Un entretien accordé à l’occasion de la visite du patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, en cette fête de saint Pierre et saint Paul.
– Quel est le message de cette visite ?
– La visite lance le message qu’après deux ou trois ans de difficultés et quelque malentendu, maintenant les Eglises se sont remises à se parler et à regarder vers l’avenir. Elles veulent recommencer avec le dialogue international. Voilà le message central. Et en ce moment particulier de l’unification de l’Europe, le continent a besoin du témoignage commun des Eglises.
– Comment voyez-vous les relations entre les catholiques et le monde orthodoxe si varié?
– Il existe une certaine diversification parmi les Eglises orthodoxes, mais le Patriarcat oecuménique de Constantinople a une sorte de primauté d’honneur, et la primauté de l’intégration entre les Eglises. C’est pourquoi ce rapport est très important pour nous. Mais nous voulons souligner nos rapports avec les différentes Eglises orthodoxes : nous pensons que nous sommes au début d’une période très fructueuse.
– Quelles sont vos suggestions pour intensifier le chemin vers l’unité ?
– IL y a deux propositions. Avant tout, recommencer avec le dialogue théologique international qui s’est plus ou moins interrompu en 2001. Puis, nous devons réfléchir à comment faciliter l’information réciproque, comment instituer aussi des organismes pour nous informer, pour des consultations. Pendant le premier millénaire, il y avait la figure de l’Apocrisaire ; une sorte de nonce du pape à Constantinople avec son homologue à Rome. Nous ne voulons pas réintroduire l’Apocrisaire mais il est pourtant nécessaire de réfléchir à la façon d’accélérer le contact quotidien pour éviter des malentendus.
– Eminence, comment verriez-vous à l’avenir l’union entre catholiques et orthodoxes?
– Le pape lui-même a dit que cela sera une union sans fusion et sans absorption : c’est ça la formule. C’est une unité dans la même foi, avec les mêmes sacrements, avec le même épiscopat, dans la succession apostolique, mais seront possibles une pluralité de formes liturgiques, théologiques, spirituelles, canoniques… Donc, les Eglises orthodoxes conserveront leurs formes de vie quotidienne. Le problème sera plutôt l’exercice de la primauté de l’évêque de Rome. Il y a eu l’an dernier ici à Rome un symposium à ce sujet. Nous devons continuer à étudier ce problème.