Vietnam : Les catholiques refusent la création d’une zone urbaine écologique

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ROME, Dimanche 14 mars 2010 (ZENIT.org) – A Côn Dâu, la trêve du Nouvel An lunaire n’aura duré que quelques semaines. Depuis le 4 mars dernier, la campagne de persuasion musclée des autorités municipales de Danang auprès des paroissiens a repris de plus belle. Elle vise à récupérer les quelque 100 hectares de terrains (cultivés et habités) de la paroisse au profit d’une nouvelle zone urbaine « écologique ». D’après les informations transmises par VietCatholic news le 10 mars 2010, la plus récente intervention date du 9 mars. Elle a été effectuée par le secrétaire général du Parti communiste de Danang en personne, Nguyên Ba Thanh, a annoncé « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris.

Celui-ci, accompagné de cadres et d’agents de la Sécurité, est venu, en début d’après-midi, rencontrer le curé de la paroisse, le P. Emmanuel Nguyên Tân Luc. Il lui a demandé de conseiller à ses fidèles, dans sa prédication, de consentir à l’expertise et à la vente de leurs terres. Le prêtre a répondu que ses fonctions pastorales consistaient à commenter la parole de Dieu et à orienter la conduite morale de ses fidèles. Achats et ventes de terres ne le concernaient pas. Le ton se serait alors élevé. Le secrétaire du Parti aurait déclaré que de toute façon, dès le mois d’avril, les bulldozers feraient leur travail, les terres appartenant à l’Etat et les paysans n’en ayant qu’un droit d’usage.

Quatre jours plus tôt, dans la soirée du 4 mars, les autorités municipales avaient repris la campagne entamée fin janvier et interrompue par le Nouvel An. Elles ont tenté une fois de plus de faire revenir les paroissiens sur leur refus de vendre leurs terres. Deux versions de cette tentative ont été publiées. L’une a paru, le vendredi 5 mars, en première page du journal officiel de la ville de Danang (Bao Da Nang) (1), l’autre a été mise en ligne, dans la matinée du 6 mars, sur le site de l’agence VietCatholic  News (2) et semble avoir été rédigée par un témoin direct des faits, qui signe Song Ngoc.

Selon ce dernier témoignage, le 4 mars aux alentours de 18 h, le secrétaire du Parti communiste Nguyên Ba Thanh, accompagné d’une centaine d’agents de la Sécurité et de cadres, s’est présenté au « tô » 20 (division administrative) du hameau de Côn Dâu. Le groupe s’est installé dans la maison de l’ancien président du Conseil paroissial, ayant déjà accepté l’expertise et la vente de ses biens. La population du « tô » 20 a été convoquée pour y débattre des problèmes en cours. Selon le témoignage, personne n’a répondu à cette invitation. Le groupe des autorités a passé la nuit sur place. Dans la matinée du lendemain, les agents chargés de l’expertise se sont répandus dans le quartier, mais ils n’ont trouvé que des portes fermées, les propriétaires des maisons s’étant tous absentés. L’opération s’est effectuée sous forte présence policière, les lignes téléphoniques et Internet étant coupés. Dans la matinée du samedi, les effectifs de la police, déjà importants, ont été renforcés. Selon le témoin, dans la soirée, les autorités n’avaient pu recueillir aucun accord de la population qui refuse de vendre les terres héritées des ancêtres et évite les contacts avec les agents municipaux.

Le journal de Danang présente une version des faits qui a peu de rapport avec l’offensive décrite ci-dessus. Le secrétaire du Parti communiste de Danang, dont on ne dit pas qu’il était accompagné, aurait convoqué une réunion des habitants du « tô » 20 du hameau de Con Dâu dans la soirée du 4 mars. Ceux-ci, contrairement à ce qu’affirme le récit cité plus haut, seraient venus débattre de la réquisition de leurs terres avec le responsable communiste. Un certain nombre d’entre eux n’auraient pas encore compris le sens du projet en cours et n’auraient pas encore pris de décision. D’autres se sont montrés insatisfaits de l’indemnisation proposée. En réponse à ces préoccupations, Nguyên Ba Thanh a multiplié les arguments en faveur de son projet et a tenté de persuader ses auditeurs qu’ils faisaient une bonne affaire. En conclusion, il a annoncé que les travaux de démolition commenceraient au mois de mai.

Le projet de nouvelle zone urbaine écologique de la municipalité de Danang prévoit la récupération de 438 ha dans le district de Hoa Xuan (arrondissement de Cam Lê), dont une centaine appartient à la paroisse de Côn Dâu. Le projet devrait provoquer le déplacement de 10 000 personnes. Deux mille d’entre elles sont des fidèles de la paroisse de Côn Dâu. Ceux-ci, malgré de très nombreuses réunions et rencontres avec le secrétaire du Parti communiste de la ville, refusent dans leur majorité de se séparer de leurs terres et de leur paroisse. Seules dix des 400 familles de la paroisse ont donné leur accord.

C’est le 24 janvier dernier que des agents municipaux et du personnel de la Sécurité ont entamé une campagne de persuasion dans la paroisse (3). Ils ont tenté sans succès de faire pression sur la population pour qu’elle accepte le projet d’urbanisation. Une lettre ouverte signée des fidèles avait alerté l’opinion internationale. Le dimanche suivant, l’évêque de Danang, Mgr Joseph Châu Ngoc Tri, était venu célébrer la messe dans la paroisse et, dans un communiqué publié peu après (4), avait tenté de calmer les esprits et de présenter une vue objective et apaisée du conflit actuel. Il avait souligné qu’il ne s’agissait pas d’un conflit concernant la liberté religieuse et avait mis en garde contre des informations ne tenant pas compte de l’ensemble des éléments en jeu.

(1)           On pourra trouver cet article en vietnamien à l’adresse : http://www.baodanang.vn/vn/chinhtrixahoi/29641/index.htmlce

(2)           http://vietcatholic.net/News/Html/77623.htm.

(3)           Voir EDA 523

(4)           Communiqué paru sur le site du diocèse de Danang : http://giaophandanang.org/

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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