Le « visage » de Dieu et de l’homme, clef de lecture pour la paix

Messe de la solennité de Marie, Mère de Dieu et Journée mondiale de la Paix

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ROME, Vendredi 1er janvier 2010 (ZENIT.org) – Pour le pape Benoît XVI, le « visage », celui de Dieu et celui de l’homme, constitue une clef de lecture pour la question de la paix, car la paix « commence par un regard respectueux ». Le pape indique la direction : l’humanité est appelée à devenir « une famille de familles et de peuples ». Et il indique les moyens : se convertir « à des projets de paix » et « investir dans l’éducation ».

Le pape Benoît XVI a centré son homélie pour la messe de la solennité de Marie Mère de Dieu, célébrée en la basilique vaticane, en ce 1er janvier 2010, 43e Journée mondiale de la Paix, sur le thème du visage.

Ce thème lui a été inspiré par la bénédiction du livre des Nombres « Que le Seigneur tourne vers vous son visage et vous accorde de la paix » (cf. Nb 6,26).

Visage de l’homme, visage de Dieu

« Le visage, a expliqué le pape, est l’expression par excellence de la personne, ce qui la rend reconnaissable, et où transparaissent les sentiments, les pensées, les intentions du cœur. Dieu, par nature, est invisible, cependant la Bible applique cette image à lui aussi. Montrer son visage, c’est l’expression de sa bienveillance, alors que le cacher, indique sa colère, son indignation. »

Soulignant que les psaumes indiquent ce « désir » de l’homme de voir le visage de Dieu, le pape ajoute que « tout le récit biblique peut être lu comme un dévoilement progressif du visage de Dieu, jusqu’à arriver à sa pleine manifestation dans le Christ. »

Car, explique le pape, dans le Christ, « le visage de Dieu a pris un visage humain, en se laissant voir et reconnaître dans le fils de la Vierge Marie, que nous vénérons pour cela avec le titre très haut de « Mère de Dieu ». Elle qui a gardé dans son cœur le secret de la maternité divine, a été la première à voir le visage de Dieu fait homme dans le petit fruit de son sein. La mère a un rapport très spécial, unique et d’une certaine façon exclusive avec le fils à peine né. Le premier visage que l’enfant voit est celui de sa mère, et ce regard est décisif pour son rapport à la vie, à soi-même, aux autres et à Dieu ; il est décisif aussi pour qu’il puisse devenir un « fils de la paix » (Lc 10, 6). »

Une voie privilégiée qui conduit à la paix 

Le pape a ensuite offert une méditation sur les icônes dites de la « tendresse », où le visage de la Vierge et de l’Enfant s’embrassent et le pape a souligné que cette Vierge de la tendresse représente aussi l’Eglise.

Mais revenant au thème de l’homélie, le pape a voulu affirmer à nouveau : « méditer sur le mystère du visage de Dieu et de l’homme est une voie privilégiée qui conduit à la paix », car la paix « commence par un regard respectueux qui reconnaît dans le visage de l’autre une personne, quelle que soit la couleur de sa peau, sa nationalité, sa langue, sa religion ».

Benoît XVI relie le visage humain et la présence de Dieu : « Mais qui, sinon Dieu, fait observer le pape, peut garantir, pour ainsi dire, la « profondeur » du visage de l’homme ? En réalité, ce n’est que lorsque nous avons Dieu dans notre cœur que nous sommes en mesure d’accueillir dans le visage de l’autre un frère en humanité, non un moyen mais une fin, non un rival ou un ennemi, mais un autre moi-même, une facette du mystère infini de l’être humain ».

Il souligne cette présence de Dieu dans l’homme : « Notre perception du monde et, en particulier, de nos semblables, dépend esentiellement de la présence en nous de l’Esprit de Dieu (…). Plus nous sommes habité par Dieu et plus nous sommes aussi sensibles à sa présence dans ce qui nous entoure : dans toutes les créatures et spécialement dans les autres hommes, bien que parfois justement le visage humain, marqué par la dureté de la vie et du mal, puisse être difficile à apprécier et à accueillir comme une épiphanie de Dieu ».

L’éducation au respect de l’autre

Benoît XVI médite sur l’universalité de la fraternité qui tire son origine de la paternité divine : « A plus forte raison, renchérit le pape, pour nous reconnaître et nous respecter tels que nous sommes vraiment, c’est-à-dire des frères, nous avons besoin de nous référer au visage d’un Père commun, qui nous aime tous, en dépit de nos limites et de nos erreurs ».

Il en appelle à une vraie éducation : un thème cher au pape, qui l’a indiqué comme une priorité pastorale de son diocèse de Rome. Il explique : « Dès la petite enfance, il est important d’être éduqués au respect de l’autre, même lorsqu’il est différent. Désormais l’expérience de classes composées d’enfants de différentes nationalités est de plus en plus commune, mais même lorsque ce n’est pas le cas, leurs visages sont une prophétie de l’humanité qui nous sommes appelés à former : une famille de familles et de peuples. »

Les douloureuses images des enfants du monde

Les visages des enfants, souligne encore le pape « sont comme un reflet de la vision de Dieu sur le monde : pourquoi alors éteindre leurs sourires ? Pourquoi empoisonner leur cœurs ? »

« Hélas, fait observer le pape, l’icône de la Mère de Dieu de la tendresse trouve son contraire tragique dans les douloureuses images de tant d’enfants et de leurs mères en proie à la guerre et aux violences : déplacés, réfugiés, migrants forcés. Des visage creusés par la faim et les maladies, des visages défigurés par la douleur et par le désespoir. Les visages des petits innocents sont un appel silencieux à notre responsabilité : face à leur situation sans défense, toutes les fausses justifications de la guerre et de la violence s’écroulent. »

Un monde plus digne de l’homme

Le pape en tire cette conséquence immédiate : « Nous devons nous convertir à des projets de paix, déposer les armes en tout genre, et nous engager tous ensemble à constuire un monde plus digne de l’homme ».

Benoît XVI a replacé le thème de son message pour cette 43e Journée mondiale de la Paix – « Si tu veux construire la paix, protège la création » – à l’intérieur de cette perspective du visage de Dieu et du visage de l’homme.

« L’homme, a déclaré le pape, est capable de respecter les créatures dans la mesure où il porte dans son esprit un sens plénier de la vie, autrement, il sera porté à se mépriser lui-même et ce qui l’entoure, à ne pas respecter l’environnement dans lequel il vit, la création ».

« Qui sait reconnaître dans le cosmos le reflet du visage invisible du Crateur, est porté à avoir un plus grand amour des créatures, une plus grande sensibilité à leur valeur symbolique », a affirmé le pape – non sans des accents franciscains -, en citant les psaumes et en soulignant la dimension « cosmique » de la fête de Noël.

Il rappelle ce qu’il entend, dans son message par « écologie humaine » et le « lien très étroit entre respect de l’homme et sauvegarde de la création », diagnostiquant que la « culture qui tend vers un nihilisme pratique, sinon théorique » en fait « payer les conséquences » à la nature (cf. Enc. Caritas in veritate, 51).

Le pape « renouvelle » son « appel à investir dans l’éducation, en proposant comme objectif, outre la nécessaire transmission de notions techniques et scientifiques, une « responsabilité écologique » plus ample et plus approfondie, fondée sur le respect de l’homme et de ses droits et de ses devoirs fondamentaux. »

C’est, conclut le pape, la condition pour qu’un « engagement pour l’
environnement » devienne « éducation à la paix et construction de la paix ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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