Bogota, Colombie © Wikimedia commons / Dori

Bogota, Colombie © Wikimedia commons / Dori

Colombie : les quatre villes que visitera le pape

Bogota, Villavicencio, Medellin et Cartagena

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Le pape François est attendu en Colombie pour cinq jours, du 6 au 11 septembre 2017. Durant ce 20e voyage apostolique, il visitera quatre villes – Bogota, Villavicencio, Medellin et Cartagena – sur lesquelles le blog proche du Saint-Siège Il Sismografo donne quelques éléments.
Bogotá
Le pape François arrivera dans la capitale colombienne, Santé Fé de Bogotá, siège du Gouvernement et siège du Conseil épiscopal d’Amérique latine et des Caraïbes (Celam), né sur la décision de Pie XII après la première assemblée générale des épiscopats de la région (22) en 1955.
Dans cette ville, le pape aura les traditionnelles rencontres protocolaires avec les autorités du Gouvernement, avec le Corps diplomatique et des représentants de la société civile. Des rencontres sont prévues avec des responsables des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et avec de nombreuses victimes du conflit. On peut prévoir la présence de représentants de Cuba, de Norvège, du Chili, du Venezuela, des Etats-Unis, de l’Union européenne et d’autres, qui ont depuis toujours accompagné les négociations de La Havane entre le Gouvernement et les Farc.
Villavicencio
La ville, située à 75 kilomètres au sud-est de la capitale à vol d’oiseau (par la route, 115 kilomètres), est connue comme le « cœur de la Colombie orientale », véritable écrin écologique. Depuis toujours, les évêques de l’archidiocèse – l’actuel étant Mgr Oscar Urbina Ortega – ont maintenu vivant parmi les communautés ecclésiales un fort engagement social avec de très nombreuses activités orientées à la promotion et au développement humain durable. Le fleuve qui la traverse, Guatiquia, a donné à la ville une remarquable importance commerciale qui soutient l’économie locale, en substance agricole. La vocation agro-industrielle de la ville, dans le département de Meta, est d’une importance fondamentale pour l’économie colombienne. Villavicencio a été dans le passé fortement impliquée dans le conflit armé intérieur et pas seulement celui avec les Farc mais aussi au cours de la période précédente, après l’assassinat (1948) du chef catholique libéral Jorge Eliécer Gaitán dont on rappelle chaque année le sacrifice, tout comme on rappelle chaque année les victimes de la guerre qui s’est conclue avec les récents Accords. Il y a des années, le président C. Gaviria d’alors choisit Villavicencio, en 2012, pour célébrer la « Journée nationale de la mémoire et de la solidarité avec les victimes » (le 9 avril). Une forte communauté monfortienne (fondée par saint Louis-Marie Grignon de Montfort) est active à Villavicencio.
Medellín
Ville réputée dans la vie de l’Église latino-américaine parce que la première à accueillir, avec la capitale, la visite d’un pape dans la région : Paul VI. Le pape Montini y a séjourné quelques heures en 1968 pour ouvrir les travaux de la IIème Conférence générale de l’épiscopat latino-américain (11-18 août). Le 24 août 1968, c’est là qu’il a prononcé son fameux discours, dont on se souvient encore, sur les « Trois orientations » avant d’inaugurer le nouveau siège du Celam. Sa présence, accueillie par une énorme participation de la population, fut aussitôt associée à l’encyclique Populorum progressio (26 mars 1967) qui avait eu un énorme impact sur la région et dans les Églises locales. Il fut accueilli, il y a 49 ans, avec des bannières sur lesquelles on pouvait lire des phrases de ce document, en particulier : « Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui de manière dramatique les peuples de l’opulence ». Désormais, en Amérique latine, les paroles conclusives de l’encyclique devinrent une sorte de manifeste : « … si le développement est le nouveau nom de la paix, qui ne voudrait y coopérer de toutes ses forces ? Oui, tous : nous vous invitons à répondre à Notre cri d’angoisse, au nom du Seigneur ».
Aujourd’hui, cette ville et ce diocèse guidé depuis 2010 par Mgr Ricardo Antonio Tobón Restrepo, ont payé un prix du sang terrible durant les années du conflit. Parmi les victimes, prêtres, religieuses et catéchistes. (L’évêque d’Arauca, Mgr Jesús Emilio Jaramillo, fut séquestré, torturé, traduit en justice et tué le 2 octobre 1989 et Mgr Isaías Duarte Cancino, archevêque de Cali, fut tué le 16 mars 2002). Dans le passé, mais aussi aujourd’hui, bien qu’en diminution, le pouvoir des cartels de la cocaïne a imposé sa propre loi, générant une spirale de violence qui semblait impossible à arrêter.
Cartagena des Indes
La Colombie, pays bi-océanique, donne sur la Mer des Caraïbes avec plusieurs villes importantes. La plus connue, joyau de l’Unesco, est Carthagène des Indes, capitale du département de Bolivar, siège stratégique du colonialisme espagnol où arrivaient les Africains capturés pour être vendus comme esclave dans le Nouveau Monde. Actuellement, depuis 2005, l’archevêque métropolitain du diocèse est Mgr Jorge Enrique Jiménez Carvajal.
Pendant des années, la ville fut le marché le plus important pour l’achat et la vente d’esclaves afro-américains. Depuis sa fondation, en 1533, sur la volonté de Pedro de Heredia, le lieu apparut comme un nœud stratégique pour le colonialisme de l’époque. La figure du missionnaire jésuite saint Pierre Claver, l’apôtre des esclaves, est liée à la ville où furent signés les accords de paix entre le président Santos et l’ex guérilla des Farc (soumis après un référendum). Pierre Claver vécut et travailla ici de nombreuses années et se consacra entièrement à assister et à sauver les esclaves africains amenés en Amérique.
Les accords de paix entre le gouvernement et les FARC furent signés le 26 septembre 2016, en présence du cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, sur la place devant l’église qui conserve les reliques de saint Pierre Claver. Le choix de cette ville a une signification importante, a déclaré publiquement le président colombien en rappelant que « saint Pierre Claver a été proclamé défenseur des droits de l’homme et, dans ce processus (de négociation), les victimes et leurs droits ont été mis au centre. C’est pourquoi nous avons choisi Carthagène des Indes, ville où vécut et mourut le saint jésuite espagnol ».

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Hélène Ginabat

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