Liberté et réciprocité à la base du dialogue entre les religions

Interview du cardinal Jean-Louis Tauran dans L’Osservatore Romano

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ROME, Jeudi 7 Janvier 2010 (ZENIT.org) – Le cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a déploré « le manque de compréhension » entre les religions, soulignant l’importance d’une meilleure « connaissance mutuelle ».

Dans une interview accordée à L’Osservatore Romano, le haut prélat français a évoqué les difficultés du dialogue entre les religions, s’arrêtant sur la « question des musulmans européens ».

« Il faut avant tout considérer la difficulté, pour la culture islamique, de la confrontation avec un contexte comme celui européen, où il y a une distinction nette entre Etat et religion, et donc entre les lois de l’Etat et les préceptes religieux », a-t-il affirmé.

« Les musulmans sont conscients que, vivant en Europe, ils doivent chercher à s’intégrer le plus possible dans la société et dans la culture européenne ». De leur côté, « les Européens ont le devoir de s’approcher de la culture musulmane pour apprendre à la connaître », a-t-il insisté. « Je dirais donc que la chose principale à faire, en ce moment, est la connaissance mutuelle ».

Par ailleurs, le cardinal Tauran a déploré le « sentiment de peur » vis-à-vis de l’islam. « L’ignorance est la mère de toutes les dérives, et bien souvent, elle est la cause de nombreuses incompréhensions. Il faudrait d’abord connaître, s’informer, chercher à comprendre ».

Il a également insisté sur l’importance, pour les chrétiens comme pour les juifs et les musulmans, de pouvoir disposer de lieux de culte. « Nous ne pouvons tolérer que nos lieux de culte soient réduits, dans certains pays musulmans, à de simples musées », a-t-il affirmé. « C’est un droit qui devrait être définitivement reconnu par les législations de toutes les sociétés, sans distinction ».

Dans cette interview, le président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a également évoqué le forum christiano-musulman organisé en 2008 à Rome, qui a mis en avant « une meilleure connaissance réciproque, des relations de confiance, mais surtout la conviction que nous pouvons faire beaucoup de choses ensemble ».

« Malheureusement, une partie importante de la presse arabe a ignoré la rencontre de Rome et ses très bons résultats », a-t-il regretté. « Il est donc difficile de connaître le niveau de pénétration du message ».

Evoquant enfin le prochain synode pour le Moyen-Orient prévu pour 2010, il a estimé que ce serait « une assemblée à teneur éminemment pastorale ». « Elle sera en mesure de suggérer des lignes pastorales, des orientations et des instruments valables pour aider les chrétiens du Moyen-Orient à vivre et à témoigner de leur foi en restant sur leurs terres ». Mais « il serait insensé d’attendre du Synode une solution politique pour la vie en commun entre israéliens et palestiniens », a-t-il conclu.

Marine Soreau

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ZENIT Staff

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