« Les évêques du Nigeria évoquent l’infiltration de terroristes et de mercenaires », titre Vatican News en français, ce 26 avril 2018, à l’occasion de la visite ad limina des évêques du Nigeria, qui ont été reçus par le pape François ce jeudi matin. Ils achèveront leur pèlerinage à Rome le 30 avril.
« Les évêques catholiques du Nigeria ont fermement condamné l’attaque du mardi 24 avril contre une église catholique par des éleveurs nomades. Ils décrivent ces attaques comme «horribles, barbares et sataniques». Ils ont évoqué ce drame avec le Pape François lors d’une audience privée, ce 26 avril, dans le cadre de leur visite ad limina », indique la même source.
Selon le père Paul Samasumo : « Une trentaine d’hommes armés, suspectés d’être les bergers musulmans de l’ethnie Fulani, ont assassiné au moins 19 fidèles et deux prêtres catholiques, Félix Tyolaha et Joseph Gor mardi 24 avril dans le village de Mbalom. »
Le terrorisme et l’eau
Les évêques, commente Vatican News, expriment la conviction que « des terroristes et des mercenaires ont infiltré les bergers Fulani : «L’appareil gouvernemental ne nous est d’aucune aide et il est dysfonctionnel, délibérément dysfonctionnel», a avancé Mgr William Avenya, évêque de Gboko, insistant sur la nécessaire attention que le monde devait porter à ces événements nigérians essentiellement dirigés contre les minorités chrétiennes.
«Le monde ne nous entend pas. Cela a commencé comme ça au Rwanda; le monde n’a pas entendu. Cela a commencé comme ça il y a de nombreuses années en Allemagne. Le monde était sourd. C’est ce qui nous arrive, et le monde a besoin de savoir que nous avons des soucis», s’est exclamé Mgr Avenya.
De plus, selon Mgr Peter Adoboh, évêque de Katsina-Ala et Mgr Wilfred Anagbe du diocèse de Makurdi, un besoin urgent d’eau potable et d’aide humanitaire se fait ressentir dans les camps pour les personnes déplacées, de plus en plus nombreuses depuis les attaques.
Un génocide en marche
«Cette région est principalement rurale, ses habitants ne peuvent pas se faire entendre. Si l’Église ne peut pas leur donner une voix, c’est un problème. Le monde devrait savoir qu’un génocide est en train de se produire contre les tribus majoritairement minoritaires dans le centre et dans le nord», a alerté Mgr Avenya.
En 2017, le Nigeria était le deuxième État le plus violent d’Afrique, représentant environ 10 % de tous les conflits politiques hebdomadaires à travers le continent, selon une organisation américaine spécialisée dans les conflits armés «Armed Conflict Location and Event Data Project». Au coeur du problème: l’accès à l’eau et à la terre, disputé entre agriculteurs sédentaires et chrétiens, et éleveurs nomades, en majorité peuls et musulmans.
Le gouvernement, longtemps critiqué pour son inaction, a déployé l’armée en début d’année dans plusieurs États dont celui de Benue, pour tenter d’endiguer les violences, conclu Vatican News.
Evêques du Nigeria © cbcn-ng.org
Nigeria: visite ad limina sur fond de tensions intercommunautaires
Et d’infiltration terroriste