La pauvreté en Europe, rapport de la Caritas, présenté par Cathobel (2)

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La nécessité de politiques orientées en faveur des familles

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CITE DU VATICAN, MERCREDI 18 février 2004 (ZENIT.org) – Caritas Europe a présenté son rapport général sur la pauvreté le 16 février à Bruxelles. Basé sur les activités et les expériences quotidiennes des Organisations membres de Caritas Europa, ce rapport met en relief la condition précaire des familles les plus pauvres dans 42 pays à travers l’Europe. Caritas y démontre que la pauvreté est un phénomène aux multiples facettes, qui n’est pas uniquement basé sur les revenus mais qui englobe les besoins essentiels, les droits de l’homme fondamentaux et des aspects plus impalpables. Une pauvreté multi- multidimensionnelle qui met en danger le devenir des familles. En pointant le manque de politiques familiales, l’organisation catholique interpelle gouvernements nationaux et Union Européenne, indique CathoBel, agence catholique belge dont le site se trouve à l’adresse: www.cathobel.be. Nous reproduisons cette dépêche avec l’aimable autorisation de l’agence.

Après un rapport sur la pauvreté en 2001 et des documents sur l’élargissement de l’Europe, Caritas Europa et les membres de sections de 44 pays se sont focalisés sur la nécessité de promouvoir en Europe des politiques orientées en faveur de la famille. Intitulé « La nécessité de politiques orientées en faveur des familles », leur rapport a été présenté au sein du Parlement européen ce 16 février 2004.

Des pauvretés

Vulnérabilité, inégalité, marginalisation, discrimination, exclusion, sentiment d’impuissance, limitation des options et des choix… Le rapport présenté par Caritas montre que la pauvreté, loin de n’être qu’une « simple » question de revenu, peut être temporaire dans la vie de certaines personnes – par exemple en raison d’une brève maladie ou d’un chômage à court terme – ou chronique. « Certains, pris au piège de la pauvreté, ont beaucoup de mal à s’en libérer; dès lors un cercle vicieux tend à se reproduire à travers les générations », poursuit le document de 70 pages.

Les logements précaires et la malnutrition affectent la santé des enfants ainsi que leur réussite scolaire. Le chômage peut mener à la baisse de l’estime de soi, très souvent au désespoir, et parfois même au suicide. La pauvreté fournit un terrain fertile pour la consommation abusive de drogues, d’alcool et pour d’autres dépendances qui ne font qu’accroître à leur tour la pauvreté et la misère… Le rapport décrit des situations exacerbées par la pauvreté, génératrice de tensions dans les relations au sein de la famille.

Évolution et disparité

Le rapport de Caritas, et c’est l’un de ses atouts, ne se limite pas à une recherche ou une étude académique, mais trouve ses origines dans les activités et les expériences quotidiennes des Organisations membres de Caritas Europa à travers l’Europe.

En étudiant la situation des familles pauvres, le document reconnaît que, en raison de multiples facteurs, la structure familiale traditionnelle est en train d’évoluer. En se basant sur des études de cas concrètes et sur le travail des agences de Caritas Europa, le rapport identifie les familles les plus pauvres et/ou celles qui sont les plus susceptibles de connaître une pauvreté chronique.

Il existe une grande disparité entre les pays faisant l’objet de l’étude – depuis ceux ayant un indice de développement humain (IDH) élevé comme la Norvège (1ère au classement mondial), jusqu’à la Turquie (96ème) ou la Moldavie (108ème). Malgré cela, on repère une convergence réelle quant aux familles dans le besoin.

Les familles monoparentales, en particulier les mères célibataires, émergent comme l’une des principales préoccupations, de même que les familles nombreuses et les familles ayant un ou plusieurs membres présentant une maladie chronique, un handicap, une dépendance sont les plus sensibles. De même que les personnes qui reviennent dans leur pays après la résolution d’un conflit. et les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile.

