Cardinal Gualtiero Bassetti, Capture

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La Journée de prière et de jeûne pour la paix du 23 février, par le card. Bassetti

La paix, authentique vocation chrétienne

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« Voilà le défi d’aujourd’hui : organiser la paix et témoigner que celle-ci est une authentique vocation chrétienne », déclare le cardinal Bassetti dans L’Osservatore Romano en italien du 23 février 2018, qui sera une journée de prière et de jeûne pour la paix, notamment en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud.

Le cardinal Gualtiero Bassetti, archevêque de Pérouse et président de la Conférence épiscopale italienne, souligne l’urgence d’organiser la paix « dans la vie quotidienne », « dans la vie politique » et « dans la vie internationale. « Ne pas tuer moralement celui qui est différent, poursuit l’archevêque italien, ne pas tuer politiquement l’adversaire ; ne pas tuer par la force des armes dans toutes les controverses internationales. »

« Celui qui s’efforce de construire un monde de paix, où soit reconnue partout la dignité de la personne humaine, est un héro de notre époque. Parce que lutter pour la paix peut signifier aussi donner sa vie », affirme Mgr Bassetti qui évoque le p. Max Josef Metzger, guillotiné par les nazis en 1944 parce qu’il prêchait la paix.

Voici notre traduction de la réflexion du cardinal Bassetti publiée dans L’Osservatore Romano

HG

« Tu ne tueras point »

Le chrétien « est un “homme de paix”, non un “homme en paix” : faire la paix est sa vocation ». C’est ce qu’écrivait don Primo Mazzolari en 1955 dans un de ses livres les plus célèbres, « Tu ne tueras point », dans lequel il exhortait les chrétiens à être devant tout les autres dans l’effort commun vers la paix, « par vocation, non par peur ». Ce livre était le fruit d’une très longue réflexion mûrie dans l’expérience directe de deux guerres mondiales (la première vécue au front comme chapelain militaire, la seconde dans la clandestinité après le 8 septembre 1943) et précédait de quelques années l’encyclique Pacem in terris de Jean XXIII qui allait marquer le début d’une nouvelle théologie de la paix. Aujourd’hui, ces paroles du curé de Bozzolo introduisent à la perfection la journée de jeûne et de prière pour la paix promulguée par le pape pour le 23 février.

La recherche de la paix est un des objectifs les plus importants du monde contemporain. Et pourtant, elle continue d’être au centre de polémiques récurrentes. Souvent en effet, celui qui parle de paix est rapidement étiqueté avec un terme au goût amer : le bonisme. Un terme dont on a abusé, qui s’est désormais transformé en une expression péjorative – quasiment un synonyme de couard, fou, traître – attribué de manière superficielle.

Mais il s’agit d’une contrefaçon de la réalité. C’est le contraire qui est vrai. Celui qui s’efforce de construire un monde de paix, où soit reconnue partout la dignité de la personne humaine, est au contraire un héro de notre époque. Parce que lutter pour la paix peut signifier aussi donner sa vie. C’est le cas, par exemple, du prêtre allemand Max Josef Metzger, guillotiné par les nazis en avril 1944 précisément parce qu’il prêchait la paix, et qui fut évoqué par don Mazzolari dans son livre comme « prêtre et martyr ». Dans une lettre écrite de sa prison au pape en 1944, Metzger se demandait : « Si toute la chrétienté avait émis une puissante et unique protestation, n’aurait-on pas évité le désastre ? » Et en outre, il avait l’habitude de répéter : « Nous devons organiser la paix comme les autres organisent la guerre ».

Voilà le défi d’aujourd’hui : organiser la paix et témoigner que celle-ci est une authentique vocation chrétienne. La paix doit être construite, avant tout, dans la vie quotidienne : la récente fusillade dans une école en Floride, où sont mortes 17 personnes, est l’indicateur d’une société parcourue par une inquiétante traînée de rancœur et de violence. La paix doit ensuite être organisée dans la vie politique : les dernières campagnes électorales dans les nations les plus importantes du monde ont été caractérisées par des déchirures profondes, des affrontements frontaux et souvent par un langage violent. Et enfin, la paix doit être organisée dans la vie internationale : dans la République démocratique du Congo, au Soudan, en Syrie, continuellement meurtrie par une guerre féroce qui depuis désormais sept ans a fait un demi million de victimes et des millions de personnes déplacées et de réfugiés.

Il suffit d’une seule statistique pour comprendre l’horreur des conflits. L’année 2017, selon une estimation de l’Unicef, a été une année terrible pour les enfants qui vivent dans les zones de guerre : plus de 27 millions ont été contraints d’abandonner les écoles et un très grand nombre ont été utilisés comme soldats, comme « boucliers humains » et carrément comme des « armes non conventionnelles ».

Dans ce scénario effrayant, émerge avec force la question du pape qui interpelle tout le monde : « Que puis-je faire personnellement pour la paix ? », que pouvons-nous faire « concrètement » pour dire « non à la violence » et à la guerre ?

La première réponse s’inspire du commandement de Dieu : ne pas tuer. Ne pas tuer moralement celui qui est différent ; ne pas tuer politiquement l’adversaire ; ne pas tuer par la force des armes dans toutes les controverses internationales. En aucun cas, en fait, le réalisme ne peut se confondre avec le cynisme. Et les raisonnements savants des analystes ne peuvent fournir d’alibi aux professionnels de la guerre. Parce qu’en définitive, comme l’écrivait don Mazzolari, « on peut toujours ergoter sur l’expression « ne pas tuer », mais elle signifie une seule chose : « Tu ne tueras point ».

© L’Osservatore Romano

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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