«Le plus important c’est d’entendre la voix de la terre», déclare Tokuun Tanaka, moine bouddhiste survivant du désastre nucléaire de Fukushima, de mars 2011. Il appelle de ses voeux un changement décisif pour l’humanité.
Il vivait dans un temple de plus de 800 ans et il a témoigné lors de la rencontre du pape François avec quelque 800 survivants du « triple désastre » de mars 2011, ce lundi 25 novembre 20019 au palais des congrès «Bellesalle Hanzomon » de Tokyo.
Ce « triple désastre » c’est le séisme de magnitude 9 (échelle de Richter), le tsunami qu’il a provoqué et l’accident nucléaire de Fukushima. En tout quelque 18 000 morts et 50 000 personnes toujours déplacées dans d’autres régions du Japon, sans compter les blessés, atteints physiquement ou psychiquement.
« Nous faisons partie de la terre, de l’environnement. Si nous réussissons à comprendre cela, ce sera comme une chenille qui se transforme en papillon et le problème sera résolu », a fait notamment observer le moine japonais.
Il souhaite que la catastrophe soit l’occasion d’un tournant pour l’humanité vers notamment une plus grande solidarité: « Il est temps pour l’humanité tout entière d’évoluer sur la base de la solidarité et de l’harmonie, au-delà de soi et de la société ».
Il a été le deuxième à témoignage, après Toshiko Kato, directrice d’un jardin d’enfant catholique, survivante du tsunami, et avant le jeune Matsuki Kamoshita.
Voici notre traduction, de l’anglais, du témoignage du moine japonais.
AB
Merci de cette opportunité.
Dokeiji, où je vivais, est un temple central dans la région depuis plus de 800 ans. Il se trouve à environ 17 km au nord-ouest de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. C’était un endroit paisible, riche en nature avec une agriculture et une pêche florissantes. De nombreuses personnes vivaient ensemble pendant trois ou quatre générations et appréciaient l’histoire et la culture transmises par leurs ancêtres. Dans la ville, il y avait une cérémonie shinto, Soma Nomaoi, qui dit-on, était transmise depuis mille ans.
L’ordre d’évacuation a été levé en 2016 et 35% des personnes sont revenues. Les membres du temple sont dispersés tout près ou au loin sur un très vaste territoire. Je vais souvent leur rendre visite. Au début, nous étions désemparés face à cette terrible réalité. Cependant, peu à peu, nous nous relevons, nous acceptons la réalité et commençons à bouger.
En plus du problème des centrales nucléaires, comment pouvons-nous également réagir à des problèmes tels que les catastrophes naturelles, les conditions météorologiques anormales, les problèmes environnementaux, les guerres, les réfugiés, l’alimentation, les disparités économiques et d’autres problèmes majeurs? Une réflexion honnête et humble, une compréhension profonde et des décisions sur ce qui doit être fait sont nécessaires.
Le plus important c’est d’entendre la voix de la terre. Nous faisons partie de la terre, de l’environnement. Si nous réussissons à comprendre cela, ce sera comme une chenille qui se transforme en papillon et le problème sera résolu. Ensuite, il y a la préparation de l’esprit, du corps et du style de vie. Sur cette base, nous devrions prier et agir chaque jour.
Notre mode de vie a été remise en question. De la croissance à la maturité, faisons partie du changement. Faisons le bon chemin sans souci d’un profit ou d’une perte. Il est temps pour l’humanité tout entière d’évoluer sur la base de la solidarité et de l’harmonie, au-delà de soi et de la société.
Merci beaucoup pour cette occasion de vous rencontrer. Avec les mains jointes dans la prière.
© Traduction de Zenit, Anita Bourdin