Claire Monestès © Xaviere sisters

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Bientôt 100 ans: « Claire Monestès et le charisme de la Xavière » (1/2)

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Une exclusion paradoxalement féconde

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Il est des récits de fondation qui attendent leur cinéaste. C’est le cas de l’itinéraire spirituel et missionnaire de Claire Monestès (26 novembre 1880 – 14 février 1939) qui passe par la rude épreuve d’un refus, après un postulat prometteur.

Marie-Thérèse Desouche et Lydie Rivière, xavières, racontent ici, pour les lecteurs de Zenit, cet itinéraire d’amour et de service, de créativité apostolique et de persévérance féconde: « A la veille d’entrer au noviciat, la fondatrice lui signifie qu’elle n’a pas de vocation religieuse. Pour Claire Monestès, ce renvoi est un véritable traumatisme, psychologique et spirituel. C’est pourtant  cette exclusion qui, paradoxalement, a donné naissance à la Xavière« .

Le pape François a demandé aux media de raconter de beaux récits. Voici le premier volet de ce récit d’une aventure apostolique stimulante.

Pour aller plus loin:

-Marie-Françoise Boutemy, Prier 15 jours avec Claire Monestès, fondatrice des xavières (Nouvelle Cité, 2011)

-Geneviève Roux, Petite vie de Claire Monestès (DDB, 2011)

AB

Bientôt 100 ans !

Fondée en 1921 par Claire Monestès, La Xavière aura très prochainement 100 ans.

La Xavière est une congrégation religieuse fondée en 1921 par Claire Monestès (1880-1939) et reconnue officiellement en 1963 par l’Église catholique sous le nom d’« Institut La Xavière, missionnaire du Christ Jésus ».

Femme engagée dans la société de son temps, Claire Monestès a ressenti l’appel à proposer une vie religieuse missionnaire souple et intense en plein monde à la suite de saint Ignace de Loyola et de saint François-Xavier.

Ancrées dans la spiritualité de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus (les Jésuites) et enracinées dans ses Exercices spirituels, les religieuses xavières cherchent à écouter et discerner les appels de l’Esprit dans la rumeur du monde. Elles vivent une vie religieuse au cœur de nos sociétés pour chercher et trouver Dieu en toutes choses avec nos contemporains.

De nombreux évènements se dérouleront de février à novembre 2021 pour célébrer cet anniversaire, rendre grâce et se projeter dans l’avenir.

Un pèlerinage-rassemblement ouvert à tous aura lieu du 31 juillet au 2 août 2021 à Lourdes.

CLAIRE MONESTÈS ET LE CHARISME DE LA XAVIERE

1 – Présentation de Claire Monestès (1880-1939)

Claire Monestès naît à Chambéry en 1880 où son père est banquier Survient un premier traumatisme, la faillite de la banque de son père aux alentours de 1900. Elle est l’aînée de 5 enfants. Le père rembourse tout et la famille connaît la misère. Cette situation financière l’oblige à s’expatrier en Irlande, dans un collège des Religieuses du Sacré-Cœur, où elle sera professeur de français et de piano. Première rupture de la vie familiale et ouverture sur le monde. Après deux ans d’exil (1902-1904), elle vient habiter Marseille où ses parents se sont repliés. Là, avec eux, elle connaît une vie de pauvreté, son père ne parvenant pas à trouver un emploi  en rapport avec ses compétences.

Elle fait partie de la Mutualité intellectuelle qui, de Lyon, avait essaimé à Marseille. Elle suit aussi une formation Les Arts de la femme, sans doute sur le conseil de son frère Edouard, qui s’oriente vers des études d’architecte, et elle reçoit un diplôme de la Société des Architectes des Bouches-du-Rhône.

Elle poursuit des études d’infirmière à la Croix-Rouge et prend contact avec les œuvres du Prado initiées par l’abbé Fouque, le saint Vincent-de-Paul de Marseille, pour des jeunes filles démunies. C’est là qu’elle rencontre quelques jeunes femmes intéressées par les problèmes ouvriers. C’est la future équipe de militantes sociales, dont le P. Antonin Eymieu, jésuite, est le directeur spirituel. Sur son conseil, elles sont venues se former à la vie religieuse à Marseille, sous la direction des Oblates du Sacré-Cœur de Montluçon. En 1906, le Père vient de Lyon pour prêcher le Carême à Marseille. C’est au cours d’une de ses conférences sur le Règne du Christ que Claire entend l’appel à la vie consacrée. Elle a 26 ans.

