ROME, Mercredi 26 novembre 2008 (ZENIT.org) – Il n’y a aucune contradiction entre saint Paul et saint Jacques : c’est bien la foi qui sauve, mais la vraie foi se fait charité active, a expliqué Benoît XVI dans sa catéchèse du mercredi. « Une foi incarnée dans l’amour évite les divisions », titre L’Osservatore Romano en italien du 27 novembre.
Paul et Jacques sont d’accord
Benoît XVI a poursuivi sa catéchèse sur la doctrine de la justification chez saint Paul lors de l’audience hebdomadaire qui a eu lieu en la salle Paul VI du Vatican, en présence du Catholicos Aram 1er des Arméniens de Cilicie.
Le rapport entre la foi et les œuvres a été source de « confusion » et de « malentendus » entre chrétiens, au cours des siècles, a déploré le pape.
« Souvent, on a vu une opposition, infondée, entre la théologie de saint Paul et celle de saint Jacques, qui écrit, dans sa lettre : « De même que le corps est mort, sans l’esprit, de même la foi sans les œuvres est morte ». En réalité, tandis que Paul est avant tout préoccupé de démontrer que la foi dans le Christ est nécessaire et suffisante, Jacques place l’accent sur les relations de conséquence entre la foi et les œuvres (cf. Jc 2, 2-4). C’est pourquoi, tant pour Paul que pour Jacques, la foi qui œuvre dans l’amour témoigne donc du don gratuit de la justification dans le Christ ».
Une foi non incarnée, un « désastre »
Donc, seul Dieu rend juste, a résumé le pape, mais si la foi est authentique, elle devient amour : « Les conséquences d’une foi qui ne s’incarne pas dans l’amour sont désastreuses, car elle se réduit à l’arbitraire et au subjectivisme le plus nuisible pour nous et pour nos frères (…).A quoi se réduirait une liturgie adressée uniquement au Seigneur, sans devenir, dans le même temps, un service pour nos frères, une foi qui ne s’exprimerait pas dans la charité ? »
Dans la ligne de son commentaire de l’évangile de dimanche dernier, lors de l’angélus, Benoît XVI a rappelé le « critère » du jugement dernier : « Justifiés par le don de la foi dans le Christ, nous sommes appelés à vivre dans l’amour du Christ pour le prochain, parce que c’est sur ce critère qu’à la fin de notre existence nous serons jugés ».
Il citait à l’appui l’hymne de Paul à la charité dans l’épître aux Corinthiens : « L’hymne bien connu de Paul à la charité, montre que l’amour mutuel est l’expression et la conséquence fondamentale de l’être justifié » (1 Co 13, 1.4-5).
« L’amour chrétien est plus exigeant que tout, a fait observer le pape, car il naît de l’amour total du Christ pour nous : cet amour qui nous réclame, nous accueille, nous embrasse, nous soutient, jusqu’à nous tourmenter, car il oblige chacun à ne plus vivre pour lui-même, enfermé dans son égoïsme, mais pour ‘Celui qui est mort et ressuscité pour nous’ (cf. 2 Co 5, 15) ».
L’amitié avec le Christ, source de l’éthique chrétienne
Benoît XVI a souligné en outre le lien entre l’éthique chrétienne – étrangère au moralisme – et sa source : la vie d’amitié avec le Christ, en disant : « Si l’éthique que Paul propose aux croyants ne dégénère pas dans des formes de moralisme et se révèle actuelle pour nous, c’est parce qu’à chaque fois elle repart toujours de la relation personnelle et communautaire avec le Christ, pour devenir vraie dans la vie selon l’Esprit. Cela est essentiel : l’éthique chrétienne ne naît pas d’un système de commandements, mais elle est la conséquence de notre amitié avec le Christ. Cette amitié influence la vie : si elle vraie elle s’incarne et se réalise dans l’amour pour le prochain ».
Le pape a enfin fait observer que « toute décadence éthique ne se limite pas à la sphère individuelle, mais est dans le même temps une dévaluation de la foi personnelle et communautaire : elle dérive de celle-ci et influe sur elle de manière déterminante ».
C’est pourquoi il a exhorté en disant : « Laissons-nous toucher par la réconciliation que Dieu nous a donnée dans le Christ, par l’amour ‘fou’ de Dieu pour nous : rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de son amour (cf. Rm 8, 39). C’est dans cette certitude que nous vivons. C’est cette certitude qui nous donne la force de vivre concrètement la foi qui œuvre dans l’amour ».