Messe à Saint-Pierre, Journée mondiale du migrant et du réfugié @Vatican Media

Messe à Saint-Pierre, Journée mondiale du migrant et du réfugié @Vatican Media

Migrations : assumer la responsabilité du bien commun de ses voisins

Print Friendly, PDF & Email

Mgr Auza plaide pour une approche de la migration centrée sur l’humain

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

En matière de migration, « les décisions et les actions prises par un pays dans son intérêt national ont un impact direct sur la situation des autres pays », déclare Mgr Auza qui poursuit : « Tout pays qui veut gérer efficacement ses frontières doit également assumer la responsabilité du bien commun de ses voisins ».

Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’Organisation des Nations Unies à New York, est intervenu à la cinquante-et-unième session de la Commission sur la population et le développement, sur le point 3 b) de l’ordre du jour : Villes durables, mobilité humaine et migrations internationales, le 11 avril 2018.

Mgr Auza a plaidé pour « une approche de la migration centrée sur l’humain ». Il s’agit de considérer « non seulement le droit souverain des États à gérer et contrôler leurs frontières, mais aussi leur responsabilité de promouvoir et de protéger la dignité, les droits humains et les libertés fondamentales de tous ceux qui sont en déplacement, quel que soit leur statut migratoire ».

Voici notre traduction du discours en anglais prononcé par Mgr Auza.

HG

Discours de Mgr Bernardito Auza

Monsieur le Président,

La migration est un témoignage du désir humain inné de bonheur, d’une plus grande opportunité et d’une vie meilleure, et d’une réponse humaine normale à la crise. Bien gérée et volontaire, la migration contribue positivement au développement durable, à des économies dynamiques et à des sociétés saines aux niveaux national, régional et international.

Le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière fait actuellement l’objet de négociations intergouvernementales dans le but de créer un cadre global qui améliorera la gestion internationale des migrations et garantira que la migration est réellement bénéfique pour tous, sans laisser personne de côté. En pratique, cela signifiera une approche de la migration centrée sur l’humain, qui considère non seulement le droit souverain des États à gérer et contrôler leurs frontières, mais aussi leur responsabilité de promouvoir et de protéger la dignité, les droits humains et les libertés fondamentales de tous ceux qui sont en déplacement, quel que soit leur statut migratoire.

Monsieur le Président,

Selon la Déclaration de New York, une approche véritablement centrée sur l’homme de la migration internationale commence par garantir le droit de chaque personne à rester dans sa patrie dans la paix, la prospérité et la sécurité. Cet engagement primordial à faire de la migration un choix et non une nécessité implique une responsabilité partagée de tous les États pour le bien-être non seulement de leurs propres citoyens, mais aussi pour la prospérité, la paix et la sécurité de tous, ce dont la communauté internationale a fait une priorité dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Cette responsabilité nécessite avant tout de lutter contre le fléau de la pauvreté et les inégalités qui animent les migrations internes et qui conduisent souvent aux mouvements transfrontaliers de personnes et même de familles entières à la recherche d’une vie meilleure dans un environnement plus sûr. Il exige des investissements fiables et à long terme aux niveaux national et international en matière d’éducation, de santé et d’urbanisme ainsi que des politiques qui favorisent un travail décent et garantissent l’accès à la protection sociale, à des infrastructures et à un logement adéquats. Bien que plus coûteux, ces investissements centrés sur l’humain dans les villes et les sociétés durables ont du sens à long terme. Ils sont la clé pour rendre la migration plus durable à l’avenir, car ils assurent que la migration est volontaire et non un acte de désespoir.

Monsieur le Président,

Au cours des dernières années, de nombreux pays du Nord et du Sud ont été submergés par des flux migratoires largement causés par des situations d’urgence résultant de conflits insolubles, de crises économiques paralysantes, de catastrophes naturelles et de dégradation de l’environnement. Face à l’afflux massif de migrants et de réfugiés, de nombreux États ont été pris au dépourvu et manquent non seulement de la capacité nécessaire pour bien intégrer les migrants, mais aussi de la volonté politique de les accueillir avec la dignité qu’ils méritent. De plus, avec un nombre insuffisant de voies régulières disponibles, notamment pour les migrants dans les situations les plus vulnérables, de nombreuses personnes ont été contraintes de chercher des routes migratoires irrégulières et souvent dangereuses, victimes de la contrebande, du trafic humain, de l’esclavage moderne et d’autres formes d’exploitation. Cette situation provient de notre incapacité partagée à satisfaire les besoins fondamentaux et les droits humains fondamentaux des personnes, d’abord chez eux et, plus tard, à l’étranger.

Monsieur le Président,

En raison de la mondialisation et de l’interdépendance croissantes, les décisions et les actions prises par un pays dans son intérêt national ont un impact direct sur la situation des autres pays. Tout pays qui veut gérer efficacement ses frontières doit également assumer la responsabilité du bien commun de ses voisins. Comme nous l’a enseigné le passé récent, il n’y a pas de raccourci pour une meilleure gestion des migrations en dehors de la coopération internationale. Des solutions à court terme insoutenables qui exploitent la peur et utilisent la démographie pour justifier la fermeture des frontières ou promouvoir le contrôle de la population ne peuvent que conduire à des crises plus difficiles à gérer à l’avenir.

Cette session de la Commission, consacrée aux villes durables, à la mobilité humaine et aux migrations internationales, est l’occasion de renouveler notre engagement envers ce que le pape François appelle une « culture de la rencontre », qui implique l’humble reconnaissance des problèmes rencontrés par les peuples. Les déplacements ne peuvent être abordés isolément et exigent par conséquent une plus grande solidarité et un plus grand engagement envers le bien commun tant au pays qu’à l’étranger.

Merci, Monsieur le Président.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

Share this Entry

Hélène Ginabat

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel