Forum des associations familiales © Vatican Media

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"L'homicide des enfants": le pape François évoque le nazisme (traduction complète)

« Au siècle dernier tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis »

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« Je le dis douloureusement. Au siècle dernier tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour entretenir la pureté de la race. Aujourd’hui nous faisons la même chose, mais avec des gants blancs »: le pape François dénonce une forme d’eugénisme contemporain en disant: « J’ai entendu dire que c’est la mode – ou du moins c’est une habitude – de faire certains examens pendant les premiers mois de la grossesse, afin de voir si le bébé va mal, ou s’il y a un problème… Dans ce cas la première proposition est : « On l’élimine ? ». L’homicide des enfants. Et pour avoir une vie tranquille, on élimine un innocent. »
Le pape a parlé d’abondance de cœur en recevant la délégation du Forum des Associations familiales, ce samedi 16 juin 2018, dans la Salle Clémentine du Vatican. Renonçant à lire le discours qu’il avait préparé, après l’intervention du représentant de la délégation, il s’est expliqué : « moi aussi je voudrais parler avec le cœur, improviser sur ce qui m’est venu au cœur pendant qu’il parlait ».
Le pape François a aussi saisi l’occasion pour inviter à lire et à comprendre l’exhortation apostolique Amoris laetitia : « Le quatrième chapitre est vraiment le cœur d’ Amoris laetitia. C’est vraiment la spiritualité quotidienne de la famille. Certains ont réduit Amoris laetitia à une casuistique du « on peut, on ne peut pas ». Ils n’ont rien compris ! ». Reprenant une des propositions-clés de l’exhortation, il a souligné : « aujourd’hui il y a besoin d’un catéchuménat pour le mariage, comme il y a un catéchuménat pour le baptême. Préparer, aider à se préparer au mariage ».
Le pape François qui a donné des conseils pour la vie matrimoniale, à commencer par la patience. « Dans la vie, il y a des situations de crise – des crises fortes, des crises graves », a-t-il dit avant de recommander : « Quand on n’arrive plus à résoudre les problèmes du moment, il faut cette patience de l’amour qui attend, qui attend » et aussi : « Rester silencieux, laisser passer la tempête, et puis en parler au moment opportun ».
Voici notre traduction du discours du pape François.
HG
Discours du pape François
Bonjour à tous,
Je pensais que ce serait un discours de bienvenue… Mais en entendant parler Jean-Louis, j’ai vu que là, il y avait du feu, il y avait de la mystique. C’est quelque chose de grand : il y avait longtemps que je n’avais pas entendu parler de la famille avec tant de passion. Et il faut du courage pour le faire aujourd’hui ! Il faut du courage. Pour cela, merci ! J’ai préparé un discours, mais après la chaleur avec laquelle il a parlé, je le trouve froid. Je le mets de côté, pour qu’on le distribue et après, je le publierai.
Pendant qu’il parlait, il me venait à l’esprit et au cœur beaucoup de choses, beaucoup de choses sur la famille, des choses qui ne se disent pas, qui ne se disent pas normalement, ou, si elles se disent, elles se disent poliment, comme s’il s’agissait d’une école sur la famille …. Lui, il a parlé avec son cœur et vous tous, vous voulez parler ainsi. Je reprendrai quelque chose qu’il a dit, et moi aussi je voudrais parler avec le cœur, improviser sur ce qui m’est venu au cœur pendant qu’il parlait.
Il a employé une expression : « se regarder dans les yeux ». L’homme et la femme, le mari et l’épouse se regardent dans les yeux. Je raconte une anecdote. Pendant les audiences, cela me plait de saluer les couples qui fêtent leur cinquantième, leur vingt-cinquième anniversaire… même quand ils viennent à la messe à Sainte Marthe. Une fois il y avait un couple qui fêtait son soixantième anniversaire. Mais ils étaient jeunes, parce qu’ils s’étaient mariés à dix-huit ans, comme à l’époque. A cette époque, on se mariait jeune. Aujourd’hui, pour qu’un fils se marie… pauvres mamans ! Mais la recette est claire : ne plus repasser les chemises, et ainsi il se mariera vite, n’est-ce pas ? Je me trouvais devant ce couple, ils me regardaient … J’ai dit : « soixante ans ! Mais vous avez encore le même amour ? ». Et eux, qui me regardaient, ils se sont regardés entre eux, puis ils se sont tournés pour me regarder, et j’ai vu qu’ils avaient les yeux humides. Et tous les deux m’ont dit : « Nous sommes amoureux ». Je ne l’oublierai jamais. « Après soixante années, nous sommes amoureux ». La chaleur de la famille qui grandit, l’amour qui n’est pas un amour de roman. C’est un véritable amour. Être amoureux toute la vie, avec tous les problèmes qu’il y a… Mais être amoureux.
