La lumière dans les ténèbres: une réflexion sur "Hanoukka" et l´Avent

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Le directeur de la JMJ invité par une synagogue de Toronto

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CITE DU VATICAN, Jeudi 20 décembre 2001 (ZENIT.org) -« Apporter la lumière à ceux qui demeurent dans les ténèbres » (« Bearing light to those in darkness ») telle est l´image dominante de la prédication du P. Thomas Rosica, C.S.B., directeur national de la Journée mondiale de la jeunesse de Toronto 2002 (http://www.jmj2002.org). Le P. Rosica affirme l´appel commun des Juifs et des Chrétiens à « s´engager à nouveau à apporter la lumière de Dieu aux Nations, et à se reconnaître mutuellement comme partenaires dans la construction du Royaume de Dieu ». Pour la JMJ le P. Rosica soulignait que cet événement avait besoin de l´aide de la communauté juive de Toronto, de son « hospitalité », de sa « foi » et de ses « prières ».

C´était samedi 15 décembre, en un lieu inhabituel pour un prêtre catholique: la synagogue « Beth Shalom » de Toronto, à l´invitation du rabbin Aaron Flanzraich. La communauté juive célèbre en effet pendant huit jours la fête des lumières, la fête de « Hanoukka » (« inauguration ») qui commémore la dédicace du Temple de Jérusalem.

D´emblée, le P. Rosica évoquait la visite de Jean-Paul II à la synagogue de Rome et son exemple de promotion du dialogue entre Juifs et Chrétiens. « Aujourd´hui, expliquait-il, je voudrais parler des dons de la lumière et de l´espérance qui marquent votre fête de Hanoukka, et notre temps chrétien de l´Avent qui prépare à la naissance de Jésus, Celui que nous appelons le Messie ».

Le P. Rosica évoquait le concert exceptionnel (1500 auditeurs) du Messie de Haendel, interprété par quelque 400 jeunes de toute races, couleurs et âges, en préparation à la JMJ des 23-28 juillet 2002 et à la visite de Jean-Paul II.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière

« En rentrant chez moi après le concert du Messie de jeudi dernier, raconte le P. Rosica, sachant que je serais parmi vous aujourd´hui, j´ai commencé à penser aux paroles d´Isaïe par lesquelles il annonce la naissance de cet enfant, et la grande responsabilité qui reposerait sur ses épaules. Réfléchissons un moment à ces paroles prophétiques du point de vue juif et chrétien, alors que nous nous efforçons de répondre à la vocation divine qui a été confiée aux Chrétiens et aux Juifs, d´être des artisans du royaume de Dieu, [royaume] de lumière et de paix sur la terre ».

Le prédicateur propose une lecture du chapitre 9 du prophète Isaïe, lecture de la nuit de Noël dans la liturgie latine. Le prophète, explique-t-il propose un sombre tableau de la détresse du peuple du royaume de Juda (au sud, autour de Jérusalem) et du royaume d´Israël (au nord, autour de Samarie). Les esprits sont troublés profondément. Il maudissent le roi pécheur et s´éloignent de Dieu. Mais c´est justement au cœur de cette détresse que le prophète annonce: « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi » (Is 9, 1).

« La grande lumière qui vient dans ces ténèbres profondes, commente le P. Rosica replaçant l´oracle dans le contexte de l´oppression assyrienne, arrache les hommes à la confusion et au vide, à la violence et à la tyrannie de l´oppresseur ».

« L´enfant royal dont la naissance est annoncée si poétiquement possédera la sagesse de Salomon, la vaillance et la piété de David, les vertus de Moïse, et des patriarches ». Certains, continue le prédicateur, on vu là l´annonce de la venue du roi Ezéchias. Ses titres sont « conseiller merveilleux » , « Dieu fort », « Père éternel », « Prince de la paix », « pour que s´étende le pouvoir dans une paix sans fin ».

