Islam et christianisme: pour ne pas se résigner à l'incompréhension

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Cours du soir à l’Institut d’Etudes théologiques des jésuites à Bruxelles

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C’est la foi dans le Christ ressuscité qui « empêche de se résigner à l’incompréhension ou au repli sur soi », notamment face à l’islam, explique le P. Jean-Luc Blanpain,  qui donne à l’Institut d’Etudes Théologiques (IET), la faculté de théologie de la Compagnie de Jésus à Bruxelles, un cours du soir sur islam et christianisme, le jeudi (20h30-21h30), ouvert à tous, pendant un semestre (12 février-4 juin).

Prêtre diocésain du diocèse de Malines-Bruxelles, en paroisse dans le centre de Bruxelles, Jean-Luc Blanpain a une formation de théologien et d’islamologue. 

« Une réelle prise en compte de l’identité religieuse de l’autre est un élément important pour le rencontrer vraiment. De ce point de vue, le cours peut être considéré comme un outil pour s’engager plus aisément dans la rencontre », explique encore le P. Blanpain pour les lecteurs de Zenit.

Zenit – Pour quoi un cours sur islam et christianisme, et à qui s’adresse-t-il?

Jean-Luc Blanpain – Le cours s’inscrit d’abord dans le cursus théologique canonique, qui prévoit que les étudiants en théologie se voient offrir une introduction aux grandes traditions religieuses de l’humanité. Dans le cas présent, le cours est proposé dans une formule de cours du soir, ce qui l’ouvre à un plus grand nombre de personnes, soucieuses de découvrir l’Islam, dans la perspective d’un chrétien qui souhaite mieux connaître cette réalité religieuse importante dans nos sociétés.

De quoi allez-vous parler?

Le cours comporte tout d’abord un volet informatif de base important (naissance de l’Islam, vie du Prophète, développement historique, les croyances de foi et le culte prescrit, les dimensions morales et de vie sociale, les grandes disciplines religieuses de l’Islam). Comme il s’adresse principalement à des chrétiens, il propose également quelques thèmes de théologie comparée, pour aider à prendre la mesure des cohérences religieuses respectives (Bible et Coran, les figures d’Abraham, de Jésus, de Marie). Il aborde enfin dans une troisième partie des enjeux pour aujourd’hui : la rencontre islamo-chrétienne, l’Islam en Europe et à Bruxelles, les défis de la rencontre.

L’islam est devenu un sujet très délicat, notamment avec le déchaînement du terrorisme et les exactions contre les chrétiens: certains en arrivent à dire que l’islam étant intrinsèquement porteur de violence, le dialogue est impossible… Un tel cours vise-t-il à apaiser les peurs? 

Le déchaînement actuel de violence et de barbarie, non seulement à l’égard de chrétiens mais aussi entre musulmans, laisse dans la plus grande incompréhension et la dénonciation, tant la majorité des musulmans que l’observateur extérieur. Nombre de facteurs peuvent être invoqués (enjeux géostratégiques, sociaux, culturels, conflit israélo-palestinien…), mais aucune réponse n’est satisfaisante. En interrogeant les sources de la foi, on se donne des outils, non pour trouver une réponse ou une solution, mais pour repérer ce qui peut être problématique, être source de violence, tout en essayant aussi dans le même temps de repérer ce qui peut être un chemin de sortie des situations de violence. Le but n’est pas d’apaiser les peurs, mais de ne pas s’y résigner, en se donnant des outils de connaissance qui peuvent aider à sortir des crises actuelles.

En quoi consiste le dialogue « interreligieux » avec l’islam? Ce cours peut-il être considéré comme un point de départ de ce dialogue?

Pour ma part, je préfère parler de rencontre interreligieuse que de dialogue. Pour le chrétien, rien de ce qui est humain ne peut être étranger. La rencontre vise à contribuer au développement d’une fraternité de plus en plus universelle au cœur de l’humanité. Notre foi au Ressuscité nous y engage, et nous empêche de nous résigner à l’incompréhension ou au repli sur soi. Une réelle prise en compte de l’identité religieuse de l’autre est un élément important pour le rencontrer vraiment. De ce point de vue, le cours peut être considéré comme un outil pour s’engager plus aisément dans la rencontre.

L’IET est un institut de formation sacerdotale: pourquoi est-ce utile que les prêtres connaissent l’islam?

L’IET est la faculté de théologie de la Compagnie de Jésus à Bruxelles. L’institut a donc un rôle plus large que celui de la formation sacerdotale. Et toute formation théologique implique une découverte des grandes traditions religieuses vivantes : penser la foi se fait au cœur des réalités concrètes de notre monde.

Certains craignent qu’en développant le dialogue avec l’islam on oublie le judaïsme: comment les deux dialogues s’articulent-ils?

C’est une dimension fondamentale. Certains préfèrent d’ailleurs parler d’un « trialogue ». Le chrétien ne peut penser sa rencontre avec l’Islam sans l’articuler à une réelle prise en compte de l’enracinement de la foi chrétienne dans le judaïsme. Un juste rapport au judaïsme me paraît la condition d’un rapport ajusté aux autres traditions religieuses. 

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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