Ensuite, une autre chose que je demande aux époux qui fêtent leurs cinquante ou soixante ans : « Lequel d’entre vous a eu le plus de patience ? ». C’est mathématique, la réponse est : « tous les deux ». C’est beau ! Cela veut dire une vie ensemble, une vie à deux. Quelle patience de se supporter à tour de rôle.
Et puis, aux jeunes mariés qui me disent : » nous sommes mariés depuis un mois, deux mois… », la question que je pose est : « Vous êtes-vous disputés ? » D’habitude, ils répondent : « oui ». « Ah c’est bien, c’est important. Mais il est aussi important de ne pas finir la journée sans faire la paix ». S’il vous plait, enseignez ceci : c’est normal si on se dispute, parce que nous sommes libres, et s’il y a un problème, nous devons l’éclaircir. Mais il ne faux pas finir la journée sans faire la paix. Pourquoi ? Parce que la « guerre froide » du lendemain est très dangereuse.
Avec ces anecdotes, j’ai voulu introduire ce que je voudrais vous dire. La vie de famille est un sacrifice, mais c’est un beau sacrifice. L’amour, c’est comme faire les pâtes : tous les jours. L’amour dans le mariage : c’est un défi, pour l’homme et pour la femme. Quel est le plus grand défi pour l’homme ? Faire que son épouse devienne davantage femme. Qu’elle grandisse en tant que femme. Et quel est le défi pour la femme ? Faire que son mari devienne davantage homme. C’est ainsi que tous deux vont de l’avant. Ils vont de l’avant.
Une autre chose qui aide beaucoup dans la vie matrimoniale, c’est la patience : savoir attendre. Attendre. Dans la vie il y a des situations de crise – des crises fortes, des crises graves – d’où peut-être arrivent même des moments d’infidélité. Quand on n’arrive plus à résoudre les problèmes du moment, il faut cette patience de l’amour qui attend, qui attend. Combien de femmes – parce que c’est plus la femme que l’homme, mais même l’homme parfois le fait – combien de femmes ont attendu dans le silence regardant ailleurs, attendant que le mari revienne à la fidélité. C’est cela la sainteté. La sainteté qui pardonne tout, parce qu’elle aime. Patience. Beaucoup de patience, l’un pour l’autre. Si l’un est nerveux et crie, ne pas répondre par un autre cri… Rester silencieux, laisser passer la tempête, et puis en parler au moment opportun.
Il y a trois mots qui sont magiques, mais des mots importants dans le mariage. En premier, « puis-je » : ne pas être indiscret avec l’autre. « Puis-je ? ». Ce respect de l’un pour l’autre. Deuxième mot : « excuse-moi ». S’excuser est quelque chose de si important, si important ! Dans la vie, nous nous trompons tous, tous. « Excuse-moi, j’ai fait cela … », « Excuse-moi, je me suis trompé… ». Cela aide à avancer. La capacité de s’excuser, cela aide à faire avancer la famille. C’est vrai, s’excuser implique toujours un peu de honte, mais c’est une sainte honte ! « Excuse-moi, j’ai oublié… » C’est quelque chose qui aide beaucoup à avancer. Le troisième mot : « Merci ». Avoir la grandeur de cœur de toujours remercier.
