« Il y a urgence à aider le Liban », a déclaré Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient. Cette association française depuis plus de 160 ans au service des chrétiens d’Orient a fait un appel pour sauver les « écoles gratuites qui parfois nourrissent leurs élèves et opèrent leur suivi médical » et les « institutions médicales de santé qui sont en péril ». « Voilà des années que l’état libanais ne paie plus ni aux écoles ni aux hôpitaux », a rappelé le directeur général.
Avec « un chômage considérable qui touche près de 40% de la population », les habitants « sont sur le point de connaître la famine », a dit aussi Mgr Gollnisch : « Nous avons tous les jours des appels à l’aide à l’Œuvre d’Orient pour la distribution de colis alimentaires. »
C’est ce qu’il a affirmé au cours d’une conférence de presse sur le thème « Irak, Syrie, Liban : le spectre de la faim » qui s’est déroulée le 5 mai 2020, en prévision de la Journée des chrétiens d’Orient (17 mai).
Avec la crise bancaire et économique au Liban, a expliqué le directeur général, « le tissu économique, industriel et agricole » n’existe plus et entraîne « un chômage considérable ». La pauvreté, le problème de la faim, a-t-il poursuivi, touchent non seulement les « classes pauvres, mais aussi les classes moyennes y compris les classes moyennes supérieures ». Son organisation n’est pas capable d’aider tout le monde et lance un appel à l’aide : « Nous ne sommes pas en mesure de nourrir le Liban. … Que pouvons-nous faire, nous, l’Œuvre d’Orient, association d’un budget de 20 millions €, ce qui n’est certes pas négligeable, mais bien loin du budget d’une puissance étatique pour nourrir une population ? »
À cela, a dit Mgr Gollnisch, s’ajoute le problème de « la survie des écoles non publiques, c’est-à-dire des écoles où véritablement sont prises en compte toutes les composantes de la société, les chrétiens et les musulmans ». Il s’agit des écoles catholiques qui « accueillent une population musulmane et une population chrétienne » ensemble. Tenues par des congrégations religieuses, elles comptent 400 000 élèves : « des chrétiens et des musulmans, des pauvres et des riches, des garçons et des filles ». Parmi ces écoles, certaines sont fréquentées « par la haute bourgeoisie », a expliqué le directeur général, et L’Œuvre d’Orient n’aide pas ces écoles; certaines sont semi-publiques, « accueillant une classe plus pauvre » et ces écoles « sont en péril ; et enfin d’autres sont gratuites, pour les plus pauvres, et leur survie est menacée ».
« Il y a urgence à sauver ces écoles, qui au-delà de leur rôle éducatif, sont un pôle social », a déclaré Mgr Gollnisch.
Le directeur a rappelé qu’au Liban, « l’Etat ne paie pas le salaire des profs dans l’enseignement catholique », tandis qu’en France, « le gouvernement français laïc paie les profs de l’enseignement catholique ».
Mgr Gollnisch a aussi expliqué que la conférence internationale Cèdre (Conférence économique pour le développement, par les réformes et avec les entreprises) « a été prête à débloquer des milliards » pour aider le Liban, mais à condition de mettre en route « des réformes » dans le pays.
« Les réformes doivent être faites avant que la population soit à genou, sinon elles ne sont plus audibles », a souligné le directeur.
Il a également abordé « la situation des réfugiés palestiniens, irakiens et surtout syriens » au Liban. « Ces derniers, a-t-il dit, souffrent de la crise économique, car, si la population libanaise ne peut plus se nourrir, il va de soi que les réfugiés syriens sont dans une situation extrêmement délicate, bien qu’ils soient aidés par le Haut-Commissariat aux Réfugiés. »
La « misère » dans le pays « peut générer des violences accrues qui risquent d’empirer encore considérablement la situation », a alerté Mgr Gollnisch.