Académie/Vie: Les droits de l´homme ne dépendent pas "de la subjectivité individuelle ou collective"

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CITE DU VATICAN, Mercredi 27 février 2002 (ZENIT.org) – Les droits de l´homme ne dépendent pas « de la subjectivité individuelle ou collective », sinon même les démocraties risquent de tourner au totalitarisme, avertit Jean-Paul II qui ré-affirme le droit premier à la vie, et que tout individu humain « a la dignité de personne dès le moment de sa conception ».

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Le pape Jean-Paul II a reçu en audience ce soir à 19 h, en la Salle Clémentine du palais apostolique, les participants de la VIIIe assemblée générale de l´Académie pontificale pour la Vie (PAV, pour le programme des interventions, on consultera le site de l´Académie (en italien et en anglais): (academiavita.org), et pour les traductions des documents des années passées, en différentes langues, on peut consulter la page de l´Académie sur le site du Vatican: (vatican.va).

L´assemblée s´est déroulée du 25 au 27 février sur le thème: « Nature et dignité de la personne humaine comme fondement du droit à la vie. Les enjeux du contexte culturel contemporain ».

Il y aurait un grave danger à considérer les droits de l´homme, comme des droits « de la subjectivité individuelle ou collective »: cela pourrait conduire les démocratie à un vrai totalitarisme, rappelle Jean-Paul II dans son discours à l´Académie pontificale pour la Vie. Le pape souligne en particulier l´importance de faire « comprendre la valeur positive et humanisante de la loi morale naturelle, en clarifiant une série de malentendus et de fausses interprétations ».

Le pape affirme pour tout individu humain une dignité « égale pour tous et qui demeure entière à chaque stade de la vie humaine individuelle ».

« La distinction qui est parfois suggérée dans certains documents internationaux, dénonce le pape, entre « être humain » et « personne humaine », pour reconnaître ensuite le droit à la vie et à l´intégrité physique seulement à la personne déjà née, est une distinction artificielle sans fondement ni scientifique ni philosophique: tout être humain, dès sa conception et jusqu´à sa mort naturelle, possède le droit inviolable à la vie et mérite tout le respect dû à la personne humaine (cf.Donum vitae, 1).

Le pape invite sur ces thèmes au « dialogue et à la collaboration entre croyants et non-croyants ».

Voici une traduction rapide, de travail, du discours de Jean-Paul II:

1. Encore une fois se renouvelle notre rencontre, chers et illustres membres de l´Académie pontificale pour la Vie, une rencontre qui constitue toujours pour moi un motif de joie et d´espérance.

Que ma salutation rejoigne avec une vive cordialité chacun de vous personnellement. Je remercie en particulier le président, le professeur Juan de Dios Vial Correa, pour les aimables paroles par lesquelles il a voulu se faire interprète de vos sentiments. J´adresse aussi une pensée spéciale au vice-président, Mgr Elio Sgreccia, diligent animateur des activités de l´Académie pontificale.

2. Vous célébrez ces jours-ci votre VIIIe Assemblée générale, et dans ce but, vous êtes venus ici nombreux de vos pays respectifs pour vous confronter sur un thème crucial dans le cadre de la réflexion la plus générale sur la dignité de la vie humaine: « Nature et dignité de la personne humaine comme fondement du droit à la vie. Les enjeux du contexte culturel contemporain ».

Vous avez choisi de traiter des points centraux qui constituent le fondement de toute réflexion ultérieure, que ce soit de type éthico-applicatif dans le domaine de la bioéthique, ou de type socioculturel, pour la promotion d´une nouvelle mentalité en faveur de la vie.

Pour de nombreux penseurs contemporains, les concepts de « nature » et de « loi naturelle » apparaissent applicables au seul monde physique et biologique, ou, en tant qu´expression de l´ordre du cosmos, à la recherche scientifique ou à l´écologie. Hélas, dans une telle perspective, il devient difficile de saisir la signification de la nature humaine au sens métaphysique, ainsi que celle de loi naturelle dans l´ordre moral.