Ensuite tu as parlé d’ Amoris laetitia et tu as dit : « Ici, Amoris laetitia s’est fait chair ». Ça me plait d’entendre cela : lisez, lisez le chapitre quatre. Le quatrième chapitre est vraiment le cœur d’Amoris laetitia. C’est vraiment la spiritualité quotidienne de la famille. Certains ont réduit Amoris laetitia à une casuistique du « on peut, on ne peut pas ». Ils n’ont rien compris ! Ensuite, dans Amoris laetitia on ne cache pas les problèmes, les problèmes de la préparation au mariage. Vous aidez les fiancés à se préparer : il faut dire les choses clairement, n’est-ce pas vrai ? Claires. Une fois une femme m’a dit, à Buenos Aires : « Mais vous, les prêtres, vous êtes malins … » – « Pourquoi ? » – « Pour devenir prêtre, vous faites huit années d’études, vous vous préparez pendant huit ans. Et ensuite, si quelque chose ne va pas, vous faites une belle lettre à Rome ; et à Rome ils te donnent la permission, et tu peux te marier. Par contre à nous, à qui on donne un sacrement pour toute la vie, vous vous contentez de trois ou quatre conférences de préparation. Ceci n’est pas juste ». Et elle avait raison, cette femme. Préparer au mariage : oui, il faut des conférences, des choses qui s’expliquent, mais il faut des hommes et des femmes, des amis, qui leur parlent et les aident à mûrir, à mûrir sur le chemin. On peut dire qu’aujourd’hui il y a besoin d’un catéchuménat pour le mariage, comme il y a un catéchuménat pour le baptême. Préparer, aider à se préparer au mariage.
Ensuite, un autre problème que nous voyons dans Amoris laetitia, c’est l’éducation des enfants. Ce n’est pas facile d’éduquer les enfants. Aujourd’hui, les enfants sont plus dégourdis que nous ! Dans le monde virtuel, eux ils en savent plus que nous. Mais il faut les éduquer à la communauté, les éduquer à la vie familiale. Les éduquer au sacrifice les uns pour les autres. Ce n’est pas facile d’éduquer les enfants. Il y a de gros problèmes. Et vous, qui aimez tant la famille, en cela vous pouvez aider beaucoup les autres familles. La famille est une aventure, une belle aventure ! Aujourd’hui – je le dis avec peine – nous voyons que bien souvent, on pense à démarrer une famille et à faire un mariage comme si c’était une loterie : « On y va. Si ça va, on continue. Si non, on arrête la chose et on recommence « une autre fois ». Cet aspect superficiel sur le don le plus grand que Dieu a donné à l’humanité. Parce que, après le récit de la création de l’homme, Dieu montre qu’il créa l’homme et la femme à son image et à sa ressemblance. Jésus lui-même, quand il parle du mariage, dit : « L’homme laissera son père et sa mère et avec son épouse ils deviendront une seule chair ». Parce qu’ils sont à l’image et à la ressemblance de Dieu. Vous êtes l’icône de Dieu : la famille est l’icône de Dieu. L’homme et la femme : c’est vraiment l’image de Dieu. Il l’a dit, ce n’est pas moi qui le dis. C’est grand, c’est sacré.
Maintenant aujourd’hui – cela fait mal de le dire – on parle de familles « différentes » : différents types de familles. Oui, il est vrai que le mot « famille » est un mot analogique, parce qu’on parle de « familles » des étoiles, de « familles » des arbres, de « familles » des animaux… c’est un mot analogique. Mais la famille humaine comme image de Dieu, homme et femme, est unique. Elle est unique. Il est possible qu’un homme et une femme ne soient pas croyants : mais si ils s’aiment et s’unissent dans le mariage, ils sont à l’image et à la ressemblance de Dieu, même s’ils ne croient pas. C’est un mystère : Saint Paul l’appelle « un grand mystère », « un grand sacrement » (Cf. Ep 5,32). Un vrai mystère. Ce que tu as dit m’a plu et aussi la passion avec laquelle tu l’as dit. C’est ainsi que l’on doit parler de la famille, avec passion.
Une fois, je crois que c’était il y a un an, j’ai appelé un membre de ma famille qui se mariait. La quarantaine. A la fin, j’ai dit : « Dis-moi un peu : dans quelle église te maries-tu ? » – « Nous ne savons pas encore bien parce que nous sommes en train de chercher une église qui soit dans les tons du vêtement que portera… – et il a dit le nom de la fiancée – et puis nous avons un problème de restaurant… ». Pensez-donc … L’important c’était cela. Quand ce qui est secondaire prend la place de ce qui est important. L’important c’est de s’aimer, recevoir le sacrement, aller de l’avant… et ensuite faire toutes les fêtes que vous voulez, toutes.