L’année suivante, en 1907, le Père est nommé à Marseille. Ayant besoin d’une secrétaire bilingue, il embauche Claire comme adjointe puisqu’elle sait l’anglais. En 1908, il devient son directeur spirituel.

En 1912, elle part à Paris, approuvée par lui, afin de travailler dans un quartier populaire près de la gare Montparnasse. C’est là que sont installées depuis 1909 les militantes sociales conseillées par le P. Eymieu et que Claire Monestès a connues à Marseille dès 1906. A Paris, elle participe à leur vie et à leurs activités comme membre externe.

En 1914, elle est mobilisée comme infirmière dans la région lyonnaise et y rejoint une équipe de la jeune congrégation, dont Madeleine Carsignol, une amie, qui décède très vite. A la fin de l’été 1916, elle retrouve Paris et le groupe des sociales où elle entre comme membre interne. Là, elle fait un postulat canonique au cours duquel elle participe à la rédaction des premières Constitutions avec le P. Eymieu. Pourtant, à la veille d’entrer au noviciat, la fondatrice lui signifie qu’elle n’a pas de vocation religieuse. Pour Claire Monestès, ce renvoi est un véritable traumatisme, psychologique et spirituel. C’est pourtant  cette exclusion qui, paradoxalement, a donné naissance à la Xavière.

2 – La naissance de la Xavière

En novembre 1917, Claire Monestès quitte donc Paris. Elle est accueillie au Cénacle de Marseille par la supérieure, la Mère de Varax, puis par une femme de cœur et une grande figure de la congrégation, la Mère Héliette de Montgrand qui lui succédera comme supérieure en juillet 1918. C’est elle qui va aider Claire à sortir d’une dépression et qui la formera à la vie religieuse avec l’aide du Père Antonin Eymieu. Elle est aussi soutenue par Léonie Fabre, une compagne des premières heures, dont la générosité pour le développement de la Xavière est fondamentale.

Avec son retour à Marseille, elle amorce pour ainsi dire une seconde vie. Celle-ci commence avec le lancement des Missions de Midi en 1919 pour ouvrières et employées du centre-ville, sur le modèle lancé à Paris par une religieuse du Cénacle, la Mère Mathilde Lespinasse à l’église de La Madeleine. Il s’agissait d’organiser des missions miniatures entre midi et midi 20, pendant la pause, et de réactiver la foi de ces jeunes de banlieue qui s’étaient insensiblement éloignées de l’Eglise, souvent en raison de l’immigration. Ces missions rassemblent près d’un millier de jeunes deux fois par an, à Pâques et pendant l’Avent. En 1920, elle lance la même chose pour les hommes, et en 1923 elle organise des missions sur place dans les usines pour les ouvrières étrangères, italiennes et arméniennes. Pour accueillir ces jeunes à la sortie de leur travail, elle ouvre un restaurant, puis une bibliothèque gratuite, une salle de repos, sur le modèle qui existait à Paris à l’initiative des religieuses du Cénacle avec les sœurs de Saint Vincent de Paul.

En 1921, elle prend en charge l’accueil des réfugiés russes qui fuient la Russie bolchevique, et fonde le Comité d’Aide aux Russes, à la demande de Mgr Emmanuel Chaptal, évêque des étrangers à Paris. Ceci l’occupera pendant de nombreuses années.

Progressivement se mettent en place de multiples activités : retraites fermées, groupe de théâtre chrétien, club sportif, mouvements d’action catholique, JOC, JEC pour les élèves des établissements publics, scoutisme féminin, etc., toujours dans une perspective d’évangélisation.

Parallèlement, pour les jeunes filles qui viennent l’aider et qui sont attirées par ce style nouveau d’évangélisation et par le souci des populations déchristianisées, Claire Monestès, avec l’appui du Père Antonin Eymieu, fonde une congrégation nouvelle.

(à suivre, demain, 25 février)

 

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Anne Kurian-Montabone

Baccalauréat canonique de théologie. Pigiste pour divers journaux de la presse chrétienne et auteur de cinq romans (éd. Quasar et Salvator). Journaliste à Zenit depuis octobre 2011.

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