Ce qui a contribué à rendre plus difficile le passage vers la profondeur du réel, c´est certainement le fait d´avoir presque complètement perdu le concept de création, concept qui se réfère à toute la réalité cosmique, mais revêt une signification particulière par rapport à l´homme. L´affaiblissement de la confiance dans la raison, qui caractérise une grande partie de la philosophie contemporaine, comme l´a relevé l´encyclique Fides et ratio (cf. n.61) a pesé dans ce sens.

Il convient par conséquent de faire un nouvel effort cognitif pour revenir à saisir à ses racines, et dans toute son épaisseur, la signification anthropologique et éthique de la loi naturelle et du concept connexe de droit naturel. Il s´agit en effet de démontrer si et comment il est possible de « reconnaître » les traits propres de chaque être humain, en termes de nature et de dignité, en tant que fondement du droit à la vie, dans ses multiples formulations historiques. C´est seulement sur cette base qu´est possible un vrai dialogue et une authentique collaboration entre croyants et non-croyants.

3. L´expérience quotidienne met en évidence l´existence d´une réalité de fond commune à tous les êtres humains, grâce à laquelle ils peuvent se re-connaître en tant que tels. Il est nécessaire de faire toujours référence « à la nature propre et originale de l´homme, à la ´nature de la personne humaine´ qui est la personne même dans l´unité d´âme et de corps, dans l´unité de ses inclinations d´ordre aussi bien spirituel que biologique et de toutes les autres caractéristiques spécifiques nécessaires à la poursuite de sa fin » (Veritatis splendor, 50; cf. aussi Gaudium et spes, 14).

Cette nature particulière fonde les droits de chaque individu humain, qui a la dignité de personne dès le moment de sa conception. Cette dignité objective, qui a son origine en Dieu Créateur, est fondée dans la spiritualité qui est le propre de l´âme, mais elle s´étend aussi à sa corporéité, qui en est une composante essentielle. Personne ne peut l´enlever, tous au contraire doivent la respecter en eux-mêmes et dans les autres. C´est une dignité égale pour tous, qui demeure entière à chaque stade de la vie humaine individuelle.

La reconnaissance de cette dignité naturelle est la base de l´ordre social, comme nous le rappelle le Concile Vatican II: « Bien que parmi les hommes existe une juste diversité, l´égale dignité des personnes requiert que l´on arrive à une condition plus humaine et plus juste de la vie » (Gaudium et spes, 29).

La personne humaine, avec sa raison, est capable de re-connaître aussi bien cette dignité profonde et objective de son être propre, que les exigences éthiques qui en dérivent. L´homme peut, en d´autres termes, lire en lui-même la valeur et les exigences morales de sa propre dignité. Et c´est une lecture qui constitue une découverte toujours perfectible, selon les coordonnées du caractère « historique » typique de la connaissance humaine.

C´est ce que j´ai relevé dans l´encyclique Veritatis splendor, à propos de la loi morale naturelle, laquelle, selon les paroles de saint Thomas d´Aquin, « n´est autre que la lumière de l´intelligence infuse en nous par Dieu. Grâce à elle, nous connaissons ce que l´on doit faire et ce que l´on doit éviter. Cette lumière et cette loi, Dieu l´a donnée dans la création » (n. 40; cf. aussi Catéchisme de l´Eglise catholique, nn. 1954-1955).

4. Il est important d´aider nos contemporains à comprendre la valeur positive et humanisante de la loi morale naturelle, en clarifiant une série de maltentendus et de fausses interprétations. La première équivoque qu´il faut éliminer est « le conflit présumé entre la liberté et la nature », qui « se répercute aussi sur l´interprétation de certains aspects scientifiques de la loi naturelle, surtout sur son universalité et son immutabilité » (Veritatis splendor, 51). En effet, la liberté aussi appartient à la nature rationnelle de l´homme et elle peut et doit être guidée par la raison : « C´est justement grâce à cette vérité que la loi naturelle i
mplique l´universalité. Celle-ci, en tant qu´inscrite dans la nature rationnelle de la personne, s´impose à tout être doté de raison et vivant dans l´histoire » (ibid.).