Une fois j’ai rencontré deux personnes mariées depuis dix ans, sans enfants. C’est très délicat de parler de ceci, parce que bien des fois on veut des enfants mais ils n’arrivent pas, n’est-ce pas vrai ? Je ne savais pas comment aborder la question. Ensuite j’ai su qu’ils ne voulaient pas d’enfants. Mais ces personnes avaient trois chiens à la maison, deux chats… C’est bien d’avoir un chien, un chat, c’est bien… Ou alors quand parfois on entend dire : « Oui, oui, mais des enfants pas encore parce que nous devons acheter une maison à la campagne, ensuite faire des voyages… ». Les enfants sont les dons les plus grands. On accueille les enfants comme ils viennent, comme Dieu les envoie, comme Dieu le permet – même si parfois ils sont malades. J’ai entendu dire que c’est la mode – ou du moins c’est une habitude – de faire certains examens pendant les premiers mois de la grossesse, afin de voir si le bébé va mal, ou s’il y a un problème… Dans ce cas la première proposition est : « On l’élimine ? ». L’homicide des enfants. Et pour avoir une vie tranquille, on élimine un innocent.
Quand j’étais petit, la maitresse nous enseignait l’histoire et nous disait ce que faisaient les Spartiates quand naissait un enfant avec des malformations : ils l’emportaient sur la montagne et le jetaient en bas, pour soigner « la pureté de la race ». Et nous, nous restions abasourdis : « Mais comment, comment peut-on faire cela, pauvres enfants ». C’était une atrocité. Vous êtes-vous demandé pourquoi on ne voit pas beaucoup de nains dans les rues ? Parce que le protocole de beaucoup de médecins – beaucoup mais pas tous – est de poser la question : « est-ce qu’il se présente mal ? ». Je le dis douloureusement. Au siècle dernier tout le monde était scandalisé par ce que faisaient les nazis pour entretenir la pureté de la race. Aujourd’hui nous faisons la même chose, mais avec des gants blancs.
Famille, amour, patience, joie et perdre du temps en famille. Tu as parlé de quelque chose de mauvais : qu’il n’y a pas la possibilité de « perdre du temps », parce qu’aujourd’hui pour gagner sa vie, on doit avoir deux métiers, parce que la famille n’est pas considérée. Tu as également parlé des jeunes qui ne peuvent pas se marier parce qu’il n’y a pas de travail. La famille est menacée par le manque de travail.
Je voudrais terminer par un conseil que m’a donné une fois un professeur – il me l’a donné à l’école – un professeur de philosophie, le doyen. J’étais au séminaire, à l’étape de la philosophie. Il y avait le thème de la maturité humaine, en philosophie nous étudions cela. Il a dit : « Donnez un critère de tous les jours pour savoir si un homme, si un prêtre est mûr ? ». Nous, nous répondions des choses… et lui : « Non, c’est plus simple : une personne adulte, un prêtre, est mûr s’il est capable de jouer avec des enfants ». C’est un test. A vous, je dis : perdez du temps avec les enfants, perdez du temps avec vos enfants, jouez avec vos enfants. Ne leur dites pas : « Ne dérangez pas ! ». Un jour j’ai entendu un jeune père de famille dire : « Père, quand je vais au travail, eux ils dorment. Quand je rentre, ils dorment ». C’est la croix de cet esclavage que cette manière injuste de travailler que la société nous apporte.
J’ai dit que c’était le dernière chose. Non, c’est l’avant dernière. La dernière, c’est celle que je dis maintenant, parce que je ne veux pas l’oublier. J’ai parlé des enfants comme un trésor de promesse. Mais il y a un autre trésor dans la famille : ce sont les grands-parents. S’il vous plaît, prenez soin de vos grands-parents ! Faites parler les grands-parents, que les enfants parlent avec les grands-parents. Caressez vos grands parents, ne les éloignez pas de la famille parce qu’ils sont ennuyeux, parce qu’ils répètent les mêmes choses. Aimez vos grands-parents, et qu’ils parlent avec les enfants.
Merci à vous tous. Merci pour la passion, merci pour l’amour que vous avez pour la famille. Merci pour tout ! En avant et courage. Merci !
© Traduction de Zenit, Hugues de Warren
 

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Hugues de Warren

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