Audience au Congrès juif mondial, WJC © L'Osservatore Romano

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Notre tâche c'est l'amitié, dit le pape au Congrès juif mondial

Dialoguer aussi avec les musulmans

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Notre tâche c’est « l’amitié », a déclaré en substance le pape François lundi dernier,  26 septembre 2016, à Sainte Marthe: le pape y a reçu une vingtaine de membres du Congrès juif mondial (World Jewish Congress WJC).  L’Osservatore Romano du 28 septembre rapporte des extraits de leur dialogue sur les thèmes de l’amitié entre religions, de l’intégration des migrants, des persécutions et des récents accords de paix en Colombie.

A l’occasion du nouvel an juif, Roch Hachana (3 et 4 octobre), l’un des interlocuteurs a tendu hommage au pape : « Vous avez été un ami sincère des juifs et nous vous remercions beaucoup pour tout ce que vous faites ». Le pape François a remercié « pour cette visite si amicale » et pour « l’effort de rapprochement, parce que la proximité est une bénédiction de Dieu ». « Quand nous nous éloignons, a-t-il prévenu, les choses désagréables, les antipathies, les guerres arrivent ».

La proximité entre juifs et chrétiens « n’est pas seulement physique, de bonne éducation », elle est « essentielle », a assuré le pape : « Nous sommes les enfants d’Abraham ! (…) On ne peut comprendre le christianisme sans ses racines juives. Et c’est pourquoi un chrétien ne peut pas être antisémite ».

Notre tâche, l’amitié

Le pape a encouragé à rejoindre aussi les musulmans : « N’ayez pas peur de parler ! (…) C’est vrai que ces derniers temps sont nés des groupes forts de terrorisme, qui ont blessé les chrétiens, les juifs, les yézidis, beaucoup de monde et beaucoup de minorités au Moyen-Orient ». Et le pape François de mettre en garde : « Le fondamentalisme c’est l’ennemi du dialogue. Nous aussi, chrétiens, catholiques, nous en avons quelques petits groupes ».

Il s’agit d’échanger « avec les gens calmes », « avec ceux qui ne sont pas fondamentalistes, avec ceux qui ont une attitude amicale, fraternelle, il faut parler comme des frères, (…) coexister, avec amitié ». Les théologiens ont pour tâche la discussion théologique, « la nôtre, c’est l’amitié », a insisté le pape. Il a confié qu’il avait « beaucoup d’amis juifs » : « Prier les uns pour les autres fait du bien ».

« Il faut lier amitié » au-delà des différences religieuses, a poursuivi le pape François en donnant l’exemple des trois familles réfugiées musulmanes revenues avec lui de l’île de Lesbos, le 16 avril dernier. Trois familles, a-t-il assuré, qui sont un exemple positif d’intégration : les cinq enfants syriens, déjà trois jours après leur arrivée « étaient à l’école, pour s’intégrer ». Et quand « quelques mois plus tard je les ai invités à déjeuner (le 11 août, ndlr), a raconté le pape, les enfants parlaient l’italien comme leur langue maternelle ».

Recevoir sans intégrer est mauvais

Le pape François a alors invité à chercher une « double expérience : être reçus et être intégrés ». « Recevoir sans intégrer est mauvais », a-t-il affirmé: face aux dangers de l’immigration, « la solution c’est l’intégration » et une intégration « à double sens : eux aussi doivent accepter d’être intégrés ».

« L’Europe a vieilli » et se « fatigue », a encore constaté le pape : elle qui « a été faite de tant de migrations, dans l’histoire, qui l’ont enrichie, (…) se ferme : tous les pays se ferment pour se défendre ». Pour le pape argentin, « l’Europe manque de créativité ».

Colombie, un commencement

Au fil du dialogue, le pape François a souligné qu’il y avait « trop de silence » sur les « persécutions », notamment les persécutions « des chrétiens, (…) des pauvres yézidis, que personne ne veut » et du peuple juif. C’est pourquoi, a-t-il exhorté, « nous devons parler ensemble : ensemble pour la coexistence, pour la paix, pour la fraternité, pour l’amitié. Nous sommes tous frères ! Il y a trop de silence, mais un mauvais silence ». Pour faire « la paix mondiale que nous voulons tous », a-t-il ajouté, il faut le faire « ensemble ».

Enfin, évoquant la signature des accords de paix entre le gouvernement colombien et l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) le même jour, le pape a estimé que ce n’était pas seulement une conclusion, mais un commencement. « Le président Santos a tout risqué pour la paix, a-t-il expliqué, mais je vois aussi une autre partie qui risque tout pour continuer la guerre. Et cela blesse l’âme ».

Avec une traduction de Constance Roques

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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