolifération continue et les programmes de modernisation sont beaucoup plus décourageants. Les armes nucléaires offrent un faux sentiment de sécurité. La paix précaire promise par la dissuasion nucléaire s’est avérée à maintes reprises illusoire. Les armes nucléaires ne peuvent pas créer un monde stable et sûr. Une paix et une sécurité internationales durables ne peuvent être fondées sur la destruction mutuelle assurée ou sur la menace d’anéantissement.

En fait, le pape François a dit clairement que cette escalade nucléaire est moralement inacceptable : « La dissuasion nucléaire et la menace de destruction mutuelle assurée ne peuvent être à la base d’une éthique de fraternité et de coexistence pacifique » (3). Lors d’un colloque international en 2017, Sa Sainteté s’est déclaré gravement préoccupé par les effets humanitaires et environnementaux catastrophiques de l’emploi des armes nucléaires et a noté le risque d’une explosion accidentelle due à une quelconque erreur. (4)

Les essais nucléaires impliquent le rejet important et incontrôlé de matières radioactives directement dans l’environnement. Comme l’a dit le pape François, « l’environnement naturel est un bien collectif, le patrimoine de l’humanité tout entière et la responsabilité de tous. Si nous nous approprions quelque chose, c’est seulement pour l’administrer pour le bien de tous. Si nous ne le faisons pas, nous chargeons notre conscience du poids d’avoir nié l’existence des autres ». (6)

Le régime de non-prolifération doit œuvrer aussi inlassablement en faveur d’une interdiction complète des essais nucléaires qu’il le fait pour le désarmement nucléaire. C’est pourquoi le Saint-Siège a signé et ratifié le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires dans le but de passer de la dissuasion nucléaire à un monde entièrement exempt d’armes nucléaires (7), et a affirmé que les armes nucléaires sont des armes de destruction massive et environnementale. (8)

Monsieur le Président,

La paix qui repose sur l’équilibre des pouvoirs, les menaces et les contre-menaces, et finalement la peur, est une paix instable et fausse. Pour répondre de manière adéquate aux défis du XXIe siècle, il est essentiel de remplacer cette logique de la peur et de la méfiance par une éthique de la responsabilité, et de favoriser ainsi un climat de confiance qui valorise le dialogue multilatéral par une coopération cohérente et responsable entre tous les membres de la communauté internationale. Cela exige, comme le pape François l’a dit au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège au début de cette année, que la communauté internationale reconnaisse que « la condition indispensable au succès de la diplomatie multilatérale est la bonne volonté et la bonne foi des parties, leur volonté de traiter les uns avec les autres de manière juste et honnête et leur ouverture aux compromis inévitables découlant des différends ». (9) Les normes consacrées par la Charte des Nations Unies, le droit international humanitaire, le désarmement et le contrôle des armes ainsi que d’autres éléments du droit international représentent un engagement indispensable en faveur de la sécurité coopérative et une incarnation juridique de cette éthique mondiale de la responsabilité qui est maintenant si nécessaire.

Dans un contexte de tensions accrues, l’entrée en vigueur du TICE serait une mesure de confiance essentielle et une manifestation importante de l’attachement à cette éthique de la responsabilité. Plus de deux décennies, c’est trop long pour démontrer cet engagement.

Merci, Monsieur le Président.

  1. Cf. Déclaration du Saint-Siège jointe à l’instrument d’adhésion au TICE, 24 septembre 1996.
  2. Cf. Pape François, Message au Colloque international sur les perspectives d’un monde exempt d’armes nucléaires et pour un désarmement intégré, 10 novembre 2017.
  3. Cf. Pape François, Message à l’occasion de la Conférence de Vienne sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, 7 décembre 2014.
  4. Cf. Pape François, Message au Colloque international sur les perspectives d’un monde exempt d’armes nucléaires et pour un désarmement intégré. 10 novembre 2017.
  5. Cf. Rapport de l’UNSCEAR 2000 à l’Assemblée générale, Expositions du public à des sources artificielles de rayonnement. Volume I, annexe C, p. 158 à 180. Nations Unies, New York, 2000.
  6. Cf. Pape François, Lettre encyclique Laudato Si’, §95. 24 mai 2015.
  7. Cf. Pape François, Message à la Conférence des Nations Unies pour la négociation d’un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires, en vue de leur élimination totale. 23 mars 2017.
  8. Cf. Déclaration du Saint-Siège à la 62ème Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique, 17 septembre 2018.
  9. Pape François, Discours aux membres du corps diplomatique accrédités auprès du Saint-Siège pour l’échange traditionnel des vœux du Nouvel An, 7 janvier 2019.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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