Journée mondiale de la Jeunesse 97 et le Grand Jubilé : "rampe de lancement"

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Entretien avec le cardinal Jean-Marie Lustiger en visite ad limina

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CITE DU VATICAN, Jeudi 19 février 2004 (ZENIT.org) – Les évêques français de la région d’Île de France vivent cette semaine leur visite ad limina: les pasteurs des 15 provinces ecclésiastiques françaises se sont succédés à Rome depuis novembre 2003, et ils achèvent leurs visites la semaine prochaine. Ils n’étaient pas venus à Rome depuis sept ans, en raison du Jubilé.

Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, explique à Zenit la tonalité particulière de cette visite ad limina, dans un contexte français marqué par la Journée mondiale de la Jeunesse de 1997, puis le Jubilé de l’an 2000. « Une rampe de lancement », explique le cardinal, au moment où Paris se prépare à vivre un grand « congrès d’évangélisation », comme Vienne en 2003, Lisbonne et Bruxelles en 2005 et 2006. Les « Documents » de cette page publient la lettre du cardinal Lustiger à ce sujet.

Zenit – Monsieur le cardinal Lustiger, quelle importance revêt cette visite ad limina, qui a commencé lundi dernier 16 février, et s’achève samedi prochain, 21 février: quelle est sa tonalité particulière?

Card. Lustiger : C’est la première visite ad limina depuis la Journée mondiale de la Jeunesse en août 1997: c’est d’une certaine façon un anniversaire. Et mon impression, partagée par les autres évêques d’Île de France, c’est que nous mesurons à quel point les JMJ et le Jubilé de l’an 2000 ont marqué un tournant dans l’ensemble des perspectives pastorales des évêques d’Île de France. Nous sommes vraiment entrés, ces dernières décennies, dans un nouveau temps de la vie de l’Eglise. On peut dire que jusque-là c’était encore la phase de la fin de « l’aggiornamento », sur la lancée de Vatican II, avec tout ce que cela implique de réajustements et, simultanément, de bouleversements de la vie de l’Eglise, et de la vie sociale en France. Mais cette nouvelle phase, c’est celle de l’évangélisation. Et j’ai l’impression que les générations présentes, qui auront à vivre les vingt années futures, ont ce grand champ-là devant eux. Nous en avons pris fortement conscience au cours de cette visite ad limina, en faisant un bilan de la vie de nos diocèses depuis 1997, et en présentant tout cela au Saint-Père.

Zenit – Eminence, quel est le principal souci du pasteur de l’Eglise de Paris aujourd’hui?

Card. Lustiger : Le diocèse de Paris est prêt pour la mission: partout, on voit des fruits de ferveur renouvelée, grâce à tout ce qui a pu se passer au cours des dizaines d’années précédentes. On sent le désir et l’audace d’annoncer le Christ. J’ai l’impression d’être à un moment très important de la vie du diocèse, qui ouvre un chemin d’avenir, sur un relativement long terme.
Beaucoup de fidèles, et le clergé d’une manière générale, sentent que leur devoir maintenant est de témoigner de l’amour du Christ, dans cette civilisation et dans cette culture. Mais pas avec le sentiment d’être « minoritaires »: ce serait une vision tout à fait faussée de la réalité, car le christianisme demeure le fond de culture de notre société, même si on y constate de grands écarts avec les exigences de l’Evangile et d’une vie chrétienne consciente d’elle même.
Mais ceux qui aujourd’hui sont proches de l’Eglise, participent à l’eucharistie, ne se considèrent plus seulement comme des gens qui viennent puiser ce dont ils ont besoin pour leur vie personnelle: ils acceptent de porter le poids de l’annonce de l’Evangile et sentent que c’est vital pour eux, que c’est vital pour leur famille, pour leur entourage, là où ils se trouvent.
Au fond, ils commencent à avoir le courage d’une personnalité chrétienne qui accepte de subir la contradiction, et qui, en même temps, sait être bienveillante pour être accessible à ceux qui, éloignés ou parfois agressifs, critiquent les positions qui sont les nôtres, mais s’interrogent sur le sens à donner à la vie, dans un milieu qui perd ses repères et ne sait plus très bien où il va. Donc je suis très optimiste sur la conjoncture spirituelle, que je découvre, et que je re-découvre dans le diocèse de Paris.

Zenit – En tant qu’archevêque de Paris vous donnez l’occasion à toutes les forces vives du diocèse de se mobiliser pour l’évangélisation, au cours du congrès qui aura lieu en préparation à la Toussaint 2004: que leur demandez-vous?

Card. Lustiger : Ce n’est pas seulement un événement qui aura lieu au cours de la semaine de la Toussaint, fin octobre, mais c’est un mouvement de fond qui vraiment a commencé déjà depuis des années. Mais il revêt un nouvel aspect en ce moment dans pratiquement toutes les paroisses, les mouvements et les institutions de Paris. J’ai demandé que les gens réfléchissent à ce que peut signifier pour eux d’annoncer le Christ aux habitants de cette ville, et à comment ils peuvent le faire.
Ce n’est pas une question à laquelle il faut donner une réponse théorique, c’est un appel: « Faites ce que Dieu vous demandera ». C’est presque la consigne de Marie aux Noces de Cana: « Faites tout ce qu’il vous dira ». Et pour cela, écoutez ce qu’il vous dit. Depuis que l’on a lancé cette perspective, et au fur et à mesure que les semaines et les mois s’écoulent, je suis frappé de voir surgir des initiatives parfois très modestes, parfois très belles et fortes et inventives. Rien de spectaculaire: c’est une addition, une convergence de gens qui se réveillent, qui réfléchissent et qui agissent, qui prennent parfois des initiatives nouvelles, d’autres des initiatives anciennes.
Cela bouge. Et cela bouge dans le sens d’un acte de foi. Ce qui me frappe aussi, c’est que tout ce bouillonnement ne se fait pas dans l’anxiété ou la fébrilité, mais il est porté par un vrai climat de prière, sans qu’il soit nécessaire de le commander ou de l’organiser. Je trouve qu’il y a là les signes d’un véritable renouveau intérieur en train de s’opérer.
Alors ne me faites pas dire que c’est une ère paradisiaque: il y a des difficultés, des gens qui ne comprennent pas, les drames habituels de la vie sont là, les écarts avec la jeunesse demeure, mais tout cela bouge, et il se passe quelque chose. Je remercie Dieu de ce temps de grâce qu’il nous donne. Et je dois dire que c’est vraiment l’initiative du Pape qui a provoqué les Journées mondiales de la Jeunesse, puis le Jubilé de l’an 2000: ces deux événements ont été « mis en série », ils ont été la rampe de lancement de quelque chose qui était déjà en train de mûrir depuis un certain temps.

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ZENIT Staff

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