Brésil : ouvrir les bras comme le Christ du Corcovado

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Message pour les 450 ans de Rio de Janeiro (texte intégral)

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« Tout le monde peut beaucoup apprendre de l’exemple de générosité et de solidarité des personnes les plus simples », affirme le pape François qui invite les Brésiliens à « ne pas rester les bras croisés », mais à « ouvrir les bras comme le Christ Rédempteur » du Corcovado, qui surplombe Rio de Janeiro.

Le pape a en effet adressé un message vidéo au peuple brésilien pour l’année 2015, à l’occasion de l’ouverture des célébrations pour les 450 ans de la ville de Rio de Janeiro (1565-2015). Son message a été projeté un peu avant minuit le 31 décembre 2014, sur des écrans installés le long de la plage de Copacabana. 

Il salue la « beauté naturelle » de la ville mais déplore aussi « toutes les contradictions qui [la] ternissent », telles les inégalités sociales et la cohabitation difficile « dans une réalité multiculturelle et complexe ».

Mais « Dieu habite dans cette ville », ajoute-t-il : « Jésus, le Rédempteur, n’ignore pas les besoins et les souffrances de tous ceux qui vivent sur cette terre ! Ses bras ouverts invitent à surmonter ces divisions et à construire une ville unie par la solidarité, la justice et la paix. »

« Indépendamment du degré d’instruction ou de richesse, toute personne a quelque chose qui peut aider à la construction d’une civilisation plus juste et fraternelle », souligne le pape.

A.K.

Message du pape François

Cher peuple brésilien,

C’est avec une grande joie que je m’adresse à vous – à la veille du Nouvel An qui marquera le début des célébrations des 450 ans de fondation de la ville de San Sebastiano de Rio de Janeiro – pour saluer, dans de si heureuses circonstances, le bien-aimé peuple carioca qui m’a accueilli les bras ouverts à l’occasion de la Journée mondiale de la jeunesse 2013, et pour allumer le nouveau système d’éclairage de la statue du Christ [du Corcovado] – comme le fit le bienheureux pape Paul VI, il y a cinquante ans – qui symbolise la lumière que le Seigneur veut allumer dans nos vies.

450 ans, cela représente déjà une vénérable histoire ; l’histoire d’un peuple courageux et joyeux qui ne s’est jamais laissé abattre par les difficultés, à l’instar de son Saint protecteur, le martyr romain  Sébastien qui, percé de flèches et laissé pour mort, n’a cessé de rendre témoignage au Christ auprès de ses contemporains; l’histoire d’une ville caractérisée par la foi religieuse dès sa naissance. Cher peuple carioca : « Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance. Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde » (Si 2,6) !

Aujourd’hui, si nous pouvions nous mettre dans la perspective du Christ Rédempteur qui, du haut du Corcovado, domine la géographie de la ville, qu’est-ce qui pourrait nous sauter aux yeux ? Sans nul doute, tout d’abord la beauté naturelle qui justifie son surnom de « Cité merveilleuse » ; mais il est indiscutable que nous percevrions aussi toutes les contradictions qui ternissent sa beauté. D’un côté, le contraste dû à de grandes inégalités sociales : opulence et misère, injustices, violences… De l’autre, nous trouvons ce que nous pourrions appeler « les cités invisibles », qui sont des groupes ou des territoires humains aux traits culturels bien particuliers. On dirait parfois qu’il y a plusieurs villes, dont la coexistence n’est pas toujours facile dans une réalité multiculturelle et complexe. Mais devant ce tableau, ne perdons pas l’espérance ! Dieu habite dans cette ville ! Jésus, le Rédempteur, n’ignore pas les besoins et les souffrances de tous ceux qui vivent sur cette terre ! Ses bras ouverts nous invitent à surmonter ces divisions et à construire une ville unie par la solidarité, la justice et la paix.

Et quelle est la voie à suivre ? Ne pas rester « les bras croisés », mais ouvrir  les bras – nous devons ouvrir les bras – comme le Christ Rédempteur. Le chemin commence donc par un dialogue constructif. Car « entre l’indifférence égoïste et la protestation violente il y a une option toujours possible : le dialogue. Le dialogue entre les générations, le dialogue avec le peuple », car nous formons tous un peuple (Discours à la classe dirigeante du Brésil, 27 juillet 2013). Dans cette optique, nous devons admettre qu’indépendamment du degré d’instruction ou de richesse, toute personne a quelque chose qui peut aider à la construction d’une civilisation plus juste et fraternelle. Concrètement, je crois que tout le monde peut apprendre beaucoup de l’exemple de générosité et de solidarité des personnes plus simples. De cette généreuse sagesse de celui qui sait « ajouter un couvert à table » (colocar mais água no feijão), dont notre monde a tellement besoin.

Chers amis, je suis certain que la « Cité merveilleuse » a beaucoup à offrir au Brésil et au monde. Alors, en allumant les lumières du Corcovado, je fais miennes les paroles prononcées par le bienheureux Paul VI, le 1er janvier 1965: que « cette lumière, en illuminant la ville de Rio de Janeiro, se répande sur tout le Brésil » (Paul VI, Enseignements, III)

Après avoir déposé ces vœux aux pieds de Notre-Dame d’Aparecida et remercié le cardinal Orani Tempesta de m’avoir donné l’opportunité de vous adresser ce message, je félicite tous les cariocas et le peuple brésilien pour cette « fête anniversaire », et vous demande, s’il vous plait, de toujours prier pour moi. A tous et chacun je souhaite une heureuse Année 2015 et envoie ma bénédiction apostolique. Merci.

© Traduction de Zenit

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Francis NULL

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