P. Alejandro Solalinde, capture eluniversal.com.mx

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Mexique: "Le prêtre qui défie les narcotrafiquants"

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« Si tu aimes et si tu as la foi, tu ne peux pas avoir peur de mourir »

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« Le prêtre qui défie les narcotrafiquants »: c’est le titre de ce témoignage sur la vie du père José Alejandro Solalinde Guerra publié par L’Osservatore Romano en italien du 18 mai 2017 et que nous publions intégralement dans notre traduction avec l’aimable autorisation de L’Osservatore.
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Le père Alejandro Solalinde a soixante-douze ans et une récompense d’un million de dollars au-dessus de la tête. Ce sont les Los Zetas, puissant cartel de narcotrafiquants qui terrorisent le Mexique par leurs violences, qui l’ont mise à prix. Candidat au prix Nobel pour la paix, le prêtre défie depuis des années les cartels et la police corrompue, dénonçant les violences subies par les « indocumentados » et par les plus pauvres. Il défend les migrants, les mineurs qui finissent souvent dans les mains des narcotrafiquants qui les utilisent pour leurs crimes et pour le commerce des corps. C’est ce qu’il a raconté à François, en lui présentant son livre « I narcos mi vogliono morto » (Les narcos me veulent mort) (Bologna 2017, Editrice missionaria italiana), écrit avec la journaliste d’ « Avvenire », Lucia Capuzzi).
« Je n’ai pas peur de la mort, si tu aimes et si tu as la foi, tu ne peux pas avoir peur de mourir », confie le père Alejandro. Il parle avec enthousiasme du centre d’accueil « Hermanos en el camino » (Frères sur la route), fondé il y a dix ans à Ixtepec, dans le sud du Mexique, dans lequel chaque année transitent vingt-mille migrants qui « sont aujourd’hui les acteurs les plus importants du changement : tout en étant pauvres, avec leurs valeurs, ils peuvent sauver les riches du nord de l’appauvrissement causé par le matérialisme, en devenant un signe de salut et de l’irruption de Dieu dans l’histoire ».
Au Mexique, dénonce-t-il, « les mafias de la drogue ont tué, entre 2006 et aujourd’hui, deux-cent cinquante mille personnes : vingt-cinq mille par an. Mais on n’a plus rien su des vingt-sept mille autres enlevés ». Et c’est ainsi que le père Alejandro est aussi aux côtés des « mères qui ont perdu toute trace de leurs enfants et qui les cherchent désespérément dans les fosses communes, privées de justice et de tout droit ». C’est aussi de ces droits qu’est venu parler avec le pape la délégation du « Chapos Refugee Group », qui a ensuite été reçue par l’archevêque Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États.
« Rachat et volonté de changer radicalement de vie » sont les motivations qui ont poussé neuf détenus des prisons de mineurs d’Airola et de Catanzaro à rencontrer François. « Désormais, c’est un rendez-vous annuel attendu par les jeunes », explique le directeur de la prison de Campani, Antonio di Lauro. « Le pape est capable d’enthousiasmer les jeunes à poursuivre leur chemin de rééducation », ajoute le chapelain, le p. Liberato Maglione. Pour eux, « c’est une expérience très importante, décisive, parce qu’ils se sont sentis accueillis par le pape au point de s’appuyer sur cette rencontre dans leur parcours de croissance humaine et spirituelle ». La présence du maire d’Airola, Michele Napolitano, avec l’adjoint au maire et le président du conseil communal, signifie « l’engagement de toute la communauté pour une véritable réinsertion sociale de jeunes qui ont fait une erreur ». Sur la Place Saint-Pierre, il y avait aussi quelques agents de la police pénitentiaire et les représentants des associations qui suivent de près la formation des détenus.
« Accueil et écoute » sont les mots-clés pour décrire le service que propose la Caritas paroissiale de sant’Eligio, sur la voie Prenestina, à la plus extrême périphérie de Rome. Et « nous avons absolument tout du malaise social de la périphérie », explique le responsable Enrico Valeriano. Il y a cinq centres pour migrants que nous avons réussi à ouvrir et « l’assistance matérielle va de pair avec l’aide spirituelle », affirme Enrico. « Au point, ajoute-t-il, que nous faisons la catéchèse et organisons aussi la célébration de la messe en anglais, précisément pour les migrants ».
Dans une étreinte particulière, François a ensuite accueilli cent proches des victimes de la tragédie survenue il y a quatre mois à Rigopiano. « Nous sommes ici, croyants et non-croyants, pour vivre ensemble un moment spirituel qui nous aide à vivre avec notre douleur », dit Gianluca Tanda, président du comité des familles. Ils ont montré au pape les photos de leurs proches morts sous l’avalanche. Et tous ensemble, tenant en main une fleur blanche, ont symboliquement lancé vers le ciel « un petit nuage » de ballons blancs ». Le pape a ensuite salué une famille d’Amatrice durement frappée par le tremblement de terre.
François n’a pas manqué de donner également un encouragement aux animateurs du groupe « Grands-parents heureux » « qui compte plus de mille inscrits, ayant tous en commun l’amour pour leurs petits-enfants », dit Ferruccio Sillari, confiant qu’il « vit à fond sa mission de grand-père » malgré une maladie qui le contraint à rester sur un fauteuil roulant. Et il a écouté avec tendresse son petit-fils lire une brève poésie au pape.
Enfin, François a accueilli avec une affection particulière des jeunes, en particulier ceux qui sont venus du Paraguay, malades et handicapés. Parmi eux, Matteo Kawaguchi, un jeune argentin ayant le syndrome de Down, a promis à François de lui préparer « une pizza spéciale au jambon et aux poivrons : ma spécialité ». À vingt-deux ans, Matteo travaille dans une pizzéria à Buenos Aires et vient de participer, le seul avec un handicap mental, au championnat mondial des « pizzaioli » à Parme. Parmi les malades, se trouvait aussi le p. Carlo Abbate, chapelain à la maison de retraite romaine Villa Speranza, où le pape s’est rendu le 16 septembre dans le cadre des vendredis de la miséricorde. « Je suis aux côtés de trente patients en phase terminale, raconte le prêtre, pour donner aussi le signe fort de l’importance de la vie, du premier instant jusqu’à sa fin naturelle, en garantissant toujours sa dignité ».
© Traduction de Zenit, Constance Roques

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Constance Roques

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