5. Un autre point qui doit être éclairé est le présumé caractère statique et fixiste attribué à la notion de loi morale naturelle, suggéré peut-être par une analogie erronée avec le concept de nature propre des réalités physiques. En vérité, le caractère d´universalité et d´obligation morale stimule et presse la croissance de la personne. « Pour se perfectionner dans son ordre spécifique, la personne doit accomplir le bien et éviter le mal, veiller à la transmission et à la conservation de la vie, affiner et développer les richesses du monde sensible, cultiver la vie sociale, chercher le vrai, pratiquer le bien, contempler la beauté » (Summa Theologica, I-II, q. 94, a. 2; cf. CEC, 51).

De fait, le magistère de l´Eglise en appelle à l´universalité et au caractère dynamique et perfectif de la loi naturelle, en référence à la transmission de la vie, soit pour maintenir dans l´acte procréatif la plénitude de l´union sponsale, soit pour conserver dans l´amour conjugal l´ouverture à la vie (cf. Humanae vitae, 10; Instruction Donum vitae, II, 1-8). Le magistère fait un rappel analogue sur le thème du respect de la vie humaine innocente: ici la pensée se tourne vers l´avortement, l´euthanasie, la suppression et l´expérimentation destructrice des embryons et des foetus humains (cf. Evangelium vitae, 52-67).

6. La loi naturelle, en tant qu´elle régule les relations interhumaines, se qualifie comme « droit naturel », et en tant que tel, exige le respect intégral de la dignité des individus singuliers dans la recherche du bien commun. Une conception authentique du droit naturel entendu comme protection de l´éminente et inaliénable dignité de tout être humain, est une garantie d´égalité et donne un vrai contenu à ces « droits de l´homme » qui ont été placés au fondement des Déclarations internationales.

Les droits de l´homme, en effet, doivent être référés à ce que l´homme est par nature et par sa propre dignité, et non aux expressions des choix subjectifs propres à ceux qui jouissent du pouvoir de participer à la vie sociale ou de ceux qui obtiennent le consentement de la majorité. Dans l´encyclique Evangelium vitae j´ai dénoncé le grave danger que cette fausse interprétation des droits de l´homme, comme de droits de la subjectivité individuelle ou collective, dégagée de la référence à la vérité de la nature humaine, puisse conduire les régimes démocratiques aussi à se transformer en totalitarisme substantiel (cf. nn. 19-20).

En particulier, parmi les droits fondamentaux de l´homme, l´Eglise catholique revendique pour tout être humain le droit à la vie, comme droit premier. Elle le fait au nom de la vérité de l´homme et comme sauvegarde de sa liberté, qui ne peut subsister que dans le respect de la vie. L´Eglise affirme le droit à la vie de tout être humain innocent, et à chaque moment de son existence. La distinction qui est parfois suggérée dans certains documents internationaux entre « être humain » et « personne hamane », pour reconnaître ensuite le droit à la vie et à l´intégrité physique seulement à la personne déjà née, est une distinction artificielle sans fondement ni scientifique ni philosophique: tout être humain, dès sa conception et jusqu´à sa mort naturelle, possède le droit inviolable à la vie et mérite tout le respect dû à la personne humaine (cf.Donum vitae, 1).

7. Très chers (amis), en conclusion, je désire encourager votre réflexion sur la loi morale naturelle et sur le droit naturel, avec le souhait qu´il puisse en jaillir un nouvel élan source d´instauration du vrai bien de l´homme et d´un ordre social juste et pacifique. C´est toujours en revenant aux racines profondes de la dignité humaine, et de son vrai bien, et en s´appuyant sur le fondement de ce qui existe de ce qui est sans déclin et essentiel dans l´homme, que l´on peut lancer un dialogue fécond avec les hommes de toute culture en vue d´une société inspirée par les valeurs de la justice et de la fraternité.

