CITE DU VATICAN, Vendredi 6 février 2004 (ZENIT.org) – « Pour réaliser la Nouvelle Evangélisation », affirme le cardinal Cottier dans un colloque romain, « nous possédons deux moyens extraordinaires : la beauté et la nouveauté ».
Le théologien de la Maison pontificale, le cardinal Georges Marie Cottier, Dominicain, était en effet un des hôtes du colloque organisé à Rome, à l’Augustinianum, le 29 janvier dernier, dans le cadre de la « Deuxième Rencontre autour de l’Edition Religieuse en France » (cf. article ci-dessous), et sur le thème: « Face aux évolutions religieuses, un nouveau christianisme ».
« Sécularisation » et « religiosité sauvage »
Dans son intervention, le cardinal suisse a tout d’abord analysé la notion « d’évolution » pour montrer comment l’appliquer correctement au Christianisme. L’évolution, expliquait en substance le cardinal, implique changement, manifestations de diverses tendances qui parfois peuvent générer la perplexité. C’est ainsi que le monde contemporain vit une évolution axée sur plusieurs points. Tout d’abord « le brassage des populations et des cultures », qui n’est pas sans rappeler la Rome antique: tant de religions se côtoient !, s’exclamait le cardinal. Ensuite, « la mort de l’idéologie marxiste », qui « laisse un vide immense » et « interpelle l’espérance ». Puis viennent « les techniques de communication », qui « effacent la distinction entre réel et virtuel et peuvent provoquer une déficience de la mémoire ». Enfin, la « sécularisation », processus « irréversible mais anormal », qui « engendre souvent une religiosité sauvage parmi nos contemporains ».
L’actualité du témoignage des saints
« Comment parler de Nouveau Christianisme ? » s’est interrogé le théologien de la Maison Pontificale. Il répond: « Certainement pas dans le sens de Saint-Simon ! » Ainsi, la tradition « est une nécessité pour notre religion, puisque c’est par elle que nous faisons référence, dans la fidélité et la permanence, à Jésus-Christ ». « Deux millénaires nous séparent de Lui historiquement, mais grâce aux sacrements et à la foi, Il est présent dans son Eglise », rappelait le cardinal Cottier. « Pour autant, la tradition n’est pas repli sur soi, mais mouvement porteur de vie, véritable contact avec la source vive », a ajouté le prélat.
De plus, l’Evangile possède une nouveauté permanente. Le cardinal rappelait: combien de prêtres ne découvrent-ils pas, parfois avec surprise, le grand nombre de « convertis » qui demandent le baptême chaque année ? Il ajoutait le témoignage des saints, citant « la petite Thérèse, le père de Foucauld, Madeleine Delbrêl,… » en soulignant l’actualité de leur témoignage.
Enfin, pour comprendre le vrai rapport contemporain entre christianisme et culture, « il est nécessaire de constater que nous sommes à la fin d’une civilisation », a ajouté l’ancien expert au Concile Vatican II. Son diagnostic: « Il s’agit donc de présenter l’Evangile à un monde nouveau ».
Entre « positivisme » et « fétichisme du langage »
Quels sont les défis sur ce chemin ? Le prélat dominicain a voulu en montrer deux : le « positivisme », qui tend à établir la suprématie de la technique, souvent à l’insu de l’homme, et le « fétichisme du langage ». Par ce terme, le Cardinal a dénoncé l’effet des « modes changeantes et passagères » qui périment le vocabulaire au détriment de la « pensée véritable ».
La cardinal Cottier recentrai le débat sur « le véritable enjeu » : celui de la Nouvelle Evangélisation, que ce soit en Asie (où commence la première véritable pénétration du christianisme), ou dans les pays anciennement chrétiens. Dans ces derniers, on peut observer « un rejet du christianisme que pourtant on ignore » a déploré le prélat. Le chemin ne peut donc être que celui du « dialogue », à la double condition d’avoir « conscience de la propre identité » et de « connaître l’interlocuteur ».
« Redécouvrir les classiques »
Revenant sur la thématique du colloque, le cardinal Cottier a enfin analysé les enjeux pour le monde de l’édition religieuse. « Nous aurons toujours besoin d’une théologie profonde », a-t-il affirmé, reconnaissant que la publication des travaux fondamentaux en la matière est souvent difficile. Il ajoute : « Mais le livre est aussi un moyen de toucher de larges publics » : « c’est un relais très utile pour atteindre les personnes et mettre notre richesse à la portée de tous ». Pour ce qui est des écrits spirituels, le prélat a appelé à « redécouvrir les classiques », dont le patrimoine est considérable. « N’est-il pas piquant que nos contemporains n’attribuent le terme de mystique qu’aux Asiatiques ? » faisait observer le théologien du pape.
« Pour réaliser la Nouvelle Evangélisation », a-t-il conclu, « nous possédons deux moyens extraordinaires : la beauté et la nouveauté ». Et d’expliquer: « La beauté du patrimoine chrétien, qui ne cesse d’être redécouverte partout en Europe, et la nouveauté toujours efficace de la Grâce et de l’Esprit-Saint ».