Un « hacker » et un agent d'Interpol au Vatican

Tous deux concordent sur un point : l’Eglise est un objectif d’attaque cybernétique

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ROME, Lundi 16 novembre 2009 (ZENIT.org) – Malgré tout ce qui les séparait, le jeune hacker suisse invité vendredi au Vatican par la Commission épiscopale européenne pour les médias (CEEM), et le représentant d’Interpol chargé de la lutte contre la cybercriminalité concordaient sur un point : les pages web et même les ordinateurs de représentants catholiques sont un régal pour les pirates informatiques.

Dimitrios P. Angelopoulos, responsable du bureau chargé de la cybercriminalité en Europe, en Afrique et au Moyen Orient au secrétariat général d’Interpol et « petit frère Bruno » (dont l’identité n’a pas été révélée pour des raisons évidentes) ont été invités à s’exprimer dans le cadre de l’assemblée plénière de la CEEM, qui s’est déroulée dans l’ancienne salle du Synode, au Vatican, du 12 au 15 novembre. Elle avait pour thème : « la culture d’Internet et la communication de l’Eglise ».

Revêtu d’une chemise noire portant l’inscription « Quelle connerie la guerre », le jeune hacker a accepté l’invitation des évêques, pour aider l’Eglise à pénétrer dans la mentalité des jeunes qui utilisent l’informatique comme un moyen pour revendiquer une liberté d’information qui se transforme parfois en libertinage.

Mise en garde d’un « cyber-policier »

L’agent d’Interpol l’a écouté parler, sans un sourire. Son tour venu, il a confirmé les nombreux dangers que courent aujourd’hui les internautes, en particulier s’ils sont prêtres, évêques ou s’ils dirigent un site catholique.

A l’issue de la rencontre, Dimitrios P. Angelopoulos a expliqué à Zenit que « le Vatican n’est pas l’unique objectif » des pirates informatiques. « L’objectif peut être n’importe quel site catholique, ou même l’ordinateur d’un monastère ou d’un prêtre connecté à Internet ».

Il a expliqué qu’il n’aurait personnellement aucune difficulté à entrer dans l’ordinateur d’un curé de paroisse, perdu au fin fond de la Pologne, et découvrir de l’information confidentielle ou pouvant être manipulée par ceux qui cherchent à attaquer l’Eglise.

« Et d’ailleurs, a-t-il ajouté, il suffirait d’aller sur Facebook et d’analyser les informations que certains prêtres indiquent dans leur profil. Il faut être très prudent ! ».

Pour D. Angelopoulos, les pirates informatiques agissent pour deux raisons : l’intérêt politique ou l’intérêt économique.

Les attaques contre des objectifs catholiques appartiennent au domaine politique, a-t-il expliqué, en citant « par exemple les fondamentalistes islamiques, qui ont de très bonnes équipes d’attaque cybernétique ».

L’agent d’Interpol a expliqué qu’il a proposé de donner un cours au Vatican sur tous les systèmes de connexion. « Cela pourrait aider beaucoup », a-t-il souligné.

Les motifs des hackers

Egalement interrogé par ZENIT à l’issue de la rencontre « Petit frère Bruno » a promis « de n’organiser aucune attaque contre la page web du Saint-Siège » !

Passionné par l’informatique depuis l’âge de six ans, a reconnu que l’agent d’Interpol n’avait pas tort de mettre les évêques et les prêtres en garde contre les dangers qu’ils courent.

« Pour de nombreux hackers, défigurer tout simplement le site du Vatican en y mettant la photo de Osama Bin Laden, pourrait constituer une grande victoire », a-t-il expliqué.

Il a souligné qu’il existe trois types de hackers.

Le hacker « au chapeau blanc », qui agit uniquement mu par ses idéaux, en particulier la liberté d’information, mais qui ne cherche pas à faire de mal, même si cela ne signifie pas que son action soit légale, étant donné qu’il viole parfois la loi.

Le hacker « au chapeau gris » qui dit agir lui aussi pour des raisons humanistes mais qui ne recule pas forcément devant la tentation de voler de l’argent ou de l’information.

Le hacker « au chapeau noir », aussi appelé « cracker », dont l’objectif est généralement criminel.

« Petit frère Bruno » a créé une entreprise d’informatique et travaille avec des entreprises qui souhaitent vérifier leurs systèmes de sécurité.

« Ça ne m’intéresse plus d’entrer dans le site d’un gouvernement, d’une armée, d’un parti politique », reconnaît-il. Il estime qu’il pourra gagner suffisamment d’argent grâce au commerce électronique.

En définitive, les conseils du hacker et de la police sont les mêmes : « du bon sens » et « une très grande prudence » quand on est en ligne.

Jesús Colina

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ZENIT Staff

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