Ténèbres et tristesse en notre monde

« Il ne faut pas s´étonner, commente le P. Rosica, si les Chrétiens et l´Eglise ont faite leur cette exultation d´Isaïe devant cette brillante lumière et cette naissance royale pour leur célébration de la naissance de Jésus ». Et de rappeler le contexte international actuel: « Au cours des trois derniers mois, qui parmi nous n´a pas ressenti profondément les ténèbres et la tristesse de notre monde? Ne parlons-nous pas maintenant en termes de la vie après le 11 septembre? Considérez la tragique situation de cette terre que l´on appelle « sainte » (…). »

Mais le P. Rosica souligne que ces ténèbres ne sont pas uniquement causées par la guerre et la peur, mais aussi par « nos tentatives de construire nos vies autour de nous-mêmes et de céder à la tentation d´agir comme des êtres isolés, des îles, au lieu de communautés de gens authentiquement préoccupés les uns des autres, et par la souffrance de tant de personnes dans notre monde. Le résultat d´une existence aussi isolée sont l´amertume et le désespoir, la solitude et le vide ».

Que faire? La JMJ

Le P. Rosica interroge: « Que pouvons-nous faire, Juifs et Chrétiens, avec nos frères et sœurs musulmans qui achèvent leur saint jeûne du Ramadan, pour répandre la lumière de Dieu autour de nous et dissiper les ténèbres de la peur, de la terreur, du péché et du désespoir? »

Evoquant le symbole des flambeaux (de Hanoukka et de l´Avent) « qui brillent dans l´obscurité de l´hiver », le P. Rosica, y lit l´appel à « s´engager à nouveau à apporter la lumière de Dieu aux Nations, et à se reconnaître mutuellement comme partenaires dans la construction du Royaume de Dieu ».

« La Journée mondiale de la jeunesse qui vient au Canada en juillet prochain, continue le P. Rosica, … est une magnifique occasion pour toute notre Nation, et pour toutes les personnes de bonne volonté, pour entrevoir une vision émouvante de l´avenir: des jeunes catholiques de tous les coins du monde rassemblés dans notre ville même, pour prier ensemble, pour servir et secourir, célébrer, et pour chanter leur foi dans notre Dieu, [le Dieu] unique. Et nous ne pouvons pas accueillir cet événement sans votre aide, votre accueil, votre hospitalité, et votre foi et vos prières ».

Que faire? Travailler ensemble à la sauvegarde des « valeurs »

Mais sinon, « par où commencer »? « Commençons par travailler ensemble à protéger les valeurs humaines les plus importantes menacées par un monde en continuelle transformation. Et en premier lieu vient le droit à la vie, à préserver de la conception à la mort naturelle. Parce que la vie vient de Dieu et c´est à lui qu´elle doit retourner, quand il veut. La vie est le précieux don de Dieu, la condition de tous ses autres dons divins. Vient ensuite la dignité de la personne humaine, et les droits qui en découlent (…). La justice sociale, la paix, et la liberté sont des valeurs majeures nécessaires à une vie dignes d´êtres humaine, une vie qui glorifie le Dieu qui l´a créée ».

« Nous, chrétiens, nous croyons que Jésus est le Messie promis qui est venu (Luc 4,22), mais nous savons aussi que son royaume messianique de justice, d´amour et de paix n´est pas complètement réalisé. C´est la vocation et la mission sacrée de l´Eglise, ainsi que celle du Peuple juif, de proclamer et de préparer le monde à la venue du Royaume de Dieu qui n´est « pas encore ». Le Kaddish juif et le Notre Père illustrent ce message. Le christianisme et le judaïsme marquent leur adoration de cette espérance commune: « Que ton Règne vienne! » En prononçant cette prière plus haut et plus fort en ces jours d´ombres et de ténèbres pour tant de personnes à travers le monde, spécialement pour les populations d´Afghanistan, du Moyen Orient, de Terre Sainte, déchirée par la guerre, la haine, l´oppression et la tristesse, comme pour ceux qui vivent dans d´autres régions des souffrances dues à la guerre, à la pauvreté et à l´injustice ».

« Sœurs et frères aînés, concluait le P. Rosica, prions Dieu [en disant]: « Que ton règne vienne! » Par les prophètes, Dieu vous a confié [la mission] d´être une lumière pour les
Nations. A nous, chrétiens, il a demandé d´apporter au monde la lumière du Christ. N´oublions jamais que c´est Dieu la source, le créateur, donneur de lumière, et que nous sommes ceux qui ont reçu un don si terrible ». Faisant allusion à la notion de la théologie juive de « tikkun ha’olam », « la guérison du monde », sa « réparation », « restauration », et « rédemption », le P. Rosica affirme la responsabilité des croyants: cela « dépend de nous », affirme-t-il.

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ZENIT Staff

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