L'amour doit rejoindre les hauts et les bas de la vie réelle

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Homélie de Tierce, 5e Congrégation générale

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« Il n’y a rien de désengagé dans l’amour… L’amour a toujours à rejoindre les réalités, les questions pratiques, les circonstances parfois désordonnées de la vie réelle, de la famille, de l’amitié, du travail et de la politique », bref, « les hauts et les bas de la vie réelle », déclare Mgr Tartaglia.

La cinquième Congrégation générale du synode extraordinaire sur la famille s’est ouverte hier matin, 9 octobre, avec le chant de l’office de Tierce, dans la Salle du synode au Vatican. C’est Mgr Philip Tartaglia, archevêque de Glasgow en Écosse, qui a prononcé l’homélie de l’office.

Citant l’hymne à la charité de saint Paul – « l’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout » – l’archevêque a fait observer que « dans une famille, toutes les occasions sont là pour être patient, doux, pour excuser et pour faire confiance. Toutes les occasions sont là pour renouveler sa fidélité envers l’autre en riant ensemble, en pleurant ensemble, en se soutenant mutuellement, en se demandant pardon, en accordant à l’autre le bénéfice du doute, en s’embrassant, en étant heureux pour l’autre, en sachant simplement dire le bon mot au bon moment ».

Et dans la « tristesse » des couples en difficulté, « l’Église doit trouver une manière de dire les mots d’amour de saint Paul, qui excusent et pardonnent avec compassion, mais qui soignent aussi et qui renouvellent et relèvent ».

En d’autres termes, l’Église doit « avoir de la compassion pour la peine et la déchirure des cœurs humains pris dans une séparation, une trahison ou un divorce » et « trouver un moyen pour confirmer le dessein de Dieu sur le mariage et la famille tout en soutenant ceux pour qui ce but est devenu presque impossible à atteindre ».

L’archevêque a exhorté à « ne pas décevoir » les gens qui « se tournent encore instinctivement vers l’Église pour y trouver espoir, consolation et soutien » dans les moments de détresse.

A.K.

Homélie de Mgr Philip Tartaglia

En Écosse, nous eu récemment un référendum sur l’indépendance. Le choix était simple : Oui ou Non. Finalement, la majorité n’a pas choisi l’indépendance et a voté pour rester dans le Royaume-Uni.

Le débat qui a précédé le référendum a été captivant, passionné et partisan. La population était intensément engagée sur ces questions. 85% de l’électorat a voté. Le référendum a divisé des villes, des quartiers, des voisins, des familles et des amis, et même des époux entre eux ! Il y a eu des réunions et des rassemblements, des cartes et des affiches partout en faveur du Oui ou du Non.

Allions-nous pouvoir nous réunir à nouveau après cela ? Une unité serait-elle de nouveau possible dans le pays ? Les communautés, les familles et les amis seraient-ils capables de réconcilier leurs différences ?

Une photo, postée sur un site de médias sociaux, a frappé les imaginations. On voyait deux maisons côte à côte quelque part en Écosse. L’une affichait un panneau Oui et l’autre un Non. Le plus remarquable, c’était qu’entre les deux résidences, il y en avait un troisième qui indiquait : « Nous aimons notre voisin ». C’était une image sympathique, et puissante aussi, qui a désarmé la tension de la situation avec un humour typiquement écossais.

« L’amour prend patience ; l’amour rend service… il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt », nous enseigne saint Paul dans le texte de ce jour. Paul parle de l’amour avec passion et éloquence. Il n’y a rien de désengagé dans cet amour. L’amour a toujours à rejoindre les réalités, les questions pratiques, les circonstances parfois désordonnées de la vie réelle, de la famille, de l’amitié, du travail et de la politique. L’amour « supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout », dit notre texte. Et dans les hauts et les bas de la vie réelle, il peut y avoir tellement à excuser, un tel besoin de confiance, et il y a si souvent beaucoup à endurer.

Le choix des lectures pour les mariages inclut ce texte. En préparant leur mariage, les époux le lisent en se disant : « C’est tellement beau ! Je veux que mon amour, notre amour, soit comme cela, patient et doux, confiant, endurant, fidèle et qu’il dure toujours ».

Et quand le mari et la femme sont heureux ensemble et qu’ils ont la bénédiction d’avoir des enfants, leur amour s’étend de deux à trois, quatre, cinq. Dans une famille, toutes les occasions sont là pour être patient, doux, pour excuser et pour faire confiance. Toutes les occasions sont là pour renouveler sa fidélité envers l’autre en riant ensemble, en pleurant ensemble, en se soutenant mutuellement, en se demandant pardon, en accordant à l’autre le bénéfice du doute, en s’embrassant, en étant heureux pour l’autre, en sachant simplement dire le bon mot au bon moment. Et lorsque ces choses arrivent, nous avons le privilège de contempler la beauté et la simplicité et la force de l’amour conjugal et de l’amour familial, un amour qui endure vraiment tout avec la grâce du Christ.

Mais lorsque la famille se fracture, l’amour est la première victime. L’amour qui était comme la colle entre les conjoints devient très rapidement de la haine. La communion de vie intime est remplacée par une logique terrible de division. La paix du cœur des enfants est ébranlée et ils se retrouvent à aimer et haïr en même temps leurs parents.

Dans cette tristesse, l’Église doit trouver une manière de dire les mots d’amour de saint Paul, qui excusent et pardonnent avec compassion, mais qui soignent aussi et qui renouvellent et qui relèvent ; une manière où le pardon n’est pas un arrangement ni de l’indifférence mais une véritable réconciliation, parfois durement gagnée, générant une nouvelle confiance, une nouvelle espérance, une nouvelle endurance et une nouvelle fidélité, une nouvelle page de l’histoire d’amour du mari et de la femme et de leurs enfants.

Les paroles de saint Paul sur l’amour, que nous avons entendues aujourd’hui et qui sont source d’inspiration, signifient que nous devons avoir de la compassion pour la peine et la déchirure des cœurs humains pris dans une séparation, une trahison ou un divorce. Les mots de saint Paul nous encouragent à trouver un moyen pour confirmer le dessein de Dieu sur le mariage et la famille tout en soutenant ceux pour qui ce but est devenu presque impossible à atteindre. Dans les moments de détresse et de malheur, les gens se tournent encore instinctivement vers l’Église pour y trouver espoir, consolation et soutien. Nous ne devons pas les décevoir.

Sur la croix, Jésus a souffert patiemment, il a excusé ses bourreaux, il a mis sa confiance dans le Père et il a ouvert les bras pour embrasser et accueillir tous les pécheurs et tous ceux qui sont dans la souffrance et dans l’angoisse. Dans cette mission sacrée de l’amour divin, Jésus nous appelle à le suivre.

Traduction de Zenit, Constance Roques

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Philip Tartaglia

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