Fête du Saint-Sacrement: Première Communion de Bernadette Soubirous

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Dimanche 22 juin 2014

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Bernadette Soubirous n’a pas fait sa Première Communion un dimanche 22 juin, mais un 3 juin. En 1858, année des apparitions, le 3 juin était le jeudi de la Fête-Dieu comme l’on disait alors. Mais la date elle-même (3 ou 22 juin) a moins d’importance que la fête liturgique, qu’elle ait lieu le jeudi, comme jadis, ou le dimanche, comme aujourd’hui. Et il vaut la peine d’en parler dans cette série d’articles consacrés aux apparitions de Lourdes.

Pour deux raisons : la Première Communion a joué un rôle capital dans le déroulement de l’histoire, en 1858, à Lourdes, pour Bernadette. Mais elle donne aussi aux apparitions leur sens pleinement chrétien, et cela concerne le pèlerin d’aujourd’hui comme celui d’hier.

Depuis le début de l’été 1857, Bernadette était placée dans la famille de sa nourrice, à Bartrès. Peu après son arrivée, le curé était parti dans une « communauté nouvelle », dans le Morvan. Il n’avait pas été remplacé. Marie Laguës, la nourrice, essayait bien de faire le catéchisme à Bernadette. Mais ses talents pédagogiques étaient égaux à l’aptitude Bernadette pour retenir les formules, exactes mais abstraites, du Catéchisme : égaux, c’est-à-dire nuls.

La perspective de la Première Communion s’éloignait donc. La situation était bloquée. Bernadette la débloqua en demandant à ses parents de pouvoir revenir au cachot. Son père l’aimait trop pour lui refuser. Elle revint donc à Lourdes dans les premiers jours de janvier 1858.

A Lourdes, elle n’aura pas grand-chose à manger ; il fera froid ; toute la famille s’entassera en quelques mètres carrés. Mais elle pourra entrer à l’école, chez les Sœurs de Nevers. Elle apprendra à lire et à écrire. Surtout, elle pourra préparer sa Première Communion.

Quelques semaines après son retour à Lourdes, commence le temps des apparitions : 11 février, 14 février, la quinzaine qui se termine le 4 mars, le 25 mars et le 7 avril. Quand Bernadette se rend à la Grotte, c’est ordinairement de bon matin. A moins d’être retenue à la maison, elle ne manque pas la classe. Les progrès scolaires sont lents : elle a déjà 14 ans ; c’est tard pour commencer. Quant au catéchisme, l’abbé Pomian n’a pas beaucoup plus de succès que la mère Laguës.

Au printemps, l’autorité religieuse ne s’est toujours pas prononcée sur l’authenticité des apparitions. Mais la conduite de Bernadette est telle que le curé, l’abbé Peyramale, décide : Bernadette fera sa Première Communion, avec quelques autres fillettes, le jour de la Fête-Dieu, le jeudi 3 juin. La célébration a lieu dans l’oratoire de l’hospice des Soeurs, qui abrite aussi l’école. Le lieu a été restauré récemment : l’ancien autel a disparu depuis longtemps, mais l’emplacement est authentique. Ce lieu mérite le pèlerinage.

Le lendemain de la fête, le curé écrit à l’évêque qu’en Bernadette, « tout se développe en elle d’une manière étonnante ». Or l’abbé Peyramale n’était pas homme à s’étonner pour rien. Quant à Bernadette, elle déjoue, comme d’habitude, le piège qui lui est, peut-être innocemment, tendu : entre les apparitions et la Première Communion, quand a-t-elle été la plus heureuse ? « Ce sont deux choses qui vont ensemble mais qui ne peuvent être comparées. J’ai été bien heureuse dans les deux. »

Pour Bernadette, la Première Communion n’était pas un caprice d’adolescente, un retard à rattraper. C’était le début d’une intense vie eucharistique. La communion fréquente et la communion des enfants ne seront recommandées par le pape Pie X que près de cinquante ans plus tard. Mais Bernadette s’approchera de la Sainte Table aussi souvent qu’elle le pourra, c’est-à-dire aussi souvent que les prêtres et, plus tard, ses supérieures le lui permettront.

Quand elle communiait et pendant son action de grâce, son visage retrouvait la beauté de Massabielle. A Nevers, l’infirmerie où elle se trouva si souvent, tantôt comme infirmière, tantôt comme malade, était toute proche de la tribune de la chapelle : elle s’y rendit autant qu’elle put. Pendant quelque temps, elle eut même la joie de servir à la sacristie, une autre manière d’honorer le Christ présent dans l’Eucharistie.

Bernadette a résidé comme interne chez les Sœurs de Lourdes de 1859 à 1866. Elle y a expérimenté la triple présence du Christ : sa présence eucharistique, sa présence dans les pauvres, les malades, les enfants, mais aussi sa présence dans la communauté des Sœurs. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » Ces éléments étaient déjà en germe chez Bernadette avant les apparitions. Ils se développeront encore à Nevers (1866-1879) et ils seront le motif de sa canonisation. Mais c’est bien à Lourdes, chez les Sœurs, qu’ils sont venus à maturité et ont conduit Bernadette à entrer dans la Congrégation.

Il ne faut donc pas isoler la Première Communion comme un épisode anecdotique dans la vie de Bernadette. Il ne faut pas la séparer, non plus, des apparitions elles-mêmes. Celles-ci se sont inscrites dans un cadre liturgique : Carême, fête de l’Annonciation, Semaine pascale. Elles s’achèveront, le 16 juillet, avec la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, vénérée à l’église paroissiale. Bernadette en portera le scapulaire.

L’Eucharistie reçue avant la dernière apparition donne sa dimension proprement chrétienne à ce qui aurait pu n’être qu’une dévotion marginale. Deux évêques de Tarbes, depuis cette époque, ont choisi pour devise : « A Jésus par Marie ». La première Messe célébrée à Massabielle l’a été à la Grotte. Très vite un autel fixe a été placé au centre de la Grotte, entre la statue de la Vierge et la source d’où sort une eau vive, comme du rocher frappé par Moïse, comme du côté du Crucifié transpercé par la lance.

Ce n’est pas, non plus, par hasard qu’un des deux temps forts de chaque journée lourdaise est la procession eucharistique de l’après-midi.

Qu’en l’anniversaire liturgique de sa Première Communion, Bernadette nous ranime en nous un vif désir et le sens plénier de l’Eucharistie !

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Jacques Perrier

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