En vous remerciant encore pour votre collaboration, je confie les activités de l´Académie pontificale pour la Vie à la Mère de Jésus, Verbe fait chair dans son sein virginal, afin qu´elle vous accompagne dans l´engagement que l´Eglise vous a confié pour la défense et la promotion du don de la vie, et de la dignité de tout être humain.
Avec ce voeu, je vous accorde, à vous et à ceux qui vous sont chers, mon affectueuse bénédiction.
CITE DU VATICAN, Mercredi 27 février 2002 (ZENIT.org) – Les droits de l´homme ne dépendent pas « de la subjectivité individuelle ou collective », sinon même les démocraties risquent de tourner au totalitarisme, avertit Jean-Paul II qui ré-affirme le droit premier à la vie, et que tout individu humain « a la dignité de personne dès le moment de sa conception ».

Le pape Jean-Paul II a reçu en audience ce soir à 19 h, en la Salle Clémentine du palais apostolique, les participants de la VIIIe assemblée générale de l´Académie pontificale pour la Vie (PAV, pour le programme des interventions, on consultera le site de l´Académie (en italien et en anglais): (academiavita.org), et pour les traductions des documents des années passées, en différentes langues, on peut consulter la page de l´Académie sur le site du Vatican: (vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdlife/index_it.htm ).

L´assemblée s´est déroulée du 25 au 27 février sur le thème: « Nature et dignité de la personne humaine comme fondement du droit à la vie. Les enjeux du contexte culturel contemporain ».

Il y aurait un grave danger à considérer les droits de l´homme, comme des droits « de la subjectivité individuelle ou collective »: cela pourrait conduire les démocratie à un vrai totalitarisme, rappelle Jean-Paul II dans son discours à l´Académie pontificale pour la Vie. Le pape souligne en particulier l´importance de faire « comprendre la valeur positive et humanisante de la loi morale naturelle, en clarifiant une série de malentendus et de fausses interprétations ».

Le pape affirme pour tout individu humain une dignité « égale pour tous et qui demeure entière à chaque stade de la vie humaine individuelle ».

« La distinction qui est parfois suggérée dans certains documents internationaux, dénonce le pape, entre « être humain » et « personne humaine », pour reconnaître ensuite le droit à la vie et à l´intégrité physique seulement à la personne déjà née, est une distinction artificielle sans fondement ni scientifique ni philosophique: tout être humain, dès sa conception et jusqu´à sa mort naturelle, possède le droit inviolable à la vie et mérite tout le respect dû à la personne humaine (cf.Donum vitae, 1).

Le pape invite sur ces thèmes au « dialogue et à la collaboration entre croyants et non-croyants ».

Voici une traduction rapide, de travail, du discours de Jean-Paul II:

1. Encore une fois se renouvelle notre rencontre, chers et illustres membres de l´Académie pontificale pour la Vie, une rencontre qui constitue toujours pour moi un motif de joie et d´espérance.

Que ma salutation rejoigne avec une vive cordialité chacun de vous personnellement. Je remercie en particulier le président, le professeur Juan de Dios Vial Correa, pour les aimables paroles par lesquelles il a voulu se faire interprète de vos sentiments. J´adresse aussi une pensée spéciale au vice-président, Mgr Elio Sgreccia, diligent animateur des activités de l´Académie pontificale.

2. Vous célébrez ces jours-ci votre VIIIe Assemblée générale, et dans ce but, vous êtes venus
ici nombreux de vos pays respectifs pour vous confronter sur un thème crucial dans le cadre de la réflexion la plus générale sur la dignité de la vie humaine: « Nature et dignité de la personne humaine comme fondement du droit à la vie. Les enjeux du contexte culturel contemporain ».

Vous avez choisi de traiter des points centraux qui constituent le fondement de toute réflexion ultérieure, que ce soit de type éthico-applicatif dans le domaine de la bioéthique, ou de type socioculturel, pour la promotion d´une nouvelle mentalité en faveur de la vie.

Pour de nombreux penseurs contemporains, les concepts de « nature » et de « loi naturelle » apparaissent applicables au seul monde physique et biologique, ou, en tant qu´expression de l´ordre du cosmos, à la recherche scientifique ou à l´écologie. Hélas, dans une telle perspective, il devient difficile de saisir la signification de la nature humaine au sens métaphysique, ainsi que celle de loi naturelle dans l´ordre moral.