De véritables politiques

Le rapport précise que, à quelques rares exceptions près telles que la France et l’Allemagne, il y a très peu de véritables politiques familiales en tant que telles. En amont on constate que les études centrées sur la famille et les politiques familiales, font encore cruellement défaut. En termes de systèmes d’aide et sécurité sociale, la plupart des gouvernements nationaux mettent plutôt l’accent sur l’individu, certains ciblant des groupes à risque spécifiques tels que les personnes âgées, les enfants, etc.

Par contraste, ce rapport s’attarde sur un certain nombre de politiques sociales clés qui ont une incidence sur les familles, en particulier les plus pauvres d’entre elles : politiques fiscales, transferts sociaux (tant universels que sous condition de ressources), allocations familiales, politiques d’emploi, politiques de logement, d’éducation et de santé.

À la lumière de ce qui précède, les Organisations membres ont présenté des recommandations spécifiques. Caritas Europa, en tant que réseau, a ajouté ses propres recommandations, en tenant particulièrement compte de la stratégie décennale de Lisbonne de l’Union européenne. Cette stratégie, d’une importance capitale, couvre toute une série de questions de politique sociale, y compris un engagement sans précédent dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Recommandations

« Avant l’adoption de toute loi, directive et règlement, une évaluation de l’impact de toutes les législations – y compris les politiques d’emploi, d’éducation et de santé sur la situation des familles pauvres – devrait être effectuée » recommande le rapport aux différents gouvernements nationaux.

Selon le document, les régimes fiscaux devraient également être re-examinés pour être adaptés à la situation familiale et être moins contraignants pour les familles les plus pauvres. Les gouvernements devraient aussi initier et renforcer des programmes ciblés pour réduire le chômage à long terme et aider les jeunes à trouver leur premier emploi et à embrasser une carrière.

D’autres mesures actives, telles que la mise en place de programmes de réinsertion précoce, la simplification de la bureaucratie, une meilleure information sur les droits sociaux, une législation non discriminatoires, la révision de la sécurité sociale, l’accès opportun à un logement abordable et de qualité, etc… sont également proposées.

En outre, « les gouvernements, en particulier en Europe de l’est, devraient définir un seuil de pauvreté national réaliste et établir un salaire minimum décent et approprié ».

Au niveau de l’Union Européenne, un accord pour la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale devrait nécessairement être renouvelé. En accord avec la stratégie de Lisbonne en matière de formation continue à vie, des ressources du Fond régional devraient être dégagées afin d’investir dans les régions les plus pauvres d’Europe.

Le rapport évoque également la récente directive de l’UE sur la réunification familiale (Voir CathoBel du 17/12/2003) qui est loin de garantir une protection sociale des familles.

Enfin, l’Union européenne, forte du succès de l’Année européenne des personnes handicapées, devrait envisager une Année européenne sur le thème des familles monoparentales afin de sensibiliser le public à leur situation difficile, souvent précaire, et d’élaborer des programmes et de campagnes pour améliorer leur niveau de vie.

Lire Plus…

« ‘La pauvreté a des visages en Europe’- Caritas Europe présente son 2ème rapport sur la pauvreté à travers le regard croisé de trois photographes sur des familles européennes », (CathoBel, 17/02/2004) : http://www.cathobel.be:591/Cathobel/FMPro?-db=FichierCathoBel-format=depeche.html-lay=web-op=eq=65604854266-find

Document de synthèse du rapport général 2004 sur la pauvreté de Caritas Europa (en français) : http://www.caritas-europa.org/module/FileLIB/1-FRANCAIS4pages1.pdf

Rapport général 2004 sur la pauvreté de Caritas Europa (en anglais) : http://www.caritas-europa.org/code/en/headlines.asp?pk_id_headlines=19

Article Lié

« Une directive qui viole aussi les droits des enfants – Des organismes chrétiens soutiennent le contestation juridique de la directive de l’Union européenne concernant le réunification des familles », (CathoBel, 17/12/2003) : http://www.cathobel.be:591/Cathobel/FMPro?-db=FichierCathoBel-format=depeche.html-lay=web-op=eq=27944826534-find

© CathoBel 2002

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ZENIT Staff

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