CITE DU VATICAN, Lundi 3 décembre 2001(ZENIT.org) - Dans l´esprit même du concordat signé en 1993 entre le Saint-Siège et la Pologne, "l´Eglise désire être présente aussi dans le processus de préparation de la Pologne à l´entrée plénière dans l´Union européenne", affirme Jean-Paul II.

Le pape Jean-Paul II a reçu ce matin en audience au Vatican Mme Hanna Suchocka, ancien premier ministre, et nouvelle ambassadrice de Pologne près le Saint-Siège qui lui présentait ses lettres de créances.

Jean-Paul II évoque la prochaine entrée de sa patrie dans l´Union Européenne, communauté de valeurs spirituelles et pas seulement politiques et économiques, communauté d´idéaux éthiques et non d´abord de modèles de vie marqués par la consommation.

"L´Eglise, disait le pape, désire être présente aussi dans le processus de préparation de la Pologne à l´entrée plénière dans l´Union européenne. Il est juste d´aspirer à ce que la Pologne ait la place qui lui est due dans les milieux politiques et économiques des structures de l´Europe unie. Mais il est nécessaire qu´elle soit présente en tant qu´un état qui a son propre visage spirituel et culturel, sa propre tradition historique inaliénable, liée au christianisme dès l´aube de son histoire. La Pologne ne peut se priver d´une telle tradition, d´une telle identité nationale".

Le pape insiste: "En entrant dans la communauté européenne, la République de Pologne ne peut perdre aucun des biens matériels et spirituels que les générations de nos ancêtres ont défendus au prix de leur sang".

Dans ce cadre, le pape situe la relation de l´Eglise et de l´Etat. "Pour défendre de telles valeurs, dit le pape, l´Eglise veut être une partenaire et une alliée de qui gouverne notre pays. L´Eglise, comme l´a dit le Parlement de la République, durant mon dernier pèlerinage dans ma Patrie "met en garde face à une réduction de la vision de l´Europe qui la considère exclusivement sous ses aspects économiques et politiques, comme aussi face à un rapport acritique envers un modèle de vie de consommation. Si nous voulons que la nouvelle unité de l´Europe soit durable, nous devons construire sur ces valeurs spirituelles, qui en furent un moment la base, en prenant en considération la richesse et la diversité des cultures et des traditions de chacune des nations. Telle doit être, en effet, la grande Communauté européenne de l´Esprit". Je veux répéter une fois encore que "l´expérience historique que possède la Nation polonaise, sa richesse spirituelle et culturelle, peuvent contribuer de façon efficace au bien commun de toute la famille humaine, spécialement au renforcement de la paix et de la sécurité en Europe" (Varsovie, 11.06.1999)".

Dans son discours de bienvenue, le pape a souligné combien, depuis 1989, l´année historique de la "chute des murs", et jusqu´à aujourd´hui, de nombreuses crises ont secoué le monde, de la Guerre du Golfe à l´actuel conflit en Afghanistan. Mais pour sa part la Pologne n´en enregistre pas moins une renaissance de ses libertés politiques et religieuses et un redressement économique, en dépit des pauvretés qui subsistent et du chômage.

De "nombreuses familles", révèle Jean-Paul II, "s´adressent au pape pour obtenir de l´aide, et un soutien à la fois matériel et spirituel". Les défis sont encore immenses.

Mais à côté des efforts de l´Etat le pape souligne la contribution autonome de l´Eglise polonaise. Depuis le concordat de 1993, rappelle le pape, l´Eglise est en mesure d´accomplir sa mission spirituelle.

Le pape rappelle en effet que l´Eglise "ne cherche pas de privilèges mais seulement les moyens de préserver les authentiques racines chrétiennes de la Pologne".

Mme Hanna Suchocka est membre de l´Académie pontificale des Sciences sociales et du conseil de présidence de cette académie depuis 1994. Née en 1946, Mme Suchocka est diplômée en droit et a été professeur à Heidelberg, à Lublin, à Poznan et Washington. Elle a commencé sa carrière politique comme députée en 1980, et membre des commissions des affaires étrangères et des affaires constitutionnelles du Parlement polonais (1989-1997). Au niveau européen, elle a été membre de la délégation à l´assemblée parlementaire du conseil de l´Europe (1991-1992, 1994-1997). Enfin, Mme Suchocka a été présidente du conseil des ministres (1992-1993), puis ministre de la justice et procurateur général (1997-2000).