Ce qui a contribué à rendre plus difficile le passage vers la profondeur du réel, c´est certainement le fait d´avoir presque complètement perdu le concept de création, concept qui se réfère à toute la réalité cosmique, mais revêt une signification particulière par rapport à l´homme. L´affaiblissement de la confiance dans la raison, qui caractérise une grande partie de la philosophie contemporaine, comme l´a relevé l´encyclique Fides et ratio (cf. n.61) a pesé dans ce sens.

Il convient par conséquent de faire un nouvel effort cognitif pour revenir à saisir à ses racines, et dans toute son épaisseur, la signification anthropologique et éthique de la loi naturelle et du concept connexe de droit naturel. Il s´agit en effet de démontrer si et comment il est possible de « reconnaître » les traits propres de chaque être humain, en termes de nature et de dignité, en tant que fondement du droit à la vie, dans ses multiples formulations historiques. C´est seulement sur cette base qu´est possible un vrai dialogue et une authentique collaboration entre croyants et non-croyants.

3. L´expérience quotidienne met en évidence l´existence d´une réalité de fond commune à tous les êtres humains, grâce à laquelle ils peuvent se re-connaître en tant que tels. Il est nécessaire de faire toujours référence « à la nature propre et originale de l´homme, à la ´nature de la personne humaine´ qui est la personne même dans l´unité d´âme et de corps, dans l´unité de ses inclinations d´ordre aussi bien spirituel que biologique et de toutes les autres caractéristiques spécifiques nécessaires à la poursuite de sa fin » (Veritatis splendor, 50; cf. aussi Gaudium et spes, 14).

Cette nature particulière fonde les droits de chaque individu humain, qui a la dignité de personne dès le moment de sa conception. Cette dignité objective, qui a son origine en Dieu Créateur, est fondée dans la spiritualité qui est le propre de l´âme, mais elle s´étend aussi à sa corporéité, qui en est une composante essentielle. Personne ne peut l´enlever, tous au contraire doivent la respecter en eux-mêmes et dans les autres. C´est une dignité égale pour tous, qui demeure entière à chaque stade de la vie humaine individuelle.

La reconnaissance de cette dignité naturelle est la base de l´ordre social, comme nous le rappelle le Concile Vatican II: « Bien que parmi les hommes existe une juste diversité, l´égale dignité des personnes requiert que l´on arrive à une condition plus humaine et plus juste de la vie » (Gaudium et spes, 29).

La personne humaine, avec sa raison, est capable de re-connaître aussi bien cette dignité profonde et objective de son être propre, que les exigences éthiques qui en dérivent. L´homme peut, en d´autres termes, lire en lui-même la valeur et les exigences morales de sa propre dignité. Et c´est une lecture qui constitue une découverte toujours perfectible, selon les coordonnées du caractère « historique » typique de la connaissance humaine.

C´est ce que j´ai relevé dans l´encyclique Veritatis splendor, à propos de la loi morale naturelle, laquelle, selon les paroles de saint Thomas d´Aquin, « n´est autre que la lumière de l´intelligence infuse en nous par Dieu. Grâce à elle, nous connaissons ce que l´on doit faire et ce que l´on doit éviter. Cette lumière et cette loi, Dieu l´a donnée dans la création » (n. 40; cf. aussi Catéchisme de l´Eglise catholique, nn. 1954-1955).

4. Il est important d´aider nos contemporains à comprendre la valeur positive et humanisante de la loi morale naturelle, en clarifiant une série de maltentendus et de fausses interprétations. La première équivoque qu´il faut éliminer est « le conflit présumé entre la liberté et la nature », qui « se répercute aussi sur l´interprétation de certains aspects scientifiques de la loi naturelle, surtout sur son universalité et son immutabilité » (Veritatis splendor, 51). En effet, la liberté aussi appartient à la nature rationnelle de l´homme et elle peut et doit être guidée par la raison : « C´est justement grâce à cette vérité que la loi naturelle implique l´universalité. Celle-ci, en tant qu´inscrite dans la nature rationnelle de la personne, s´impose à tout être doté de raison et vivant dans l´histoire » (ibid.).

