La réconciliation à Cuba est possible, affirme le cardinal Ortega

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Dix ans après la visite de Jean Paul II dans l’île des Caraïbes

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ROME, Mercredi 23 janvier 2008 (ZENIT.org) – La réconciliation à Cuba est aujourd’hui possible, affirme le cardinal Jaime Ortega, archevêque de la Havane, qui appelle ses concitoyens à suivre l’Evangile et à s’aimer d’un amour fraternel.

Dix ans après le voyage de Jean Paul dans l’île (21-25 janvier 1998), le cardinal Ortega constate, dans un entretien accordé à la revue Espacio Laical, que le dialogue souhaité par le pape entre l’Eglise et les instituions culturelles a encore des difficultés à se manifester comme une synthèse des aspirations de tous les Cubains.

« Notre culture populaire est d’origine occidentale et chrétienne, mais le christianisme y est gommé, au profit d’un sécularisme dû, ces 50 dernières années, à une séparation Eglise-Etat très accentuée », déplore-t-il.

Néanmoins, après la visite du pape, même si l’on ne peut parler d’une vraie synthèse avec le monde culturel, pour l’archevêque de la Havane, des « ponts de dialogue très intéressants » ont été jetés.

Beaucoup de ceux qui ont « contribué largement à la culture nationale » et une bonne partie de la génération qui a fait la révolution, ont reçu une éducation catholique, et « même si dans bon nombre de cas les idées ne le montrent pas ou se révèlent en apparence opposées, on n’a jamais cessé de construire et d’agir sur la base de ce qu’il est resté de cette formation ».

L’empreinte catholique « est devenue aujourd’hui un élément toujours plus présent dans la conscience des penseurs, des professeurs, et des chercheurs. Cette synthèse est devenue pour eux un objectif à atteindre. La chose importante est que l’on soit en train de progresser, et je pense que des pas en avant ont été faits », souligne-t-il.

Pour l’archevêque de la Havane, la réconciliation souhaitée par Jean Paul II est aujourd’hui possible et il espère que les Cubains « en tant qu’humains, en tant que personnes, sauront se respecter, se comporter et s’aimer comme l’indique l’Evangile ».

« Dans la mesure où nous avancerons sur la voie d’une réconciliation interpersonnelle, qui porte à une réconciliation de groupe, souligne-t-il, et que l’on parviendra à la véhiculer dans notre manière de vivre ensemble, tant d’autres situations, dont la plupart de nature politique, s’amélioreront ».

Lors de cet entretien le cardinal Ortega a évoqué le long cheminement qui a précédé la visite du pape dans le pays.

En 1981, explique le cardinal, l’Eglise de Cuba a commencé à développer un processus de réflexion, Réflexion Ecclésiale Cubaine (REC), qui s’est achevé 5 ans plus tard par une Rencontre nationale de l’Eglise cubaine (ENEC) en 1986. Cette rencontre, qui « avait recueilli toutes les opinions des communautés catholiques du pays », « marqua profondément la vie de l’Eglise à Cuba et conditionna ses orientations pastorales ».

« L’Eglise trouva dans cette réflexion une voie résolument missionnaire et une manière concrète de la réaliser au regard des conditions et limitations d’une société socialiste qui, à l’époque, était trop attachée au style soviétique, même dans sa manière d’affronter la question religieuse », relève-t-il.

Pour que la visite du pape puisse se réaliser, « il fallait que les mentalités évoluent. Le problème n’était pas un problème purement structurel de l’Eglise en tant qu’organisation ou hiérarchie, ni une question d’augmentation du nombre des fidèles. Il fallait que les rapports entre l’Eglise et l’Etat soient acceptables ».

La préparation du voyage de Jean Paul II à Cuba, rappelle le cardinal Ortega, a pu se faire grâce à une commission conjointe Eglise-Etat et sans trop de difficultés.

« Les invitations furent distribuées quartier par quartier, maison par maison. Il y eut une vraie mobilisation missionnaire, au niveau national, de toutes nos communautés, et un immense accueil de la part du peuple ».

Tous les matins, quand le pape se rendait à l’aéroport pour prendre l’avion qui l’aurait conduit dans les divers endroits pour célébrer l’Eucharistie, une foule de personnes était amassée le long de la route.

« L’émotion des gens, leur joie, leur discipline, leur enthousiasme, ont fait que le bilan de ce voyage fut très positif, dépassant largement toutes nos prévisions », a expliqué le cardinal.

Le pape lui-même, du reste, eut des paroles élogieuses pour les Cubains : « C’est un peuple intelligent, disait-il, qui applaudit les concepts et non le ton du discours ».

Le cardinal Ortega rappelle enfin que le pape polonais « a toujours nourri des sentiments spéciaux pour Cuba et son Eglise ». « Il les portait dans son cœur », a-t-il ajouté.

« Jean Paul II est le pape de ma vie », s’exclame-t-il avec nostalgie, affirmant qu’il marque à jamais son cheminement épiscopal, et qu’il le marquera « jusqu’à son dernier soupir ».

« Son regard est inoubliable, un regard profond qui entre en vous sans inquisition, conclut-il, ce regard qu’ont peut-être les saints ».

Roberta Sciamplicotti/Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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