L’urgence d’une éducation qui conjugue liberté et discipline

Lettre de l’évêque de Rome à son diocèse

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ROME, Vendredi 25 janvier 2008 (ZENIT.org) – Alors que souvent parents et éducateurs semblent avoir perdu le sens de leur mission, il est « urgent » de retrouver le « courage » de l’éducation des jeunes dans un juste équilibre entre « liberté » et « discipline », affirme le pape Benoît XVI dans une lettre à son diocèse.

Benoît XVI a adressé une lettre en date du 21 janvier à son diocèse, à l’occasion de la Journée de l’Ecole catholique, célébrée dimanche dernier.

La crise de confiance dans la vie

« A la racine de la crise de l’éducation, il y a une crise de confiance dans la vie », explique le pape. Nous reprenons la traduction de l’agence Fides.

« Nous avons tous à coeur le bien des personnes que nous aimons, et en particulier de nos enfants, de nos adolescents, et de nos jeunes. Nous savons en effet que c’est d’eux que dépend l’avenir de notre Ville. Nous ne pouvons donc pas ne pas être attentifs à la formation des nouvelles générations, à leur capacité de s’orienter dans la vie et de discerner le bien et le mal, à leur santé non seulement physique mais aussi à leur santé morale », écrit notamment Benoît XVI .

« Eduquer n’est certes jamais facile, reconnaît le pape, et aujourd’hui, cela semble devenir toujours plus difficile (…). On parle d’une grande « urgence dans l’éducation », confirmée pas les échecs que rencontrent souvent nos efforts pour former des personnes solides, capables de collaborer avec les autres, et de donner un sens à leur propre vie ».

Le découragement, une tentation

Le pape évoque une « grave » situation et la tentation des éducateurs en disant : « Chez les parents mais aussi chez les enseignants et en général chez les éducateurs, la tentation est certainement forte de renoncer, et auparavant même, le risque de ne pas même comprendre quel est leur rôle, ou, mieux, la mission qui leur est confiée. En réalité, ce qui est en question, c’est non seulement les responsabilités personnelles des adultes ou des jeunes, qui existent certes et qui ne doivent pas être cachées, mais aussi une atmosphère répandue, une mentalité et une forme de culture qui amènent à douter de la valeur de la personne humaine, de la signification même de la vérité et du bien, en dernière analyse, de la bonté de la vie ».

Evoquant le risque de découragement, Benoît XVI encourage au contraire les éducateurs en disant : « N’ayez pas peur! Toutes ces difficultés, en effet, ne sont pas insurmontables. Elles sont, pour ainsi dire, le revers de la médaille de ce grand don précieux qu’est notre liberté, avec la responsabilité qui l’accompagne à juste titre (…). On ne peut pas hériter simplement des plus grandes valeurs du passé, elles deviennent nôtres et sont renouvelées à travers un choix personnel, souvent difficile ».

La confiance, le don de soi et la vérité

« Aujourd’hui, constate le pape, grandit la demande d’une éducation qui soit vraiment telle ».

Il indique la confiance et le don de soi parmi les conditions d’une éducation authentique. L’éducation, écrit le pape, « a besoin avant tout de cette proximité et de cette confiance qui naissent de l’amour (…).Tout éducateur véritable sait que, pour éduquer, il doit donner quelque chose de lui-même, et que c’est seulement ainsi qu’il peut aider ses élèves à dépasser les égoïsmes et à devenir, à leur tour, capables d’un amour authentique ».

Surtout, le pape insiste sur l’exigence de vérité – et parle de la souffrance – en disant : « Ce serait une éducation bien pauvre, que celle qui se limiterait à donner des notions et des informations, mais qui laisserait de côté la grande question concernant la vérité, et surtout cette vérité qui peut servir de guide dans notre vie. La souffrance fait elle aussi partie de la vérité de notre vie. C’est pourquoi, en cherchant de tenir à l’abri les plus jeunes, loin de toutes les difficultés et expériences de la souffrance, nous risquons de faire croître, malgré nos bonnes intentions, des personnes fragiles et peu généreuses ».

La rencontre de deux libertés

Pour ce qui est de la difficulté de  « trouver un juste équilibre entre la liberté et la discipline », le pape ajoute : « Sans des règles de comportement et de vie, que l’on fait valoir jour après jour même dans les petites choses, le caractère ne se forme pas, et on n’est pas préparé à affronter les épreuves qui ne manqueront pas dans le futur ».

« Le rapport éducatif est ainsi avant tout, continue le pape, la rencontre de deux libertés, et l’éducation bien réussie est une formation à l’usage correct de la liberté ». Il faut donc « accepter le risque de la liberté », mais nous ne devons jamais être d’accord avec l’enfant et avec le jeune » dans ses erreurs, feindre de ne pas les voir, ou pire encore, les partager, comme si elles étaient les nouvelles frontières du progrès humain (…). L’éducation ne peut se passer de l’autorité qui rend crédible l’exercice de l’autorité ».

La responsabilité, de tous

Dans le deuxième partie de la Lettre, Benoît XVI souligne comment, « dans l’éducation, le sens de la responsabilité est décisif : responsabilité de l’éducateur, certainement, mais aussi, et à mesure qu’il grandit en âge, la responsabilité de l’enfant, de l’élève, du jeune qui entre dans le monde du travail ».

Et de proposer cette définition : « Est responsable celui qui doit répondre à soi-même et aux autres. Celui qui croit cherche, en outre, et avant tout, à répondre à Dieu qui l’a aimé le premier ».

« La société, souligne le pape, n’est pas une abstraction ; c’est, en fin de compte, nous-mêmes, tous ensemble (…). Il faut donc la contribution de chacun d’entre nous, de chaque personne, de chaque famille ou de chaque groupe social, pour que la société, à commencer par notre Ville de Rome, devienne un milieu plus favorable à l’éducation ».

L’espérance chrétienne

Le Pape conclut sa Lettre en invitant à l’espérance, « âme de l’éducation, mais aussi de la vie tout entière ».

« Malheureusement, aujourd’hui, notre espérance est attaquée de nombreux côtés (…). C’est précisément de cela que naît la difficulté probablement la plus profonde pour une véritable œuvre d’éducation : à la racine de la crise de l’éducation, il y a en effet une crise de confiance dans la vie ».

« Je ne peux donc pas terminer cette Lettre sans une invitation chaleureuse à mettre en Dieu notre espérance (…). L’espérance qui s’adresse à Dieu n’est jamais une espérance seulement pour soi ; elle est toujours également une espérance pour les autres :elle ne nous isole pas, mais nous rend solidaires dans le bien, elle nous encourage à nous éduquer réciproquement à la vérité et à l’amour ».

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ZENIT Staff

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