5. Un autre point qui doit être éclairé est le présumé caractère statique et fixiste attribué à la notion de loi morale naturelle, suggéré peut-être par une analogie erronée avec le concept de nature propre des réalités physiques. En vérité, le caractère d´universalité et d´obligation morale stimule et presse la croissance de la personne. « Pour se perfectionner dans son ordre spécifique, la personne doit accomplir le bien et éviter le mal, veiller à la transmission et à la conservation de la vie, affiner et développer les richesses du monde sensible, cultiver la vie sociale, chercher le vrai, pratiquer le bien, contempler la beauté » (Summa Theologica, I-II, q. 94, a. 2; cf. CEC, 51).

De fait, le magistère de l´Eglise en appelle à l´universalité et au caractère dynamique et perfectif de la loi naturelle, en référence à la transmission de la vie, soit pour maintenir dans l´acte procréatif la plénitude de l´union sponsale, soit pour conserver dans l´amour conjugal l´ouverture à la vie (cf. Humanae vitae, 10; Instruction Donum vitae, II, 1-8). Le magistère fait un rappel analogue sur le thème du respect de la vie humaine innocente: ici la pensée se tourne vers l´avortement, l´euthanasie, la suppression et l´expérimentation destructrice des embryons et des foetus humains (cf. Evangelium vitae, 52-67).

6. La loi naturelle, en tant qu´elle régule les relations interhumaines, se qualifie comme « droit naturel », et en tant que tel, exige le respect intégral de la dignité des individus singuliers dans la recherche du bien commun. Une conception authentique du droit naturel entendu comme protection de l´éminente et inaliénable dignité de tout être humain, est une garantie d´égalité et donne un vrai contenu à ces « droits de l´homme » qui ont été placés au fondement des Déclarations internationales.

Les droits de l´homme, en effet, doivent être référés à ce que l´homme est par nature et par sa propre dignité, et non aux expressions des choix subjectifs propres à ceux qui jouissent du pouvoir de participer à la vie sociale ou de ceux qui obtiennent le consentement de la majorité. Dans l´encyclique Evangelium vitae j´ai dénoncé le grave danger que cette fausse interprétation des droits de l´homme, comme de droits de la subjectivité individuelle ou collective, dégagée de la référence à la vérité de la nature humaine, puisse conduire les régimes démocratiques aussi à se transformer en totalitarisme substantiel (cf. nn. 19-20).

En particulier, parmi les droits fondamentaux de l´homme, l´Eglise catholique revendique pour tout être humain le droit à la vie, comm
e droit premier. Elle le fait au nom de la vérité de l´homme et comme sauvegarde de sa liberté, qui ne peut subsister que dans le respect de la vie. L´Eglise affirme le droit à la vie de tout être humain innocent, et à chaque moment de son existence. La distinction qui est parfois suggérée dans certains documents internationaux entre « être humain » et « personne hamane », pour reconnaître ensuite le droit à la vie et à l´intégrité physique seulement à la personne déjà née, est une distinction artificielle sans fondement ni scientifique ni philosophique: tout être humain, dès sa conception et jusqu´à sa mort naturelle, possède le droit inviolable à la vie et mérite tout le respect dû à la personne humaine (cf.Donum vitae, 1).

7. Très chers (amis), en conclusion, je désire encourager votre réflexion sur la loi morale naturelle et sur le droit naturel, avec le souhait qu´il puisse en jaillir un nouvel élan source d´instauration du vrai bien de l´homme et d´un ordre social juste et pacifique. C´est toujours en revenant aux racines profondes de la dignité humaine, et de son vrai bien, et en s´appuyant sur le fondement de ce qui existe de ce qui est sans déclin et essentiel dans l´homme, que l´on peut lancer un dialogue fécond avec les hommes de toute culture en vue d´une société inspirée par les valeurs de la justice et de la fraternité.

En vous remerciant encore pour votre collaboration, je confie les activités de l´Académie pontificale pour la Vie à la Mère de Jésus, Verbe fait chair dans son sein virginal, afin qu´elle vous accompagne dans l´engagement que l´Eglise vous a confié pour la défense et la promotion du don de la vie, et de la dignité de tout être humain.
Avec ce voeu, je vous accorde, à vous et à ceux qui vous sont chers, mon affectueuse bénédiction.

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ZENIT Staff

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